DANGEREUSE ALLIANCE (1996)

Quatre lycéennes s’initient à la sorcellerie et s’entraînent à lancer des sorts. Mais la magie a des revers très inquiétants…

THE CRAFT

 

1996 – USA

 

Réalisé par Andrew Fleming

 

Avec Robin Tunney, Fairuza Balk, Neve Campbell, Rachel True, Skeet Ulrich, Christine Taylor, Breckin Meyer, Nathaniel Marston, Cliff De Young

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

C’est le producteur Douglas Wick (Wolf) et le scénariste Peter Filardi (L’Expérience interdite) qui sont à l’origine de Dangereuse alliance. Leur idée consiste à mêler deux éléments complémentaires : la création d’un cercle très fermé de lycéennes et l’initiation à la sorcellerie. Une fois un premier jet de scénario écrit, Andrew Fleming (Panics) est engagé pour mettre en scène le film. L’expérience combinée des trois hommes, ayant chacun abordé le genre fantastique sous un angle différent, semble pouvoir accoucher d’une œuvre novatrice et prometteuse. La quête des quatre actrices principales n’est pas simple. Après avoir auditionné près d’une centaine de jeunes candidates – parmi lesquelles Angelina Jolie, Scarlett Johansson et Alicia Silverstone -, le choix se porte finalement sur Robin Tunney, Rachel True, Fairuza Balk et Neve Campbell, tandis que Skeet Ulrich est choisi pour incarner un lycéen envoûté. Les spectateurs qui avaient découvert Fairuza Balk sous les traits de la mignonne Dorothy de OZ un monde extraordinaire s’étonneront de la retrouver dans la peau d’une sorcière au look gothique agressif. Quelques mois plus tard, elle allait réapparaître en femme-chat dans L’Île du docteur Moreau de John Frankenheimer. Neve Campbell et Skeet Ulrich, de leur côté, enchaîneront quasi-immédiatement le tournage de Dangereuse alliance avec celui de Scream.

Sarah Bailey (Robin Tunney), une adolescente perturbée, quitte San Francisco pour s’installer à Los Angeles avec son père et sa belle-mère. Dans son nouveau lycée, elle se lie d’amitié avec un trio de filles singulières et marginales. Bonnie Harper (Neve Campbell), dont le dos est couvert de brûlures suite à un accident de voiture, Nancy Downs (Fairuza Balk), qui vit dans une caravane avec sa mère et son beau-père violent, et Rochelle Zimmerman (Rachel True), une jeune fille noire victime de brimades. Ensemble, elles s’adonnent secrètement à la sorcellerie et convainquent Sarah de compléter leur cercle magique. Les quatre éléments étant réunis, elles peuvent demander à Manon, la puissante entité qu’elles adorent, d’exaucer tous leurs souhaits. Au début, leurs sorts fonctionnent à merveille. La blonde raciste qui harcèle Rochelle perd ses cheveux, le beau footballeur qui s’était moqué de Sarah tombe raide amoureux d’elle, les cicatrices et les brûlures de Bonnie disparaissent miraculeusement, Nancy touche l’assurance-vie de son beau-père violent… Mais pratiquer la sorcellerie, c’est comme jouer avec le feu. On n’en mesure pas forcément les conséquences…

Nos sorcières mal aimées

La vision que Dangereuse alliance nous donne de la sorcellerie peut faire sourire, tant elle se barde de clichés. Nos apprenties magiciennes mélangent leur sang avec du vin, allument des bougies, s’habillent tout en noir, marchent au ralenti dans le lycée sur de la musique cool, regardent Ma sorcière bien aimée à la télévision… La subtilité n’est visiblement pas à l’ordre du jour. Les héroïnes elles-mêmes cumulent toutes les névroses adolescentes en un patchwork qui préfère l’accumulation à la profondeur : l’une est suicidaire, l’autre complexée par son physique, la troisième victime de discrimination, la dernière obligée de cohabiter avec un beau-père abusif et violent. Ce sont des sujets sérieux, à ne pas prendre à la légère, mais le film s’en sert principalement de gimmicks. Dans Dangereuse alliance, tout semble ainsi survolé avec superficialité, comme s’il ne fallait pas trop encombrer l’esprit du public teenager auquel le film est principalement destiné. La toute puissante divinité Manon – une invention pure des scénaristes – semble d’ailleurs reléguée au statut d’émule du Génie d’Aladin, exauçant les vœux du quatuor comme s’il surgissait d’une lampe magique. Reconnaissons tout de même les qualités de la mise en scène d’Andrew Fleming, qui nous offre en guise de climax une scène à faire pâlir d’envie la saga Indiana Jones dans laquelle des milliers de bestioles repoussantes envahissent la maison de Sarah. Gros succès en salles, Dangereuse alliance aura droit à une suite tardive en 2020, The Craft : les nouvelles sorcières.

 

© Gilles Penso


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