Après avoir absorbé un sérum rajeunissant, une vieille scientifique défigurée se transforme en jeune femme séduisante et enchaîne les crimes…
SATANIK
1968 – ITALIE / ESPAGNE
Réalisé par Piero Vivarelli
Avec Magda Konopka, Julio Peña, Umberto Raho, Luigi Montini, Armando Calvo, Mimma Ippoliti, Isarco Ravaioli, Nerio Bernardi, Pino Polidori, Antonio Pica
THEMA MÉDECINE EN FOLIE I SUPER-VILAINS
Au départ, « Satanik » est un fumetti (équivalent italien des comic books) créé par le scénariste Max Bunker et le dessinateur Magnus. À mi-chemin entre l’aventure, l’érotisme, l’horreur et la science-fiction, cette BD sulfureuse connaît un certain succès dès sa première parution en 1964. Le cinéma transalpin s’y intéresse logiquement, d’autant que la super-vilaine masquée qui tient la vedette de « Satanik » s’inscrit dans la même veine pop que Fantomas, Danger Diabolik ou Superargo, qui font alors les joies des spectateurs européens. Le réalisateur Piero Vivarelli s’empare donc du sujet et prend comme assistant Pupi Avati, futur metteur en scène de Zeder et La Maison aux fenêtres qui rient. Ce dernier ne gardera pas un souvenir très heureux de ce tournage, peu convaincu par les choix artistiques de Vivarelli. Face au résultat, nous serions tentés de lui donner raison. Le rôle principal est confié à l’étourdissante Magda Konopka, qui représente sans conteste l’intérêt majeur du film mais dont la carrière n’aura guère fait d’étincelles. L’amateur de cinéma de quartier l’apercevra plus tard dans Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest, aux côtés des créatures en stop-motion de Jim Danforth.
En tout début de métrage, nous apprenons que le professeur Greaves (Nerio Bernardi), un biochimiste renommé, a trouvé une formule miracle de régénérescence des cellules. Il l’a testée sur des animaux avec des résultats excellents et quasi-immédiats. Les cobayes rajeunissent en effet, mais en contrepartie, ils développent des instincts agressifs. Le sérum n’est donc pas encore tout à fait au point. Sa collègue Marnie Bannister (Magda Konopka), âgée et frappée d’une maladie de peau qui la défigure partiellement (via un maquillage efficace à défaut d’être subtil), veut pourtant tester la formule sur elle-même, malgré les risques. Lorsque Greaves refuse, elle le tue d’un coup de scalpel et absorbe la potion. Après des convulsions violentes dignes de celles d’un docteur Jekyll en pleine mutation (coups de tonnerre à l’appui), Marnie se métamorphose en ravissante jeune femme puis prend la poudre d’escampette. Elle décide alors de séduire plusieurs hommes fortunés en jouant les veuves noires…
Très très méchante
Satanik tire pleinement parti de la photogénie de son actrice principale, qui change sans cesse de garde-robe au fil du récit. Mais son collant de super-vilaine (qui apparaît sur tous les posters du film) n’intervient qu’une seule fois, à un quart d’heure de la fin, le temps d’une séquence de strip-tease d’une gratuité parfaitement assumée. Si cette anti-héroïne tue à tour de bras (le couteau, le tisonnier, la noyade, tous les moyens sont bons), l’intrigue avance de manière très erratique, au rythme de l’enquête décontractée et désinvolte que mènent les deux inspecteurs chargés de l’affaire, échangeant des bons mots sans beaucoup progresser dans leurs investigations. La mise en scène elle-même se révèle très datée, abusant de coups de zoom intempestifs et s’affublant de séquences inutiles qui semblent faire office de remplissage (le spectacle de flamenco dans le restaurant, le ski nautique à Genève, le morceau de blues joué dans le casino). L’amateur de cinéma bis a certes droit à sa dose d’érotisme soft, de fusillades, de meurtres et de bagarres, mais Satanik nous donne tout de même le sentiment de gâcher son intéressant potentiel pour se perdre dans les méandres d’un scénario lâche et bien peu palpitant. Le film sera d’ailleurs boudé par le public et la critique au moment de sa sortie.
© Gilles Penso
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