LES SÉVICES DE DRACULA (1971)

Peter Cushing affronte deux jumelles maléfiques dans cette histoire de vampire qui, malgré son titre français, n’a rien à voir avec Dracula…

TWINS OF EVIL

 

1971 – GB

 

Réalisé par John Hough

 

Avec Peter Cushing, Dennis Price, Mary Collinson, Madeleine Collinson, Isobel Black, Kathleen Byron, Damien Thomas, David Warbeck, Katya Wyeth

 

THEMA VAMPIRES

Au début des années 70, alors que la Hammer s’apprête à lancer les préparatifs d’un film provisoirement titré Vampire Virgins (« Les vierges vampires »), le producteur Harry Fine découvre dans une double page du magazine Playboy les sœurs jumelles Mary et Madeleine Collinson et prend la décision de concevoir un film entier autour de ces deux jeunes femmes. Ainsi naît Twins of Evil (littéralement « Les jumelles du mal »), dont l’intrigue se situe au 19ème siècle, quelque part en Europe. Pour des raisons pratiques et économiques, le film utilise les mêmes décors que Le Cirque des vampires, distribué un an plus tard. Les Collinson incarnent deux ravissantes sœurs jumelles orphelines, Maria et Frieda Gellhorn, qui quittent Venise pour venir s’installer chez leur oncle Gustav Weil (Peter Cushing). Celui-ci, un puritain exalté, dirige d’une poigne de fer une secte religieuse qui traque partout ceux qui sont soupçonnés de pactiser avec le démon et les soumet à une mort brutale. Mais le véritable instigateur du mal, le comte Karnstein (Damien Thomas), lui échappe. Et bientôt, l’une des deux nièces de Weil se laisse tenter par le malin…

Futur réalisateur attitré du studio Disney (L’île au trésor, La Montagne ensorcelée, Les Visiteurs d’un autre monde, Les Yeux de la forêt) mais aussi signataire de films d’épouvante singuliers (La Maison des damnés, Incubus), John Hough fait démarrer Les Sévices de Dracula sur des chapeaux de roue. En une poignée de minutes, il nous décrit la folie fanatique du personnage incarné par Peter Cushing, à la tête d’une cavalcade de « chevaliers du bien » érigeant un bûcher pour occire une malheureuse accusée de sorcellerie. Ses battues aléatoires, qui semblent plus motivées par la frustration sexuelle que par une supposée croisade divine, sont-elles plus louables que les rites sanglants auxquels s’adonne pour le plaisir le maléfique comte Karnstein, émule lubrique du marquis de Sade ? Difficile à dire. Le refus d’un manichéisme trop tranché n’est pas l’un des moindres atouts de ce film sulfureux témoignant à travers ses écarts érotiques de la tournure prise par les films Hammer au début des années 70.

La fin d’une trilogie ?

 « A quoi bon pencher pour le bien si cela signifie chanter des hymnes et prier toute la journée ? », s’exclame ainsi l’impertinente Frieda, peu insensible aux charmes de Karnstein. Bien entendu, le titre français est gentiment mensonger, puisque Dracula n’a pas sa place dans ce récit qui se laisse plus volontiers influencer par la nouvelle Carmilla de Sheridan le Fanu, déjà source d’inspiration de The Vampire Lovers et de La Soif du vampire. Ces trois films sont d’ailleurs souvent considérés comme les volets d’une même trilogie, même si aucune trame narrative directe ne les relie. Peu avares de leurs charmes, les sœurs Collinson tiennent ici leur premier rôle. Leur prestation est tout à fait honorable, même si elles seront finalement post-synchronisées par des comédiennes britanniques à cause de leur fort accent maltais. Le final de cette fable cruelle, qui fut exploitée aux États-Unis en double programme avec La Fille de Jack l’éventreur, accumule les visions choc et se laisse aller à quelques débordements gore surprenants. Une adaptation en bande-dessinée, illustrée par l’artiste catalan Blas Gallego, sera publiée dans la foulée de la sortie du film.

 

© Gilles Penso


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