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Un démon déguisé en vieille dame s’installe dans une pension de famille des années 20 pour capturer l’âme de ses occupants…
STITCHES
2001 – USA
Réalisé par Neal Marshall Stevens
Avec Elizabeth Ince, Robert Donavan, Kaycee Shank, Lindy Bryant, Marc Newburger, Alex Peabody, Debra Mayer, Maggie Rose Fleck, Marsy Blasgen
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND
Stitches est le premier long-métrage réalisé par Neal Marshall Stevens, un scénariste stakhanoviste ayant signé des tonnes de scripts pour les productions Charles Band, généralement sous le pseudonyme de Benjamin Carr (Zarkorr ! The Invader, Le Cerveau de la famille, Hideous, The Creeps, Shriek, Le Retour des Puppet Master, Talisman, Frankenstein Reborn, The Killer Eye…). Le scénario qu’il écrit pour Stitches est au départ destiné au film Witchouse, mais son metteur en scène, David DeCoteau, préfère changer de cap et adopter un autre récit, plus conforme à ce qu’il a en tête (en gros une imitation de Night of the Demons). Charles Band n’étant pas du genre à jeter ce qui pourrait toujours servir, il propose donc à Stevens de récupérer le script non utilisé pour son premier film en tant que réalisateur. Ainsi naît Stitches, dont le titre pourrait être traduit par « Points de suture ». D’où une phrase d’accroche sur-mesure sur la jaquette du film lors de sa distribution en France : « L’horreur cousue main ». La séquence d’introduction se situe dans un décor infernal enfumé où pendouillent des bouts de cadavres ensanglantés et où un démon brièvement aperçu s’adonne à des travaux de couture avec de la chair humaine pour pouvoir adopter un déguisement qui lui permettra de passer inaperçu : une vieille dame bien sous tous rapports répondant au nom de Madame Albright (Elizabeth Ince).
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Cette dame, à qui on donnerait le bon dieu sans confession, s’installe dans une pension de famille des années 20 tenue par Madame Grove (Lindy Bryant). Elle y découvre les autres occupants des lieux : l’agent d’assurances Robert Delaney et son épouse Ellen (Alex Peabody et Debra Mayer), la très timide Miss Lester (Kaycee Shank), l’étudiant Will Reynolds (Marc Newburger), le retraité Sam Gray (Robert Donavan) et l’employée maladroite Kathryn (Maggie Rose Fleck). Lorsqu’elle arrive, la discussion dans le petit salon tourne autour de l’existence présumée du diable. Ça ne peut pas mieux tomber. En effet, Madame Albright a pour mission d’utiliser tous les maléfices à sa disposition pour capturer l’âme des occupants et les emprisonner dans son « livre de souvenirs »…
Hot couture
Pour mener à bien ses sinistres besognes, notre démone est capable de changer d’apparence à loisir, peut déplacer les objets à distance et utilise une boulette de papier-espion qui arbore un visage grimaçant. Son mode opératoire est toujours le même : elle promet aux pensionnaires de les aider à exaucer leurs vœux les plus intimes (répondre à des questions métaphysiques, apprendre à lire, guérir d’une blessure mortelle, échapper à la police). En échange, elle récupère la peau de ses victimes qu’elle étire pour en faire du fil qu’elle enroule dans les bobines de sa machine à coudre. Des effets numériques passables visualisent cet étrange phénomène qui tombe un peu comme un cheveu dans la soupe au beau milieu de ce huis-clos par ailleurs économe en effets spectaculaires. Chaque âme capturée habite ensuite une poupée en papier qui vient orner sa collection diabolique. Une première version du scénario envisageait plutôt des poupées en chiffon, mais il était préférable d’éviter une redite après Ragdoll. Construit sur un rythme lent, ce petit film élégant à défaut d’être particulièrement passionnant s’appuie beaucoup sur la prestation d’Elizabeth Ince, parfaite dans le registre de la duplicité et de la fausse affabilité. Sous ses allures de Cluedo mâtiné d’un soupçon d’Agatha Christie, Stitches se révèle finalement bien plus réussi que le balourd Witchouse.
© Gilles Penso
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