Une jeune femme, dévastée par la mort de son fils, devient la proie d’un tueur en série qui lui injecte un puissant paralysant…
DON’T MOVE
2024 – USA
Réalisé par Adam Shindler et Brian Netto
Avec Kelsey Asbille, Finn Wintrock, Daniel Francis, Moray Treadwell, Denis Kostadinov, Kate Nichols, Skye Little Wing Dimov Saw
THEMA : TUEURS
Principalement produit par le légendaire réalisateur Sam Raimi, à qui l’on doit les trilogies Evil Dead et Spider-man, et distribué par Netflix, Don’t Move aligne au casting un solide duo avec Kelsey Asbille, repérée dans la série Yellostone, et Finn Wintrock, acteur récurrent de American Horror Story. Sur le papier, avec un concept fort de survival couplé à l’idée d’une héroïne prisonnière de son propre corps, le long métrage promettait un suspense serré, et la caution Raimi, lourdement appuyée, pouvait en effet allécher le chaland et susciter au minimum la curiosité. Le nom du réalisateur de Darkman, mis très en avant par le géant du streaming, était de fait devenu un argument marketing. Car la marque mise de plus en plus sur des noms célèbres pour enrichir son catalogue qui, sporadiquement, peut révéler quelques pépites comme Rebel Ridge de Jeremy Saulnier, mais qui malheureusement, dans la grande majorité des cas, se cantonne à enchaîner des séries B frileuses et sans grand intérêt. Si les deux acteurs principaux arrivent à sortir leur épingle du jeu dans des rôles sans grande consistance, la réalisation confiée à Adam Shindler et Brian Netto ne brille pas par son originalité. Pourtant habitués aux films d’horreur avec Intruders (2016) et la série anthologique 50 States of Fright, les deux hommes livrent un métrage plutôt plat et académique, surtout si l’on pense à leur fougueux producteur et à ses expérimentations filmiques.
Don’t Move nous plonge donc au cœur d’une forêt dans laquelle Iris (Kelsey Asbille), traumatisée par la mort de son fils, décide de mettre fin à sa vie en se jetant d’une falaise. Elle est interrompue par Richard (Finn Witrock), un homme charmant qui la dissuade de commettre l’irréparable, tout en évoquant la perte de sa petite amie, Chloé, dans un accident de voiture. Une fois revenus à leurs véhicules respectifs, Richard dévoile son vrai visage en agressant et tentant d’enlever Iris. La jeune femme parvient à s’enfuir mais le tueur lui fait une révélation effrayante : il lui a administré une drogue paralysante qui la rendra totalement inerte et impuissante dans les prochaines vingt minutes. Le concept même du film contient ses propres limites : la drogue paralysante, qui aurait pu être un ressort essentiel du récit, représente certes une contrainte pour l’héroïne, mais son utilisation et ses effets à géométrie variable évacuent inévitablement toute idée de tension. Iris perd rapidement l’usage de son corps et se retrouve à la merci du hasard. Des rencontres fortuites au moment le plus propice sauvent donc notre héroïne avant que les effets du paralysant ne se dissipent, là aussi au moment idéal. Si on ajoute à cela les poncifs inhérents au genre, comme les personnages qui ont une vision plus qu’étroite, ne voyant pas à plus d’un mètre d’eux, et des décisions incohérentes et fatales, ce thriller horrifique estampillé Raimi se prend rapidement les pieds dans le tapis. L’issue de chaque séquence est terriblement prévisible et la réalisation, bien trop sage, déçoit.
Don’t move, don’t see and don’t think
Alors que l’idée de départ aurait pu donner lieu à une course-poursuite toute en tension, le scénario se perd dans des péripéties inutiles, rallongeant juste un peu la sauce d’un film qui ne dure pourtant que 90 minutes. Autre point négatif, les personnages souffrent d’une écriture superficielle, les réduisant à des rôles-fonctions. Iris, mère endeuillée au bord du suicide, retrouve soudainement goût à la vie en luttant contre Richard, tueur en série dont on ne saura pas grand-chose au final. Le reste du casting ne servant qu’à rentabiliser le budget maquillage et faux sang, il est bien compliqué de s’impliquer dans cette histoire. Restent de beaux décors naturels, des acteurs convaincants comme Kelsey Asbille, qui arrive à insuffler un peu de vie dans ce rôle relativement mutique, jouant avec l’intensité de son regard, et Finn Wintrock, à l’aise en tueur manipulateur et chevronné, même si certaines de ses décisions relèvent de l’amateurisme ou de la stupidité. Malgré tout son potentiel, Don’t Move ne sera donc pas encore la grande révélation horrifique de Netflix. Peut-être devraient-ils investir dans des scénaristes…
© Christophe Descouzères
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