DEADGIRL (2008)

En pleine école buissonnière, deux lycéens s’aventurent dans un hôpital abandonné et y découvrent le corps enchaîné d’une jeune fille…

DEADGIRL

 

2008 – USA

 

Réalisé par Michael Sarmiento et Gadi Harel

 

Avec Shiloh Fernandez, Noah Segan, Candice Accola, Andrew DiPalma, Michael Bowen, Jenny Spain

 

THEMA ZOMBIES

Deadgirl a bien failli être un film Troma. Son scénariste Trent Haaga, ayant longtemps œuvré pour la compagnie de Lloyd Kaufman, se tourna naturellement vers les producteurs du Toxic Avenger. Mais ces derniers, pourtant peu réputés pour leur frilosité, n’osèrent pas se lancer dans un film aux thématiques si déviantes. Deadgirl est donc finalement produit par Hollywoodmade, une éphémère compagnie de production basée à Los Angeles dont ce sera le seul fait d’arme notable. Les deux réalisateurs du film, l’Américain Michael Sarmiento et l’Israélien Gadi Harel, collaborent ici pour la première fois et accordent leurs violons autour d’un film au sujet très délicat. Auparavant, les deux hommes s’étaient illustrés séparément dans le domaine de la comédie, Harel avec Opération Midnight Climax (2002) et Sarmiento avec Toi, moi… et mon chien (2007). Or si l’humour affleure aussi dans Deadgirl, ce n’est pas le moteur principal de cette chronique lycéenne malsaine virant au film d’horreur pur et dur. Comme décor principal, les deux cinéastes choisissent un souterrain que les fantasticophiles connaissent déjà. « C’est là qu’a été tournée la mort de Freddy Krueger », nous confie Michael Sarmiento. « Des tas de films ont été tournés là-bas. Avec l’aide de notre chef opérateur, nous nous sommes efforcés d’aborder cet endroit sous un nouvel angle. » (1)

Deux lycéens, Rickie et J.T., décident de sécher les cours et partent explorer un vieil hôpital désaffecté. Dans les tunnels du sous-sol, ils découvrent avec stupeur une pièce où une femme entièrement nue est enchaînée sur une table. Elle semble morte, mais pourtant une vie mécanique l’anime encore. Aussitôt, J.T. décide de profiter de la situation pour abuser de la jeune femme, ce que Rickie refuse catégoriquement. Alors que l’un – révélant des instincts brutaux et primitifs – n’hésite pas une seule seconde à l’idée de faire de cette proie trop facile une esclave sexuelle, l’autre – dont le cœur bat pour une lycéenne avec qui il a échangé un baiser – ne veut rien savoir. Ce choix moral va sérieusement mettre à l’épreuve l’amitié jusqu’alors solide des deux garçons. Evidemment, les choses se compliquent lorsqu’ils découvrent que cette inconnue en tenue d’Eve est un zombie.

La morte-vivante

Voilà donc une variante inattendue autour d’un thème qui a pourtant déjà été accomodé à toutes les sauces. « Assez tôt, nous avons décidé de ne pas utiliser le mot zombie, pour éviter que les gens n’aillent voir le film avec des idées préconçues sur ce genre de film », explique Sarmiento. « En réalité, la fille n’est qu’un prétexte, un catalyseur permettant de savoir quels choix vont faire les deux teenagers, des choix qui détermineront le genre d’adultes qu’ils deviendront. » (2) En effet, Deadgirl soulève plusieurs questions morales intéressantes liées moins aux morts-vivants – ou même à la nécrophilie – qu’au positionnement des adolescents avec leur propre sexualité et aux dérives perverses qui peuvent en découler en cas de perte de contrôle. Lorsque la pulsion l’emporte sur la raison, rien ne va plus, semble vouloir nous dire Deadgirl. Projeté avec succès dans de nombreux festivals autour du monde, le film fut brocardé par un certain nombre de spectateurs ayant sans doute compris son message de travers, y voyant une incitation à la prédation sexuelle et au viol. Lors de sa discrète sortie en salles sur le territoire américain, il fut classé R (« restricted ») pour « sexualité aberrante, nudité graphique, violence sanglante et langage grossier ». Rien que ça !

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2009

 

© Gilles Penso


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