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Dans ce biopic de Robbie Williams surréaliste et excentrique, la pop star est remplacée… par un chimpanzé !
BETTER MAN
2024 – GB / USA / CHINE / FRANCE / AUSTRALIE
Réalisé par Michael Gracey
Avec Robbie Williams, Jonno Davies, Steve Pemberton, Alison Steadman, Kate Mulvany, Frazer Hadfield, Damon Herriman, Raechelle Banno, Tom Budge
THEMA SINGES
« Je me suis toujours senti moins évolué que les autres », avouait Robbie Williams au moment de la sortie de Better Man (1). De là à développer l’idée d’un film qui retrace sa carrière en remplaçant son personnage par un singe, il y a tout de même un fossé que la superstar s’est empressée de franchir avec la bénédiction de son réalisateur Michael Gracey, signataire du très remarqué The Greatest Showman. « J’aime ce qui est excentrique, insolite et surréaliste, et ça m’a paru totalement logique lorsque Michael me l’a proposé. Je doute que ce film ait autant fait parler de lui sans la présence du singe » (2) Effectivement, ce biopic serait probablement passé inaperçu s’il s’était contenté d’emprunter une voie plus traditionnelle, d’autant que sa mise en chantier peut à priori sembler un peu présomptueuse. Après tout, Williams n’a que 51 ans. Sa carrière, si prestigieuse soit-elle, méritait-elle qu’un film entier s’y consacre ? Ça ne tombait pas sous le sens. Il était bien sûr très difficile de convaincre un grand studio de se lancer dans un pari aussi fou. Le financement de Better Man aura donc été assuré par des acheteurs indépendants du monde entier sollicités par la société de vente Rocket Science avant que Paramount n’accepte finalement de l’acquérir et de le distribuer. Pour le meilleur et pour le pire…
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Pour construire le film, Michael Gracey utilise de nombreux entretiens qu’il a réalisés avec Williams pendant un an et demi dans son studio d’enregistrement de Los Angeles. Ces interviews servent non seulement à établir la structure du récit mais aussi à le nourrir d’une voix off spontanée et vivante – celle de la star elle-même. Le parti-pris de Better Man est de couvrir trois décennies de la vie de Williams, depuis ses débuts dans le boys band Take That jusqu’aux sommets de sa carrière solo, en passant par de nombreuses périodes de crises et d’incertitudes. Gracey reconstitue donc l’Angleterre des années 80, 90 et 2000 et sollicite Jonno Davies – équipé d’une combinaison de performance capture – pour incarner le chanteur. Les artistes de Weta Digital sont ensuite chargés de transformer l’acteur en singe, ce qui lui donne quelques airs de familles avec le jeune Cesar de La Planète des singes : les origines. Ce primate est clairement une vue de l’esprit, puisque tous les autres personnages du film sont humains et se comportent sans jamais se référer au caractère simiesque du héros.
Bête de scène
Ce projet atypique, qui pourrait passer de prime abord pour un ego trip à 110 millions de dollars, est en réalité plus complexe qu’il n’y paraît. Car si la trame narrative suit assez sagement celle d’un biopic classique, voire d’un documentaire (impression renforcée par la voix off de Robbie Williams qui nous guide pas à pas au fil de son parcours), le recours aux codes de la comédie musicale pour traduire les pensées et les tourments du héros, ainsi que la virtuosité fulgurante de plusieurs morceaux de bravoure (le clip en plan-séquence dans la rue sur la chanson « Rock DJ », la séquence de l’accident de voiture), transportent le film dans une autre dimension. Le choix de remplacer la star par un animal anthropomorphe, quant à lui, ne se contente pas de colorer bizarrement l’histoire mais lui donne presque les allures d’un conte de fées déviant, une sorte de Disney trash avec alcool, sexe et drogue. Better Man est donc un objet filmique définitivement « autre », une sorte de docu-fiction lyrique combiné avec un épisode de La Planète des singes. Mais il s’agit aussi d’une introspection restituant bien les incertitudes, le manque de confiance en soi, la lente dépression et les pulsions autodestructrices de Williams. En ce sens, le film prend presque les atours d’une séance de psychanalyse. Better Man était décidément trop insaisissable pour plaire. D’où ses résultats catastrophiques au box-office. Il n’en demeure pas moins que sa démarche reste surprenante, touchante, déstabilisante… et surtout sacrément culottée.
(1) Extrait d’une interview parue dans Variety en décembre 2024.
(2) Extrait d’une interview diffusée sur The One Show en décembre 2024.
© Gilles Penso
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