Et si la solution, pour sauver la planète et lutter contre la surpopulation, était la miniaturisation des êtres humains ?
DOWNSIZING
2017 – USA
Réalisé par Alexander Payne
Avec Matt Damon, Christoph Waltz, Hong Chau, Kristen Wiig, Rolf Lassgård, Ingjerd Egeberg, Udo Kier, Søren Pilmark, Jason Sudeikis, Maribeth Monroe
THEMA NAINS ET GÉANTS
Dès son premier long-métrage Citizen Ruth, avec Laura Dern dans le rôle principal, Alexander Payne attire l’attention de la critique et de la profession qui admirent son style et son univers, à mi-chemin entre la comédie satirique et le drame contemporain. Ses films suivants (L’Arriviste, Monsieur Schmidt, Sideways, The Descendants, Nebraska) creusent un sillon voisin et lui valent bon nombre de nominations et de récompenses. Voir Payne se lancer dans une grande fresque de science-fiction avec Downsizing peut surprendre, dans la mesure où ce genre lui est à priori étranger (même si l’homme a tout de même co-écrit en 2001 le scénario de Jurassic Park 3 pour Joe Johnston). Ce projet lui tient pourtant particulièrement à cœur. Il le développe avec son partenaire d’écriture Jim Taylor dès 2005, mais le film ne se concrétise finalement qu’une décennie plus tard. Étant donnée son ambition visuelle, Downsizing est le long-métrage le plus coûteux de son réalisateur (son budget est estimé entre 68 et 74 millions de dollars). Paramount Pictures entre dans la danse, et après un petit jeu des chaises musicales lié à l’attribution des personnages principaux (les noms de Reese Whitherspoon, Paul Giamatti, Sacha Baron Cohen, Alec Baldwin sont évoqués tour à tour), Matt Damon hérite du premier rôle et Kristen Wiig de celui de son épouse.
Pour lutter contre la surpopulation et le réchauffement climatique, le scientifique norvégien Jørgen Asbjørnsen (Rolf Lassgård) a mis au point un procédé révolutionnaire appelé le « downsizing ». Ce processus irréversible réduit la taille des êtres humains à environ 12 cm, diminuant ainsi leur consommation de ressources et leurs déchets. Les premiers essais, menés sur un groupe de volontaires, s’avèrent concluants, et cinq ans plus tard, les résultats présentés lors d’une conférence suscitent une immense fascination mondiale. Dix ans après cette découverte, Paul et Audrey Safranek (Matt Damon et Kristen Wiig), un couple d’Omaha confronté à des difficultés financières, envisagent de changer de vie. Lors d’une réunion d’anciens élèves, ils rencontrent un couple d’amis ayant adopté le downsizing. Ces derniers insistent sur un avantage inattendu : l’argent a bien plus de valeur dans ce mode de vie miniature. Intrigués, Paul et Audrey visitent Leisureland, une communauté prospère dédiée aux petites personnes, où ils réalisent qu’ils pourraient s’offrir un mode de vie luxueux. Séduits par cette opportunité, ils décident de franchir le pas et de se soumettre au processus…
Chérie, j’ai rétréci le script !
Le point de départ de Downsizing est à la fois original et très intriguant, d’autant qu’il détourne un motif connu du cinéma fantastique (décliné dans des œuvres aussi variées que L’Homme qui rétrécit, Le Voyage fantastique, Chérie j’ai rétréci les gosses ou L’Aventure intérieure) pour l’intégrer dans un contexte très réaliste. Ici, le processus de la miniaturisation est non seulement justifié par des préoccupations environnementales très tangibles, mais également mis en scène dans un cadre plausible nous donnant l’aperçu de ce que pourrait vraiment donner une population réduite de quinze fois sa taille. Le problème, c’est qu’une fois le contexte mis en place et l’intrigue amorcée sur cette base, le film se perd dans les méandres d’un scénario qui ne sait plus trop où aller. Le potentiel d’un tel concept était pourtant énorme, tant dans le domaine de la satire sociale que dans celui de la comédie de situation, de l’aventure fantastique, de la fable de science-fiction ou même du film catastrophe. Or si une infinité d’idées sont amorcées (les coulisses peu reluisantes de ce « meilleur des mondes » miniature, les trafics illicites que génère la diminution de taille, les dangers de la confrontation avec des insectes, les risques imminents de l’extinction de l’humanité), aucune d’entre elles n’est exploitée, Payne se contentant de mettre en scène des personnages inutiles (à quoi servent Christopher Waltz et Udo Kier dans ce film ?) ou horripilants (la prestation caricaturale de Hong Chau est très embarrassante) en laissant sur le bas-côté un Matt Damon qui semble sans cesse à la traine. L’échec cuisant de Downsizing au box-office confirmera ce sentiment de belle opportunité gâchée.
© Gilles Penso
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