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Dans cette fausse suite, une jeune apprentie-mannequin qui cherche à faire carrière à New York tombe dans un piège redoutable…
I SPIT ON YOUR GRAVE 2
2013 – USA
Réalisé par Steven R. Monroe
Avec Jemma Dallender, Joe Absolom, Yavor Baharov, George Zlatarev, Mary Stockley, Valentine Pelka, Aleksandar Aeksiev, Peter Silverleaf, Michael Dixon
THEMA TUEURS I SAGA I SPIT ON YOUR GRAVE
Particulièrement apprécié malgré – ou à cause de – son caractère sulfureux et profondément dérangeant, I Spit on your Grave de Steven R. Monroe, remake d’un classique du cinéma d’exploitation des années 70, poussa logiquement les producteurs de Cinetel Films et les distributeurs d’Anchor Bay à plancher sur une suite. Mais il aura fallu près d’un an pour aboutir à un scénario qui tienne la route. « L’histoire a été très difficile à trouver », raconte Monroe. « Les producteurs avaient une idée de ce qu’ils voulaient faire lorsque je suis arrivé, mais il restait encore beaucoup de chemin à parcourir. Il y a eu de nombreuses et très longues tables rondes créatives avant que nous ayons une ébauche acceptable. Il y avait eu un autre concept que nous avons fini par mettre au rebut, parce qu’il n’allait nulle part et me paraissait totalement irréaliste. » (1) Pour que la franchise possède une certaine cohérence, Monroe tient à conserver la même approche esthétique et à s’appuyer toujours sur la même mécanique scénaristique du « rape and revenge », tout en poussant un cran plus loin la violence et la brutalité. Pour autant, I Spit on your Grave 2 n’est pas à proprement parler une suite mais plutôt une variante sur le même thème, dans la mesure où aucun personnage ne relie les deux films.
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Ce second opus se distingue déjà par un changement radical de décor. La campagne de l’Amérique profonde cède le pas à un cadre urbain et la dynamique s’en trouve inversée. Au lieu d’une citadine s’échappant dans la nature (comme dans I Spit on your Grave premier du nom et son remake), nous découvrons ici une provinciale qui cherche à se faire une place dans la cité. La jeune Katie Carter a en effet quitté les fermes du Missouri pour tenter sa chance dans le mannequinat à New York. Elle vit dans un petit appartement mal insonorisé et gagne sa vie comme serveuse en attendant son heure de gloire. Le book qu’elle a constitué est jugé comme un peu trop « amateur » par ceux à qui elle le présente, mais faire appel à un photographe professionnel n’est financièrement pas à sa portée. Aussi, lorsqu’elle tombe sur une petite annonce proposant des séances photo gratuites, Katie y voit naïvement une aubaine. Le studio photo dans lequel elle se rend, installé dans le sous-sol d’un petit immeuble newyorkais, n’est guère engageant. Connaissant le principe narratif des deux films précédents, le spectateur imagine aisément la tournure dramatique que vont prendre les choses. Le scénario réserve tout de même un certain nombre de rebondissements inattendus. D’autant qu’ici, le sujet de la traite des blanches, du trafic humain et de l’esclavage sexuel organisé vient se greffer à l’intrigue.
D’entre les morts
Conformément aux codes déjà établis par Meir Zarchi puis Steven R. Monroe, la descente aux enfers que vit la protagoniste est lente, pénible et éprouvante. Difficile pour autant de dire si elle sert un quelconque propos féministe, social ou politique, ou si elle se contente de donner au public avide de sensations fortes ce qu’il attend, en s’aventurant parfois sur le même terrain qu’Hostel d’Eli Roth. On note qu’ici, la toxicité n’est pas l’unique apanage des hommes, même si elle reste majoritairement masculine. Contrairement au film précédent, qui s’éloignait provisoirement du destin de la protagoniste pour la faire ensuite ressurgir d’entre les morts, ce second opus ne lâche pas d’une semelle son infortunée héroïne, donnant à sa résurrection une tournure quasiment christique. D’où le détournement d’un certain nombre de symboles religieux, de l’église orthodoxe au petit crucifix en passant par la mise en exergue de la phrase « À moi la vengeance » issue de l’Ancien Testament. Une fois ressurgie des sous-sols crasseux où elle croupissait – métaphore à peine voilée de l’Enfer -, Katie entame la vengeance tant attendue, retournant contre chacune de ses victimes les arguments qu’elles s’amusaient à débiter lorsqu’elle subissait les pires sévices. Comme toujours, l’implication physique et émotionnelle de l’actrice principale – ici la remarquable Jemma Dallender – reste très impressionnante et laisse imaginer des conditions de tournage pas toujours simples. Fort du succès de cette variante, I Spit on your Grave 3 sera produit deux ans plus tard.
(1) Extrait d’une interview parue dans The Movie Sleuth en septembre 2013
© Gilles Penso
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