Deux sœurs sorcières interprétées par Sandra Bullock et Nicole Kidman découvrent le côté incontrôlable de leurs pouvoirs magiques…
PRACTICAL MAGIC
1998 – USA
Réalisé par Griffin Dunne
Avec Sandra Bullock, Nicole Kidman, Aidan Quinn, Stockard Channing, Dianne Wiest, Goran Visnjic, Evan Rachel Wood, Alexandra Artrip, Mark Feuerstein
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
Les Ensorceleuses est le second long-métrage de Griffin Dunne. L’acteur irrésistible d’After Hours et du Loup-garou de Londres passa en effet à la mise en scène au milieu des années 90, d’abord avec le téléfilm Duck of Groove et l’un des sketches de Four Tales of Two Cities, puis avec la comédie romantique Addicted to Love qui mettait en scène Matthew Broderick, Meg Ryan et Kelly Preston. Pour Les Ensorceleuses, il s’inspire très librement du roman Practical Magic d’Alice Hoffman, une écrivaine spécialisée dans la littérature destinée aux adolescents et aux jeunes adultes. Face à sa caméra, deux stars alors extrêmement populaires (Sandra Bullock et Nicole Kidman) nous jouent ici une variante soft et romantique des Sorcières d’Eastwick saupoudrée d’un peu de Ma sorcière bien aimée et d’une pincée de Ma femme est une sorcière. Au cours du prologue, nous apprenons que Maria Owens (Caprice Benedetti), accusée de sorcellerie par des villageois superstitieux et colériques du 17ème siècle, lance un sort pour se protéger. Mais ce geste déclenche une terrible malédiction. Désormais, tous les hommes qui épouseront les femmes de sa descendance seront condamnés à trouver une mort prématurée.
La suite nous propulse à la fin des années 90. Sally (Sandra Bullock) et Gillian (Nicole Kidman), lointaines filleules de Maria Owens, sont deux sœurs que tout oppose. La première est une femme sage et réservée, mère de deux enfants et vendeuse de plantes médicinales qui fait tout pour mener une vie normale. La seconde est impulsive, délurée et très extravertie, multipliant les conquêtes et profitant de la vie avec légèreté. Le lien qui les unit reste fort malgré la distance qui les sépare, mais un imprévu va les réunir à nouveau et réveiller leurs dons. Gillian s’est en effet embarquée dans une relation passionnée avec un homme toxique, Jimmy Angelo (Goran Visnjic), qui devient violent et la retient contre son gré. Les deux sœurs recourent alors à la magie pour résoudre la situation, mais leur manque d’expérience tourne à la catastrophe. C’est là qu’intervient l’inspecteur Gary Hallett (Aidan Quinn), venu enquêter sur Jimmy…
Entre drame et guimauve
La présence de Sandra Bullock est toujours réjouissante, et la prestation à contre-emploi de Nicole Kidman s’avère délectable, l’ex-Madame Tom Cruise s’amusant visiblement dans son rôle pétillant et exubérant, loin des personnages froids et distants auxquels elle nous avait habitués. L’alchimie entre les deux actrices fonctionne très bien, même si le réalisateur aura toutes les peines du monde à synchroniser leurs deux prestations. Bullock est en effet adepte d’un nombre de prises minimal pour conserver sa spontanéité, alors que Kidman a tendance à les multiplier sans cesse, sans doute influencée par son travail avec Stanley Kubrick sur Eyes Wide Shut. Ce décalage n’est pourtant pas visible à l’écran. Le problème des Ensorceleuses est ailleurs. L’intrigue met en effet énormément de temps à s’installer, Griffin Dunne s’avérant incapable de rendre justice au texte pétillant du roman original, enchaînant les saynètes anecdotiques sans parvenir à captiver ses spectateurs. Lorsque le récit rebondit enfin à mi-parcours, c’est pour mettre à jour un autre travers du film : son incapacité à trouver le ton juste. Alors que Dunne et ses scénaristes ont en tête une histoire relativement sombre, les cadres de Warner Bros veulent beaucoup plus de légèreté. Résultat : Les Ensorceleuses oscille sans cesse entre le drame et la guimauve et ne nous convainc finalement qu’à moitié. C’est d’autant plus dommage que le potentiel du film – agrémenté d’un casting franchement attrayant – était très prometteur.
© Gilles Penso
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