SMILE 2 (2024)

Cette suite supérieure à son modèle s’intéresse à une star de la pop frappée à son tour par la terrible malédiction du sourire diabolique…

SMILE 2

 

2024 – USA

 

Réalisé par Parker Finn

 

Avec Naomi Scott, Rosemarie DeWitt, Lukas Gage, Miles Gutierrez-Riley, Peter Jacobson, Ray Nicholson, Dylan Gelula, Raul Castillo, Drew Barrymore

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Excellente surprise doublée d’un joli succès au box-office, Smile propulse en 2022 le scénariste et réalisateur Parker Finn sur le devant de la scène. Aussitôt, Paramount lui propose un deal pour signer d’autres films d’horreur, avec en priorité une suite de Smile. Finn accepte mais souhaite éviter les idées scénaristiques trop évidentes. « Je ne voulais pas faire ce que l’on attendait de moi, je ne voulais pas emprunter la voie de la facilité », explique-t-il. « Je voulais me mettre au défi de créer quelque chose de frais et de différent, avec une nouvelle thématique émotionnelle. J’avais besoin de trouver un personnage qui me semble être la bonne colonne vertébrale sur laquelle accrocher l’histoire, et c’est ainsi que j’ai développé le personnage de Skye Riley. » (1) Ainsi, même si le policier incarné par Kyle Gallner assure momentanément le lien avec le film précédent, Smile 2 s’intéresse à un tout autre protagoniste, en l’occurrence une pop star mondialement célèbre dont le rôle est confié à Naomi Scott (la Jasmine d’Aladdin, l’une des drôles de dames du Charlie’s Angels de 2019, Kimberly dans Power Rangers). L’actrice s’inspire de Lady Gaga pour son personnage, puis se lance dans une session accélérée de répétition des chansons et des chorégraphies avant que le tournage commence.

L’environnement glamour, coloré et scintillant dans lequel évolue cette superstar contraste à merveille avec le caractère horrifique du scénario. De ce point de vue, Parker Finn parvient effectivement à créer la surprise. En pleins préparatifs de sa tournée événementielle après plusieurs drames personnels ayant lourdement entravé sa carrière (l’accident de voiture qui a coûté la vie de son petit-ami, sa lutte contre la toxicomanie), la newyorkaise Skye Riley est gonflée à bloc, sous l’œil attentif de sa mère Elizabeth qui fait aussi office de manager (Rosemarie DeWitt). Si Skye semble enfin libérée de ses addictions, les douleurs que provoquent les séquelles physiques de son accident la poussent à solliciter les services d’un dealer local, Lewis (Lukas Gage) pour obtenir sa dose d’analgésiques. Mais lorsqu’elle se rend un soir en douce chez lui, la chanteuse sent bien que quelque chose ne tourne pas rond. Le jeune homme est paniqué, extrêmement fébrile, au bord du malaise. Soudain, il se redresse et la fixe avec un sourire figé effrayant. Pour Skye, c’est le début de la fin…

Une tournée en enfer

D’emblée, Finn tient à nous faire comprendre que cette suite quittera les sentiers battus pour jouer la carte de l’originalité. Le plan-séquence mouvementé de 8 minutes qui ouvre le film, puis le plateau télévisé animé par Drew Barrymore (dans son propre rôle) entérinent cette sensation. Smile 2 ne va pas là où on l’attend. Si la mécanique narrative établie par le premier film est un élément incontournable avec lequel il faut forcément composer, le scénario parvient à la décliner sous un jour nouveau. Grâce à cette volonté de sang neuf, à la pleine implication d’une Naomi Scott très convaincante et à l’exploration sans fards des états d’âme de cette héroïne aux fêlures encore profondes, Smile 2 parvient à surpasser son modèle et à captiver ses spectateurs. Si les jump-scares un peu faciles continuent à pointer parfois le bout de leur nez, le cinéaste sait la plupart du temps éviter les effets d’épouvante classiques qui sont légion dans la majorité des films d’épouvante post-Conjuring. Il ose même un clin d’œil savoureux, le temps d’une apparition de l’acteur Ray Nicholson qui imite soudain le sourire de son père Jack dans Shining ! On pourra regretter que le dernier acte cède aux effets un peu grossiers et grand-guignolesques, couplés à un enchaînement de rebondissements un tantinet excessifs. Mais l’impact du film n’en souffre pas outre-mesure et sa chute est une excellente trouvaille qui fait froid dans le dos.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans « Bloody Disgusting » en octobre 2024

 

© Gilles Penso


Partagez cet article