HURLEMENTS 3 (1987)

Un scientifique découvre qu’une tribu de monstres mi-hommes mi-marsupiaux se cachent parmi nous depuis des siècles…

THE HOWLING 3 – THE MARSUPIALS

 

1987 – AUSTRALIE

 

Réalisé par Philippe Mora

 

Avec Imogen Annesley, Barry Otto, Max Fairchild, Dagmar Blahova, Lee Biolos, Ralph Cotterill, Frank Thring, Michael Pate, Jon Ewing, Barry Humphries

 

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA HURLEMENTS

Que pouvait-on espérer de Hurlements 3 après la débâcle de Hurlement 2 ? Était-il possible de faire pire ? La réponse est oui, hélas. Bien pire ! Le réalisateur Philippe Mora (signataire du sympathique Return of Captain Invincible et du foutraque Les Entrailles de l’enfer) parachève le massacre après un deuxième épisode calamiteux et nous offre un opus tellement mal-fichu qu’il se mue presque en cas d’école. Après un prologue situé en Australie en 1905, au cours duquel des indigènes posent fièrement à côté du fruit de leur chasse (un grand animal poilu indéterminé), l’intrigue nous transporte en Sibérie où un habitant est sauvagement attaqué par une créature hors-champ. Convoqué par le président des Etats-Unis (Michael Pate), le professeur Beckmeyer (Barry Otto) lui annonce alors très sérieusement que l’existence des lycanthropes est avérée. Nous changeons à nouveau de décor pour nous retrouver en pleine forêt australienne. Jerboa (Imogen Annesley), une jeune femme loup-garou, quitte sa tribu de sauvageons – son beau-père cherche à abuser d’elle en échange d’un walkman ! – et prend la fuite. Donny (Lee Biolos), l’assistant réalisateur d’un film d’horreur, la repère alors et lui propose un rôle. Mais de fausses religieuses aux canines acérées se lancent à ses trousses, prêtes à dévorer ceux qui se mettront sur leur chemin…

Le scénario de Hurlements 3 est ainsi fait, zappant sans logique d’une scène à l’autre – chacune s’avérant plus improbable que la précédente – sans spécialement chercher à donner un semblant de cohérence à l’ensemble. Le récit nous donne ainsi l’impression de s’improviser au fur et à mesure. Les acteurs ne savent visiblement pas ce qu’ils sont en train de faire, pas plus que le réalisateur. Certes, le film ne manque pas d’autodérision, nous montrant l’extrait d’un film imaginaire (It Came From Uranus avec une métamorphose de loup-garou excessive et grotesque), s’amusant avec la représentation des monstres sur le plateau de tournage d’un film d’horreur ringard (The Shapeshifter part 8) ou pendant une soirée costumée digne d’Halloween, se fendant de quelques dialogues référentiels (« Christopher Lee devrait apparaître dans un instant »). Mais lorsque les « vrais » loups-garous débarquent, ils n’en sont pas moins ridicules, notamment ces trois nonnes au museau proéminent qui grognent comme des cochons, ce gros marsupial velu qui surgit dans une chambre d’hôpital ou cette énorme tête de bestiau qui pénètre dans une tente (en réalité un accessoire récupéré du tournage de Razorback et vaguement remaquillé). Les effets spéciaux de Bob McCarron ne tiennent pas du tout la route et provoquent d’énormes éclats de rire involontaires.

L’attaque des kangourous-garous

Car tel est le paradoxe de Hurlements 3. Incapable de choisir sa tonalité, le film se veut parfois drôle (provoquant dans ces cas-là une réaction embarrassée et perplexe de la part des spectateurs), d’autres fois extrêmement sérieux (c’est là qu’il est le plus hilarant). L’origine des créatures du film reste extrêmement nébuleuse, attribuée selon les dialogues à un accouplement contre-nature entre un homme et une louve, à une tribu hantée par l’esprit du dernier diable de Tasmanie ou encore à une mutation génétique ayant entraîné le développement d’une nouvelle espèce. Tantôt marsupiaux, tantôt lupins, tantôt les deux (on s’y perd), tous ces lycanthropes s’agitent ainsi en dépit du bon sens, au sein d’un film particulièrement erratique. Quelques séquences surréalistes ponctuent le métrage, comme cette scène de cauchemar avec un accouchement façon Alien, cette ballerine qui se transforme en pleine répétition, la jeune héroïne qui met bas une petite bestiole et la protège dans sa poche ventrale de kangourou, une transformation hystérique en plein hôpital ou encore des militaires attaqués par un squelette de loup-garou. À vingt minutes de la fin, Hurlements 3 laisse traîner son épilogue jusqu’à épuisement, enchaînant les scènes de conclusion toutes plus inutiles les unes que les autres jusqu’à une chute grotesque qui fait écho à celle du premier Hurlements. Le comble, c’est que la « saga » ne s’arrêtera pas là. Cinq autres films suivront !

 

© Gilles Penso


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