Après avoir été violemment agressée et laissée pour morte, une infirmière pactise avec le diable pour pouvoir se venger…
HELL NURSE
2022 – USA
Réalisé par Bobby Blood
Avec Fiona Kennedy, Nailya Shakirova, Brad Stein, Garvin Lee, Julie Anne Prescott, Bradford Eckart, Lauren Blood, Dai Green, Dorie Knutson Nichols, Rachel Rigall
THEMA DIABLE ET DÉMONS
Derrière le pseudonyme de Bobby Blood se cache Bobby Ponte, connu des amateurs de musique punk, rap et métal en tant que batteur des groupes Merauder et Downset. Entre deux concerts, Ponte/Blood réalise des courts-métrages, des clips, des films à sketches et finalement un premier long-métrage, Hell Nurse. « Attention : ce film contient des visions extrêmes de violence, de nudité et de sang » annoncent certaines jaquettes du film, moins pour préserver les spectateurs sensibles que pour attiser la curiosité des autres, bien sûr. Le film se situe dans les années 70, plus précisément quelques semaines avant les événements décrits dans La Nuit des masques si l’on en croit les nombreux clins d’œil au slasher de John Carpenter (notamment la présence de la pierre tombale de Judith Myers dans le cimetière de Smith’s Grove). Le réalisateur tient d’ailleurs à consteller Hell Nurse de clins d’œil au cinéma qu’il aime, qu’il s’agisse du nom de certains personnages (Perkins pour Psychose, Carrie pour le classique de Brian de Palma), d’annonces radio (une publicité pour Un Justicier dans la ville s’entend en début de métrage) ou d’extraits diffusés à la télévision (L’Invasion des araignées géantes et La Malédiction).
Alors qu’elle étudie pour pouvoir devenir infirmière, Darla Perkins (Fiona Kennedy) arrondit ses fins de mois en s’occupant d’un sympathique couple de retraités, les Sinclair. Ces derniers, dont les occupations principales sont le backgammon et les soirées TV, la considèrent un peu comme un membre de leur famille. Mais un soir, trois repris de justice en cavale, Wayne (Brad Stein), Terry (Steve Miller) et Stacy (Rachel Rigall), s’invitent dans la maison, massacrent les Sinclair, violent Darla et la laissent pour morte. Or Darla a survécu. Recueillie dans l’institut psychiatrique de Shady Grove où elle partage sa chambre avec une pensionnaire passablement perturbée, elle quitte les lieux au bout d’un an, visiblement remise de son traumatisme, et commence à travailler comme infirmière assistante dans l’hôpital de Woody Pines. Mais un jour, elle tombe par hasard sur ses agresseurs et décide de prendre sa revanche. Pour y parvenir, Darla fait appel à un culte satanique…
Tripes and Blouses
Hell Nurse sent l’amateurisme à plein nez dès ses premières minutes. Une incrustation hideuse tente de nous faire croire que Darla conduit une voiture, les raccords sont ratés, les décors d’une pauvreté désarmante, les acteurs mauvais comme des cochons, la musique martelée sur un piano qui n’en demandait pas tant, bref ça commence très mal. Pour couronner le tout, l’intégralité des dialogues du film est très maladroitement post-synchronisée. Il y a bien ça et là quelques idées insolites (tous les produits de consommation étiquetés de manière générique avec leur nom écrit en noir sur blanc comme dans le monde achrome d’Invasion Los Angeles), quelques scènes macabres intéressantes (l’héroïne en robe blanche pendue à un arbre au milieu de la nuit, le prêtre satanique qui lui grave le signe du diable sur la poitrine) et une poignée de personnages singuliers (le prêtre lubrique qui met la main aux fesses des infirmières et se masturbe devant les patientes endormies !). Mais tout ça ne mène nulle part. Le spectateur se raccroche alors aux bonnes vieilles recettes du cinéma d’exploitation dont Hell Nurse semble vouloir se réclamer, comme en témoignent les effets de pellicule abîmée façon « grindhouse » : le sexe (via des plans insistants sur la poitrine généreuse de Fiona Kennedy) et le gore (une tête qui explose, une langue arrachée à pleines dents, un visage découpé façon Massacre à la tronçonneuse, un pénis tranché à la scie). Avec une mise en forme un peu plus soignée, le film aurait pu concourir dans la même catégorie que les Terrifier de Damien Leone. Mais le travail de Bobby Blood est beaucoup trop bâclé pour convaincre.
© Gilles Penso
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