Un troisième épisode parfaitement dispensable dans lequel Tony Todd assure le service minimum au fil d'une intrigue sans surprise…
CANDYMAN, DAY OF THE DEAD
1999 – USA
Réalisé par Turi Meyer
Avec Tony Todd, Donna D’Errico, Jesu Garcia, Alexia Robinson, Mark Adair-Rios, Lupe Ontiveros, Elizabeth Guber
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CANDYMAN
La franchise Candyman s’était déjà épuisée au cours du deuxième épisode. Mais dans le monde merveilleux hollywoodien, l’appât du gain est généralement plus fort que la démarche artistique. D’où ce troisième opus, directement exploité en vidéo et parfaitement dénué d’intérêt dans la mesure où il calque la majeure partie de son intrigue sur celle du premier film de la série et ne laisse donc aucune place à la surprise ou l’innovation. Derrière la caméra, le téléaste Turi Meyer signe une mise en scène carrée et anonyme, sans odeur ni saveur, entravé dans ses mouvements par des producteurs qui réduisent le budget au minimum (environ un million de dollars à peine) et le contraignent à des délais de tournage impossibles. En désespoir de cause, Meyer compte visiblement beaucoup sur la photogénie de son actrice principale pour combler les lacunes du script. Il faut dire que celle-ci est gironde, puisqu’il s’agit de la playmate Donna D’Errico, l’une des sirènes à la poitrine hypertrophiée d’Alerte à Malibu.
D’Errico incarne ici Caroline, l’arrière-arrière-petite-fille de Daniel Robitaille, ancien peintre de talent devenu le redoutable démon Candyman après avoir été torturé et tué par une horde de blancs jaloux et racistes. Le soir du vernissage des œuvres de son ancêtre, Caroline se prête au jeu publicitaire et ose prononcer cinq fois « Candyman » devant un miroir. La suite est tellement prévisible qu’elle surprend presque par son manque d’audace. Le tueur au crochet surgit donc régulièrement et tue tous les proches de Caroline, qui se retrouve aussitôt accusée des meurtres puisque personne d’autre qu’elle n’a vu le croquemitaine. Coproducteur du film, Tony Todd assure ici le service minimum, répétant inlassablement les deux mêmes phrases tout au long du film, autrement dit « Donne-toi à moi ! » et « Sois ma victime ! ». Turi Meyer use jusqu’à la corde des effets censés faire sursauter le public, et chaque apparition du Candyman est ruinée par le jeu catastrophique de Donna D’Errico, incapable d’exprimer la moindre épouvante.
Fin de série
Même la bande originale se prive du thème envoûtant composé par Philip Glass, dont la production n’a plus les droits. Adam Gorgoni compose donc une musique de remplacement beaucoup moins atmosphérique. Que reste-t-il à sauver de Candyman 3 ? Principalement quelques idées visuelles issues des hallucinations de Caroline, comme ce jaune d’œuf où grandit progressivement une tache de sang jusqu’à ce qu’une abeille n’en surgisse en très gros plan. Quant à l’astuce scénaristique qui permet à Caroline de se débarrasser enfin du démon récidiviste, elle laisse rêveur : il lui suffit de déchirer à coups de crochets l’autoportrait peint de Daniel Robitaille… Pourquoi pas ? A ce stade du calvaire, on est prêt à accepter n’importe quoi pour que le film s’arrête… Contrairement aux deux premiers opus, celui-ci aura été exploité directement en vidéo sans passer par la case de la salle de cinéma. Quelques années plus tard, lorsque Lionsgate évoquera – après le succès de Freddy contre Jason – la possibilité d’un crossover entre la saga Candyman et la franchise Leprechaun, Tony Todd refusera catégoriquement, de peur de ridiculiser encore plus son personnage. La série s’arrêtera donc là… jusqu’à la séquelle tardive de 2021.
© Gilles Penso
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