Six jeunes gens qui ne se connaissent pas se retrouvent inexplicablement dans une vieille maison isolée, cernée par des démons…
TOTEM
1999 – USA
Réalisé par David DeCoteau
Avec Jason Faunt, Marissa Tait, Eric W. Edwards, Sacha Spencer, Tyler Anderson, Alicia Lagano
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND
À la fin des années 1990, David DeCoteau souhaite se lancer dans la réalisation du thriller d’épouvante Voodoo Academy. Le producteur Charles Band lui donne le feu vert à condition qu’il tourne d’abord pour lui Totem, un petit film d’horreur au budget minuscule. Habitué à sacrifier la qualité au profit de la quantité (son rythme de travail reste très impressionnant), DeCoteau accepte et boucle les prises de vues en quatre jours seulement, avec six acteurs et deux décors. Difficile de faire plus efficace. Pas très fier du résultat final – et nous le comprenons -, le réalisateur choisit le pseudonyme de Martin Tate pour signer le film. Pour ceux qui sont habitués à sa filmographie, son style est pourtant facilement identifiable. Totem commence presque comme un épisode de La Quatrième dimension. Six jeunes gens qui ne se connaissent pas se retrouvent du jour au lendemain dans une cabane isolée au milieu des bois. Tous ont reçu le même message mental les guidant sur place, et les voilà désormais coincés dans un lieu qui semble entouré par une barrière invisible les empêchant de rentrer chez eux.
Cette demi-douzaine de protagonistes semble échappée d’un catalogue de mannequins. Les filles ont un visage angélique et les garçons bandent leurs muscles sous leurs débardeurs. DeCoteau a beau cacher son nom, nous le reconnaissons dès les premières minutes. Ces pimpants héros sont Alma (Marissa Tait), Paul (Jason Faunt), Leonard (Eric W. Edwards), Tina (Alicia Lagano), Roz (Sacha Spencer) et Robert (Tyler Anderson). Trois filles, trois garçons, donc plein de possibilités. Mais le film n’explore pas le potentiel romantico-érotique de la situation, préférant s’orienter vers une intrigue surnaturelle nébuleuse. En visitant le cimetière voisin, nos six héros découvrent en effet un étrange totem orné de trois sculptures inquiétantes. Bientôt, celles-ci reviennent à la vie et les attaquent. Pour s’en sortir vivants, certains d’entre eux vont devoir accepter de se transformer en meurtriers et de sacrifier les autres. C’est du moins la règle qu’édicte dans un langage inconnu l’une des filles, soudain possédée façon Evil Dead. Trois monstres, trois assassins, trois victimes, telle est l’équation macabre qui régit les lieux…
Petits monstres, vikings et zombies
Détendus, blagueurs, taquins, les jeunes héros de Totem réagissent face à la situation angoissante dans laquelle ils sont plongés avec une légèreté tellement peu crédible qu’elle ôte d’emblée toute possibilité de nous intéresser à leur sort. Tout sonne faux dans le film : leurs répliques, leur comportement, les coups de tonnerre qui ne cessent de ponctuer la bande son (comme dans Witchouse). DeCoteau tente bien de créer de l’étrangeté en laissant sa caméra tanguer autour de ses personnages (une technique elle aussi héritée de Witchouse), mais l’ennui s’installe rapidement. Le film se résume en effet à une interminable litanie de dialogues insipides récités par des acteurs sans conviction. Charles Band profite de ce scénario translucide pour décliner une nouvelle fois son obsession des petits monstres. Il s’agit cette fois-ci d’un démon ailé grimaçant, d’un golem cornu habillé comme un bourreau et d’une créature mi-singe mi-grenouille. Les marionnettes censées leur donner vie sont hélas animées très sommairement (« agitées » serait sans doute un terme plus exact). DeCoteau fait ce qu’il peut pour essayer de nous faire croire à leur présence maléfique, secouant sa caméra, abusant des fumigènes, recourant à un montage très nerveux. Mais rien n’y fait : ces petits jouets en plastique n’ont pas plus de crédibilité que les personnages humains qu’ils côtoient. Ne sachant visiblement pas comment terminer son film, DeCoteau insère dans son climax un flash-back constitué d’extraits des Vikings de Richard Fleischer puis fait surgir des zombies dans son cimetière. Pourquoi pas ? Au point où on en est…
© Gilles Penso
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