La veille de Noël, un tueur masqué tout de blanc vêtu massacre à tour de bras dans une petite ville américaine. Mais une adolescente s’oppose à lui…
IT’S A WONDERFUL KNIFE
2023 – USA / GB / CANADA
Réalisé par Tyler MacIntyre
Avec Jane Widdop, Joel McHale, Justin Long, Jess McLeod, Katharine Isabelle, Aiden Howard, Erin Boyes, Sean Depner, Zenia Marshall, Jason Fernandes
THEMA TUEURS I MONDES VIRTUELS ET PARALLÈLES
Après Freaky, qui s’amusait à combiner les codes du slasher avec un concept emprunté à Freaky Friday, le scénariste Michael Kennedy poursuit ses détournements des figures imposées par Scream. Ici, il s’agit de reprendre le principe narratif de La Vie est belle, d’où un titre original savoureux qui, s’il n’est pas inédit – un court-métrage de 2014 s’appelait déjà It’s a Wonderful Knife -, a le mérite de jouer habilement sur les mots et d’assumer sa source d’inspiration principale en remplaçant le mot « life » (« vie ») par « knife » (« couteau »). Évidemment, une telle astuce est intraduisible en français. Les distributeurs de chez nous optent donc pour le très fadasse Un Noël sans fin qui lorgne maladroitement vers Un jour sans fin, un choix discutable puisqu’il n’est pas ici question de boucle temporelle mais plutôt de monde parallèle. Un Noël sans fin servait d’ailleurs déjà de titre français à un téléfilm de 2013 (Pete’s Christmas) et à un film de 2022 (Christmas on Repeat). Il serait donc temps de se creuser les méninges pour trouver autre chose ! La réalisation de ce neo-slasher sur fond de fêtes de fins d’années est confiée à Tyler MacIntyre, qui avait signé une poignée de films d’horreur indépendants (Patchwork, Tragedy Girls, Good Boy) et un segment de l’anthologie V/H/S 99. Il est également scénariste de Five Night at Freddy’s, ce qui n’est pas forcément bon signe.
Le film se déroule dans la petite ville d’Angel Falls (clin d’œil au Bedford Falls de Frank Capra) dans laquelle un entrepreneur cupide, Henry Waters (Justin Long, le teint excessivement halé et les dents éclatantes), cherche à accroitre son empire en poussant les habitants à vendre leurs commerces et leurs maisons pour faire bâtir des centres commerciaux et des complexes industriels. Son associé, David Carruthers (Joel McHale), l’accompagne de mauvaise grâce dans ses actions hostiles. Cet équilibre déjà fragile vole en éclat la veille de Noël lorsqu’un tueur masqué, habillé tout en blanc comme l’ange qui sert de symbole à la ville, se met à massacrer tous ceux qui passent à sa portée. Seule une adolescente, Winnie Carruthers (Jane Widdop), la fille de David, semble capable de l’arrêter. Mais ses actes vont avoir des conséquences particulièrement inattendues. Une aurore boréale qui semble venue de nulle part va en effet la plonger au cœur d’un phénomène spatio-temporel inexplicable…
Horror boréale
S’il fallait rapprocher la mécanique narrative d’Un Noël sans fin d’un autre film, ce serait moins de l’irrésistible comédie à répétition d’Harold Ramis que du chapitre central de Retour vers le futur 2, dans lequel Marty McFly se retrouvait propulsé dans des années 80 alternatives où il perdait tous ses repères. À l’avenant, Winnie découvre sa ville sous un autre angle, dans une réalité où elle n’existe pas et où Henry Waters est devenu un maire dictatorial tout puissant. Quant au tueur « angélique », il est plus actif que jamais. Comme le James Stewart de La Vie est belle, notre héroïne constate à quoi ressemblerait le monde sans elle. La référence est non seulement présente dans le jeu de mot du titre mais aussi à travers plusieurs répliques du film qui font allusion à George Bailey et Clarence (le protagoniste humain et l’ange de chez Capra). Malgré la relative violence de ses meurtres, Un Noël sans fin tend plus vers la comédie que l’horreur (le cinéma local affiche un film imaginaire qui s’appelle I Know What you Did Last Christmas) et se veut dans l’air du temps, affirmant ostensiblement un positionnement « gay friendly ». Si le scénario de Michael Kennedy offre son lot de surprises, il faut bien reconnaître que l’intrigue finit par patiner, faute de péripéties intéressantes, avant de s’acheminer vers un climax bizarre muant tous les habitants en zombies, jusqu’à cet épilogue mièvre qui nous laisse sur notre faim. Un tel concept aurait certainement mérité un peu plus d’audace, de folie et d’impertinence.
© Gilles Penso
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