COMTE YORGA, VAMPIRE (1970)

Robert Quarry incarne un émule de Dracula sévissant dans le Los Angeles des années 70…

COUNT YORGA, VAMPIRE

 

1970 – USA

 

Réalisé par Bob Kelljan

 

Avec Robert Quarry, Roger Perry, Michael Murphy, Michael Macready, D.J. Anderson, Judy Lang, Edward Walsh

 

THEMA VAMPIRES

Count Yorga, vampire a bien failli être un film pornographique soft. C’est en tout cas sous cette forme que le projet est initialement envisagé, sous le titre de The Loves of Count Iorga, Vampire ! Le cinéma d’exploitation fait alors la joie des salles spécialisées et un marché florissant s’offre aux films adultes de tous poils. Le producteur Michael Macready contacte l’acteur Robert Quarry pour en tenir le rôle principal, mais celui-ci n’accepte qu’à une seule condition : oublier la pornographie au profit d’un film d’horreur pur et dur. Samuel Z. Arkoff, directeur d’American International Pictures, fait alors retitrer le film (même si l’orthographe « Iorga » avec un I apparaît encore sur plusieurs copies) et réoriente sa tonalité. L’érotisme est certes toujours présent, mais de manière moins frontale, laissant la part belle à la violence et au sang, conformément aux goûts d’une frange du public de l’époque. La mise en scène est confiée à Bob Kelljan, qui n’a alors réalisé que l’obscur Flesh of My Flesh, dans lequel il tient lui-même la vedette et qu’il co-dirige justement avec le producteur Michael Macready. Kelljan allait ensuite poursuivre dans une voie similaire (Le Retour du Comte Yorga, Scream Blacula Scream) avant de se spécialiser dans les séries TV jusqu’en 1982, date de son décès.

C’est la voix off de George Macready, fils du producteur du film, qui ouvre les hostilités. L’histoire débute à Los Angeles lors d’une séance de spiritisme organisée par Donna (Donna Anderson), en présence de ses amis Paul (Michael Murphy), Erica (Judy Lang) et le charismatique comte Yorga (Robert Quarry), un hypnotiseur récemment installé aux États-Unis après avoir quitté l’Europe. Yorga avait entretenu une relation avec la mère de Donna peu avant son décès, insistant pour qu’elle soit enterrée malgré ses volontés d’être incinérée. Après la séance, Paul et Erica raccompagnent le comte chez lui. Mais leur camionnette s’enlise inexplicablement dans la boue. Contraints de passer la nuit sur place, ils deviennent les victimes du comte, qui s’avère être un vampire : il assomme Paul et mord Erica. Le lendemain, le couple revient à Los Angeles, désorienté et incapable de se rappeler les événements de la nuit. Leur ami, le docteur Jim Hayes (Roger Perry), remarque alors qu’Erica souffre d’une perte de sang inexplicable. Plus tard, elle est surprise en train de dévorer un chaton ! La jeune femme est désormais prise d’accès de violence, de tentatives de séduction envers Paul et de moments de lucidité où elle s’effondre, terrifiée par ce qu’elle est en train de devenir…

« La magnificence au-delà de l’existence »

Nous voilà donc face à une version seventies de l’histoire de Dracula qui en reprend les mêmes motifs et la même structure narrative. La mise en scène brute et moderne de Bob Kelljan privilégie les caméras portées et les lumières naturelles, tandis que les dialogues laissent les personnages tourner en dérision les séances de spiritisme et le vampirisme – pour mieux s’en inquiéter plus tard face au surgissement du surnaturel dans leur quotidien. Interprété avec beaucoup de charisme par Robert Quarry, Yorga, venu tout droit de sa Bulgarie natale, annonce à ses victimes : « La magnificence au-delà de l’existence, c’est ce que je donne ». Son assistant hideux Brudah est incarné par Edward Walsh. Le film dépasse ses simples ambitions de pur produit d’exploitation pour révéler d’indiscutables qualités d’écriture et de réalisation. Les acteurs sont globalement convaincants, l’atmosphère contemporaine se teinte de gothisme et le scénario parvient habilement à contourner l’éternelle question : « Mais pourquoi ne vont-ils pas chercher la police ? » Par ailleurs, une tension très palpable se joue dans les séquences où les héros rendent visite au comte en pleine nuit et tentent de gagner du temps en attendant le lever du jour. Ayant échappé de peu à une classification X à cause de son contenu violent et sexuel, Comte Yorga, vampire connaîtra un joli succès, surtout en drive in, et aura droit à une suite réalisée par la même équipe : Le Retour du comte Yorga.

 

© Gilles Penso


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