Un soir, cinq ados visitent un musée des horreurs itinérant dont le directeur, un nain mystérieux, propose d’exaucer leurs désirs les plus chers…
SIDESHOW
2000 – USA
Réalisé par Fred Olen Ray
Avec Jamie Martz, Michael Amos, Scott McCann, Jessi Keenan, Phil Fondacaro, Jeana Blackman, Peter Spellos, Luigi Francis Shorty Rossi, Curran Sympson
THEMA FREAKS I SAGA CHARLES BAND
Fred Olen Ray a toujours été fasciné par les spectacles itinérants de forains, que son père l’emmenait visiter dans l’Ohio quand il avait une dizaine d’années. « J’adorais l’ambiance qui y régnait, où tout le monde semblait se connaître, comme une seule et même famille », se souvient-il. « Je m’y sentais à l’aise, comme chez moi. J’adorais particulièrement ces tentes qui exhibaient des aberrations de la nature. Je découvrirais bien plus tard qu’il s’agissait en fait de spectacles d’illusions auxquels collaboraient même parfois des stars hollywoodiennes des effets spéciaux. » (1) Entre deux films, Olen Ray aura même l’occasion de monter lui-même quelques attractions de ce type (notamment avec un « homme alligator » et une « femme électrique » incarnée par sa propre épouse !) et de consacrer un livre complet sur le sujet. Il est donc le candidat idéal pour réaliser Sideshow, que lui propose le producteur Charles Band au tout début des années 2000. Mais il n’est pas simple pour lui de rendre correctement justice à ces « freakshows » qu’il aime tant à cause des conditions précaires dans lesquelles il doit travailler : 120 000 dollars de budget et six jours de tournage dans un lieu unique. Si le résultat est loin d’être grandiose, force est d’admettre que chaque centime est à l’écran et qu’Olen Ray a tiré parti du mieux qu’il pouvait du potentiel de son script.
Caricaturaux en diable et interprétés par des jeunes comédiens pas follement convaincants, les cinq protagonistes de Sideshow n’aident pas facilement à entrer dans le film. Il s’agit de deux couples et du jeune frère de l’un d’eux, cloué sur un fauteuil roulant, qui visitent une fête foraine itinérante abritant des « spécimens uniques ». Dès leur arrivée, nos cinq amis rencontrent une diseuse de bonne aventure (Brinke Stevens, une habituée des films de Fred Olen Ray) qui leur révèle ce que leur avenir leur réserve. Mais ses propos sont tellement nébuleux qu’il n’est pas simple de comprendre ce qui se glisse derrière ses prophéties. Prochaine étape : la visite du chapiteau du docteur Graves (Phil Fondacaro), un « Monsieur Loyal » au bagout inversement proportionnel à sa taille qui s’apprête à leur présenter une série de freaks tous plus bizarres les uns que les autres. S’agit-il d’erreurs de la nature bien réelles ou de trucs d’illusionniste ? Nos cinq héros ne vont pas tarder à le découvrir à leurs dépens…
La foire aux monstres
Si le concept de Sideshow évoque tour à tour Massacres dans le train fantôme, La Foire des ténèbres et Freaks, il place ses ambitions beaucoup moins haut que ses illustres prédécesseurs. Olen Ray se contente en effet d’exploiter le décor pittoresque de son film pour en tirer une succession de séquences insolites et horrifiques sans chercher à révolutionner le genre. Comment pourrait-il en être autrement, sachant que l’équipe de tournage doit mettre en boîte chaque nuit quinze pages de scénario ? Pas le temps de faire dans le détail ! L’un des aspects techniques du film ralentit tout de même considérablement le rythme des prises de vues, mais c’est un élément essentiel. Il s’agit du travail de Gabe Bartalos, chargé des effets spéciaux. Après s’être distingué dans les films de Frank Hennelotter (Frère de sang, Elmer le remue-méninges), il gratifie Sideshow d’une faune hétéroclite, notamment un homme-insecte visqueux, un hercule de foire taciturne avec un visage grimaçant à la place du ventre, une bimbo qui se baigne dans de l’acide digestif gluant, une strip-teaseuse qui s’arrache la peau pour révéler l’intérieur de son anatomie, une femme sans visage ou encore un mutant mi-homme mi-oiseau. Toutes ces créations, conçues à l’aide de prothèses et de marionnettes, sont les attractions principales du film… sa seule raison d’être, serait-on même tentés de dire, malgré l’abattage toujours savoureux de Phil Fondacaro, fidèle membre de la troupe de Charles Band.
(1) Propos extraits du livre « Fred Olen Ray : il était une fois à Hollywood » de Damien Granger (2023).
© Gilles Penso
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