Cinq amis se retrouvent dans une geôle abandonnée depuis des siècles et réveillent involontairement trois bourreaux zombies…
PRISON OF THE DEAD
2000 – USA
Réalisé par David DeCoteau
Avec Patrick Flood, Jeff Peterson, Sam Page, Kim Ryan, Alicia Arden, Michael Guerin, Debra Mayer, Claudiu Trandafir, Constantin Barbulescu, Mac Fyfe
THEMA ZOMBIES I SAGA CHARLES BAND
Pour Charles Band, Prison of the Dead marque la fin d’une époque, puisque c’est le dernier film tourné sur les plateaux de Castel Film Romania de Bucarest, où le fructueux producteur a pris ses habitudes depuis près d’une décennie. Le décor de prison désaffectée dans lequel se déroule cette minuscule série B d’épouvante présente la particularité d’avoir accueilli quelques semaines plus tôt les prises de vues d’un long-métrage beaucoup plus argenté, en l’occurrence Highlander Endgame de Doug Aarniokoski. L’idée originale de Prison of the Dead est développée par le réalisateur David DeCoteau et le scénariste Matthew Jason Walsh sous le titre de travail Creepies. Au départ, c’est Dave Parker (Les Morts haïssent les vivants) qui est envisagé pour le scénario et la mise en scène. Mais Charles Band ne lui laisse qu’un petit mois pour écrire et préparer, ce qui lui semble beaucoup trop court. DeCoteau, habitué aux préparatifs et aux tournages express, le remplace donc au pied levé en se cachant derrière l’un de ses nombreux pseudonymes, en l’occurrence Victoria Sloan. Le budget de Prison of the Dead est tellement serré qu’aucun compositeur n’est engagé pour signer la bande originale, DeCoteau se débrouillant avec des bouts de musique écrits par David Bryan pour La Main des ténèbres.
Kristof St. Pierce (Patrick Flood), un jeune homme riche et excentrique, invite ses anciens amis de lycée — Allie (Kim Ryan), Bill (Jeff Peterson) et Michele (Debra Mayer) — à se réunir sous le prétexte de l’enterrement de leur ami Calvin (Sam Page). Le groupe, passionné par les phénomènes paranormaux, se retrouve dans un funérarium construit sur les ruines d’une ancienne prison utilisée pour torturer et exécuter des sorcières au 17e siècle. Les trois invités apprennent qu’ils sont en réalité là pour un concours organisé par le père de Kristof, lequel offre une prime d’un million de dollars à ceux qui prouveraient l’existence de la mythique « Tallon Key », une clé légendaire ouvrant une porte abritant des secrets anciens. Pour compliquer un peu les choses, trois autres anciens camarades de lycée, Rory (Michael Guerin), Jeff (Mac Fyfe) et Kat (Alicia Arden), viennent en cachette pour leur jouer un mauvais tour en réponse aux frasques de Kristof. Les choses prennent une tournure affolante lorsqu’une séance de Ouija réveille accidentellement les cadavres de trois bourreaux animés soudain par une envie furieuse de massacrer tous ceux qui croiseront leur chemin…
"Eurotrash"
Hélas, comme souvent chez David DeCoteau, les personnages n’ont pas une once de crédibilité. Leur comportement, leurs dialogues, leurs relations, rien ne sonne juste. Et même si les jeunes acteurs s’efforcent de réciter leurs répliques avec un maximum de conviction, bien malin sera celui qui comprendra de quoi le scénario de Matthew Jason Walsh veut nous parler. De possessions diaboliques ? De fantômes ? De zombies ? Prison of the Dead a tout de même un atout parfaitement assumé par le réalisateur : son envie d’émuler les films d’horreur espagnols. « J’apprécie beaucoup les films d’exploitation étrangers, comme La Révolte des morts-vivants et ses suites, qui ont cette fameuse qualité “Eurotrash“ », avoue DeCoteau. « Chaque fois que je le peux, notamment dans les films que je réalise en Roumanie, j’essaie d’incorporer cette atmosphère. » (1) Effectivement, il est difficile de ne pas penser aux zombies de la saga des Templiers d’Amando de Ossorio lorsque ces bourreaux enterrés depuis des siècles émergent au ralenti de la terre qui les ensevelissait. Le visage squelettique, le corps recouvert d’une bure élimée, les mains armées d’armes blanches, ils errent dans les ruines très photogéniques du Castel Studio que DeCoteau ponctue d’éclairs, fidèle à son habitude de « cacher la misère » et de combler les vides avec une ambiance orageuse (comme dans Witchouse ou Totem). C’est sans conteste l’aspect le plus intéressant du film. Pour le reste, Prison of the Dead est vite vu/vite oublié, comme la grande majorité des films Full Moon de l’époque.
(1) Extrait d’une interview publiée dans Bright Lights Film Journal en août 1999.
© Gilles Penso
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