On prend – presque - les mêmes et on recommence, mais la formule miracle du premier film s’est éventée, hélas…
LES VISITEURS 2 : LES COULOIRS DU TEMPS
1998 – FRANCE
Réalisé par Jean-Marie Poiré
Avec Christian Clavier, Jean Reno, Muriel Robin, Marie-Anne Chazel, Christian Bujeau, Claire Nadeau, Jean-Luc Caron, Philippe Nahon, Patrick Burgel
THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA LES VISITEURS
Le succès sans précédent des Visiteurs ne pouvait évidemment pas rester sans suite. Après le navrant Les Anges gardiens, Jean-Marie Poiré et Christian Clavier s’attellent donc à ce nouvel opus en respectant des règles très hollywoodiennes : plus de budget, plus d’effets spéciaux, plus d’actions, plus de rebondissements… et un scénario quasi-similaire, pour ne pas trop dépayser le spectateur. Clavier, Jean Réno, Marie-Anne Chazel et Christian Bujeau reprennent donc leurs personnages là où Les Visiteurs les avaient laissés. Petite différence tout de même : Valérie Lemercier refuse de réendosser le double rôle de Béatrice/Frénégonde. « Le scénario me plaisait moins que le premier », avoue l’actrice. « Alors, pourquoi refaire la même chose en moins bien ? Vous savez, on accepte parfois de faire un film sans trop savoir ce qu’il peut donner. Mais là, franchement, je ne le sentais pas… La suite ne m’a pas donné tort. » (1) C’est finalement Muriel Robin qui prend le relais. L’idée est pour le moins incongrue, car on a beau apprécier les talents de la comédienne rompue à l’art du one woman show, comment ne pas être embarrassé par son affligeant numéro qui consiste à singer sans l’once d’une finesse la prestation de Lemercier dans l’opus précédent ? Pourquoi diable Poiré n’a-t-il pas offert à Muriel Robin un autre rôle, ce qui eut été mille fois plus logique ? Hélas, ce choix est loin d’être la seule faute de goût de cette séquelle.
Le comte Godefroy de Montmirail (Jean Reno) est enfin parvenu à retourner dans son époque, convaincu d’avoir ramené avec lui son fidèle écuyer, Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier). Il croit également avoir évité le meurtre de son futur beau-père, le duc Fulbert de Pouille (Philippe Nahon). En réalité, Jacquouille, séduit par les plaisirs de la vie au vingtième siècle, a échangé sa place avec son descendant, Jacques-Henri Jacquart, qu’il a envoyé au Moyen Âge. De son côté, Godefroy célèbre son mariage avec Frénégonde (Muriel Robin). Mais les festivités sont brutalement interrompues par l’arrivée furieuse du duc Fulbert, qui dénonce la disparition soudaine de ses bijoux, dont une précieuse relique : « La dentelette de Sainte Rolande ». Le responsable du vol n’est autre que Jacquouille, qui avait dissimulé ces bijoux dans une cachette lors des funérailles du duc avant son voyage dans le temps, afin de les récupérer plus tard au 20ème siècle. Pour pouvoir épouser Frénégonde, Godefroy se voit contraint de mener l’enquête et de retrouver les bijoux et la relique disparus…
Le charme est rompu
Plus que jamais, le Jean-Marie Poiré qui sut nous offrir le désopilant Père Noël est une ordure et l’irrésistible Mes meilleurs copains nous manque cruellement. L’homme se repose ici sur ses acquis, jugeant bon de jouer la carte de l’accumulation en espérant ainsi annihiler les sens du public. Puisque les spectateurs semblent avoir aimé les ingrédients des Visiteurs, le cinéaste multiplie les gros plans déformés par le grand angle, les faux raccords, les effets de montage hystériques, les effets spéciaux numériques voyants, les cris et les hurlements, comme s’il suffisait de tripler la dose d’un bon cocktail pour en retrouver la saveur. Même si la pauvre Muriel Robin n’avait pas été contrainte de singer sans conviction le jeu de Lemercier, Les Visiteurs 2 se serait tout de même noyé dans ses propres excès. Dès les premières minutes, le constat est hélas sans appel : le charme est rompu. Quelques gags surnagent certes ici et là, Clavier continue à nous arracher un ou deux sourires (ajoutant à son double rôle de Jacquouille et Jacquart deux autres trublions, Prosper le purineur et Jacquouillet), mais le cœur n’y est plus. Le succès est certes au rendez-vous dans les salles de cinéma mais le concept a de toute évidence atteint ses limites. Poiré reviendra pourtant à la charge à deux autres reprises, avec le remake américain Les Visiteurs en Amérique en 2001 et la suite tardive Les Visiteurs : la révolution en 2016.
© Gilles Penso
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