COMPANION (2025)

Trois couples se retrouvent dans une cabane au milieu des bois. La situation semble paisible, mais les choses ne tardent pas à dégénérer…

COMPANION

 

2025 – USA

 

Réalisé par Drew Hancock

 

Avec Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage, Megan Suri, Harvey Guillen, Rupert Friend, Jaboukie Young-White, Matt McCarthy, Marc Menchaca

 

THEMA ROBOTS

Après avoir marqué les esprits grâce à son premier long-métrage Barbare, Zach Cregger envisage de mettre en scène Companion, écrit par son ami Drew Hancock, scénariste et réalisateur pour la télévision depuis une vingtaine d’années. Réflexion faite, Cregger préfère produire le film et laisser à Hancock le soin de le diriger lui-même. Et si Companion n’a finalement aucun lien direct avec Barbare, un point commun les unit tout de même : dans les deux cas, mieux vaut ne rien savoir du film avant de le regarder pour préserver les multiples surprises que réserve le scénario. On se perd d’ailleurs en conjectures sur la nature de Companion. Est-ce un thriller ? Un film noir ? Un film d’horreur ? Un film de science-fiction ? Une comédie ? C’est volontairement que ce premier long-métrage échappe à toutes les étiquettes, même si l’intention initiale de Drew Hancock était de se lancer dans un pur film de genre. C’est au fur et à mesure de l’écriture que la juste tonalité s’est imposée, quitte à balayer les codes traditionnels ou du moins à les réorganiser sous un jour inhabituel. « Je vois surtout le film comme un drame relationnel », explique l’auteur/réalisateur. « C’est le cœur de l’intrigue. C’est l’histoire d’une rupture, celle d’une femme qui fait face à une relation toxique et tire sa force de la découverte de soi. » (1)

Le film met en scène Sophie Thatcher (Heretic) et Jack Quaid (The Boys) dans le rôle d’Iris et Josh, un couple qui part en week-end dans une maison isolée au bord d’un lac pour y rencontrer leur amie Kat, le couple Eli et Patrick, ainsi que Sergey, le petit ami de Kat qui est propriétaire de la maison. Voilà pour le point de départ. La tonalité est légère, détendue, guillerette même, ce qui n’empêche pas certaines tensions sous-jacentes d’affleurer. Nous n’en dirons pas plus sur l’intrigue, mais ce qui suit risque de révéler quelques points clés. Pour éviter tout spoiler, mieux vaut donc passer au paragraphe suivant. De nombreux indices liés à la véritable nature d’Iris jalonnent le récit dès l’entame, mais ce n’est qu’au bout de 24 minutes de métrage que son statut de robot est ouvertement révélé. Là où l’on aurait pu attendre un schéma narratif classique dénonçant les travers de l’intelligence artificielle et les dangers encours par l’humanité face à un androïde qui deviendrait autonome et prendrait des initiatives, Hancock a la bonne idée d’inverser le processus pour placer la thématique sur un autre plan. Son questionnement est donc le suivant : et si, à force d’être assistés par des machines intelligentes, nous en devenions les esclavagistes, quitte à développer de nouveaux comportements abusifs et immoraux sous prétexte que nous en sommes les « maîtres » ?

Imprévisible

L’atout majeur de Companion est sa capacité à sans cesse rebondir d’une péripétie à l’autre sans jamais laisser aux spectateurs la possibilité de savoir où les emmènera cette intrigue décidément insaisissable. La première surprise est loin d’être la plus importante, dans la mesure où la campagne marketing du film – y compris son poster – a largement laissé deviner au public « le pot-aux-roses ». C’est la suite qui est intéressante, car elle est révélatrice des comportements, des faiblesses et des bassesses, tout en nous interrogeant sur notre propre humanité. Précise, fine mais jamais excessivement maniérée (ç’aurait pu être l’un de ses travers), la mise en scène de Drew Hancock sert à merveille ce récit rocambolesque et laisse toute la latitude nécessaire aux acteurs pour s’exprimer pleinement. À ce titre, les prestations savoureuses de Sophie Thatcher et Jack Quaid emportent immédiatement le morceau et permettent aux spectateurs de s’attacher à eux pour mieux être désarçonnés quelques séquences plus tard. Companion réussit même à éviter le piège dans lequel tombait Barbare lors de son dernier acte – un climax grandguignolesque et peu crédible – pour conserver jusqu’au bout sa cohérence et sa fraîcheur.

 

(1) Extrait d’un entretien publié sur FlickDirect en février 2025

 

© Gilles Penso

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