HORRORVISION (2001)

Une entité diabolique a pris le contrôle d’un site internet pour capturer ceux qui le visitent et semer le chaos dans le monde…

HORRORVISION

 

2001 – USA

 

Réalisé par Danny Draven

 

Avec Brinke Stevens, Len Cordova, Maggie Rose Fleck, Michelle Mellgren, David Bartholomew Greathouse, Jeff Scaduto, Brandon Mercer, Del Howison

 

THEMA ROBOTS I SAGA CHARLES BAND

Contrairement à ce que son titre pourrait faire croire, Horrorvision n’est pas une suite de Terrorvision mais plutôt une tentative maladroite de la part du producteur Charles Band de surfer sur le succès de Matrix. Band développe le projet en 1999, d’abord sous le titre Fear.com, avec l’intention de le réaliser lui-même, puis le rebaptise et le confie finalement à J.R. Bookwalter, qui est censé s’y attaquer juste après le tournage de Witchouse 2. Mais Bookwalter préfère refiler le bébé à un tout jeune réalisateur de 21 ans dont ce sera le premier film : Danny Draven. Très motivé malgré le fossé vertigineux creusé entre l’ambition du film et les moyens à sa disposition, Draven décide de tout filmer en vidéo au format DVCam, sans autorisation, au cours d’un tournage marathon de 12 jours. Le concept d’Horrorvision est intéressant : Dez (Len Cordova) et Toni (Brinke Stevens) arrondissent leurs fins de mois en diffusant sur Internet du contenu porno déviant. Mais bientôt, Toni disparaît sans laisser de trace, tout comme Dazzy (Maggie Rose Fleck), la petite-amie de Dez. Une entité maléfique s’est en effet emparée du web pour se nourrir des âmes humaines en les exposant au redoutable site « Horrorvision.com »…

Horrorvision ne manque pas d’éléments attrayants, en particulier le bestiaire cyberpunk qu’il met en scène furtivement. On s’amuse donc avec cette boule métallique qui se matérialise dans les airs (version roulante de celle de Phantasm) avant de se transformer en robot insectoïde multipattes qui attaque ses victimes en les lacérant. Le film révèle aussi à mi-parcours une sorte d’homme-tronc démoniaque aux allures de djinn biomécanique à la peau couverte de veines, dont le crâne et les mains se prolongent par des câbles et des circuits, et dont l’activité principale consiste à télécharger des gens sur ses CD en ricanant. Quant au climax, il exhibe un monstre cybernétique relativement impressionnant – sauf dans les plans larges qui lui donnent les allures d’un super-vilain échappé d’un épisode de Bioman ! Ces apparitions réjouissantes, ainsi qu’une poignée de séquences sous influence manifeste de Tetsuo (Brinke Stevens est attaquée chez elle par des fils électriques, Len Cordova voit des câbles qui surgissent de son entrejambes), sont les passages les plus intéressants du film.

Wild Wild Web

Malheureusement, ces petites fulgurances sont très exceptionnelles. Car la grande majorité du métrage ne raconte rien, fait intervenir comme un cheveu sur la soupe un personnage incarné par James Black qui se prend pour Lawrence Fishburne dans Matrix (grand manteau noir, regard lointain, phrases énigmatiques), se perd dans de longs dialogues inutiles (dont l’un bourré de références à Star Wars) et surtout gaspille d’innombrables minutes avec des séquences de trajets en voiture dans les quartiers les plus laids de Los Angeles, montées comme des clips sur du mauvais rock indépendant. « Je pense qu’Horrorvision aurait fait un très bon film de quarante minutes sans ces montages vidéo musicaux ridicules », avoue le réalisateur. « Je n’avais pas le choix, nous devions respecter une durée de soixante-douze minutes ou nous n’avions pas de film. Lorsque nous avons monté la première version, nous nous sommes rendu compte qu’il ne durait que cinquante minutes et que nous devions trouver un moyen de l’allonger, alors nous avons fait des clips ! Et j’ai détesté ça. » (1) C’est d’autant plus dommage que Danny Draven montre là un intéressant potentiel et que son acteur principal – dont le physique n’est pas sans rappeler le jeune Robert De Niro – aurait pu nous convaincre s’il avait quelque chose à défendre. Mais en l’état, Horrorvision est un film prodigieusement ennuyeux.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso

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