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Une étudiante accepte de servir d’assistante à un professeur spécialisé dans l’étude des singes sans se douter que la situation va virer au cauchemar…
LINK
1986 – GB
Réalisé par Richard Franklin
Avec Elizabeth Shue, Terence Stamp, Steven Pinner, Richard Garnett, David O’Hara, Kevin Lloyd, Joe Belcher, Daisy Ashford, Geoffrey Beevers
THEMA SINGES
Richard Franklin est l’un des cinéastes importants de la « Ozploitation », ayant contribué comme ses confrères Peter Weir, George Miller ou Russell Mulcahy à faire découvrir le cinéma de genre australien au reste du monde. En 1979, alors qu’il a terminé Patrick et qu’il planche déjà sur Déviation mortelle, Franklin met une option sur un scénario qui ressemble, selon ses propres dires, à une sorte de « Dents de la mer avec des chimpanzés ». Lorsque son scénariste attitré Everett de Roche lui montre un article du National Geographic décrivant les actes de sauvagerie perpétrés par certains singes se livrant à des guerres intertribales et pratiquant même le cannibalisme, son intérêt augmente considérablement. Désireux de faire produire ce film en Australie, Franklin est stoppé dans son élan par deux longs-métrages que lui propose de réaliser Universal Pictures sur le sol américain : Psychose 2 et Jouer c’est tuer. Ce n’est qu’au milieu des années 80 qu’il peut remettre son film de singes sur le tapis. Thorn EMI accepte de le produire en conseillant fortement au réalisateur d’utiliser des hommes déguisés en singes, comme dans Greystoke, pour faciliter le tournage. Mais Franklin n’y tient pas. Link s’inscrit dans un cadre réaliste qui nécessite selon lui l’emploi de véritables primates.
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Link est un chimpanzé tout à fait remarquable. Autrefois attraction-vedette dans un cirque, il est aujourd’hui le plus intelligent des sujets pour le docteur Philipp Stevens (Terence Stamp, impeccable en scientifique pédant, misanthrope et solitaire), un anthropologue passionné, qui enseigne à l’Académie des Sciences de Londres et vient de recruter une jeune étudiante, Jane Chase (Elizabeth Shue, découverte deux ans plus tôt dans Karate Kid), pour lui servir d’assistante. Jane est plutôt surprise quand elle entre dans ce grand manoir de bord de mer où Link joue les majordomes en smoking. Et c’est sa présence, justement, qui va perturber insensiblement ce monde clos où trois singes vivaient en harmonie avec l’homme. Ce qui s’annonçait comme une passionnante expérience scientifique va bientôt se muer en traque sauvage où tous les coups seront permis…
Le chaînon manquant
« Malin comme un singe, meurtrier comme un homme » était l’accroche qui ornait à l’époque les posters du film, signifiant bien le positionnement du primate comme chaînon manquant entre les deux espèces. Son nom Link n’a évidemment pas été choisi au hasard. Il faut saluer le travail impressionnant du dresseur Ray Berwick, grâce auquel le chimpanzé vedette (en réalité un orang-outang maquillé pour les besoins du film) nous semble terriblement humain, l’intelligence de son regard nous effrayant au moins autant que son anthropomorphisme. Le jeu des contrastes s’invite par ailleurs très tôt dans le film, notamment l’opposition de la sauvagerie des chimpanzés avec la rigidité de la vieille Angleterre, mais aussi le paradoxe que représente le professeur Stevens, dont la sophistication apparente masque des instincts primaires. « Vous savez cuisiner et faire le ménage ? » demande-t-il spontanément à Jane. « Je suppose qu’en tant que femme, c’est inscrit dans mes gènes » lui répond-elle du tac au tac en brocardant des clichés sexistes tenaces. La plupart du temps seule à l’écran avec les singes, Elizabeth Shue livre ici une excellente performance, même si l’on peut s’étonner que son personnage mette autant de temps à mesurer la gravité de la situation et le danger dans lequel elle se trouve. En pleine période d’expérimentations électroniques, le compositeur Jerry Goldsmith mêle pour les besoins du film l’orchestre et les synthétiseurs, reprenant les motifs de la fanfare d’un cirque avec une dynamique qui évoque beaucoup la bande originale de Gremlins. Présenté en première mondiale au Festival du film fantastique d’Avoriaz en janvier 1986, Link y reçoit le prix spécial du jury mais n’est pas le succès escompté en salle, annulant le projet d’un film sur un thème voisin que Richard Franklin avait en tête.
© Gilles Penso
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