DEAR SANTA (2024)

En croyant envoyer une lettre au Père Noël, un garçon dyslexique écrit « Satan » à la place de « Santa »… Et Jack Black débarque !

DEAR SANTA

 

2024 – USA

 

Réalisé par Bobby Farrelly

 

Avec Jack Black, Robert Timothy Smith, Brianne Howey, Hayes MacArthur, Jaden Carson Baker, Kai Cech, Keegan-Michael Key, Post Malone, P.J. Byrne

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

C’est au tout début des années 2010 que les scénaristes Pete Jones et Kevin Barnett pitchent aux frères Farelly l’idée de Dear Santa : un enfant envoie une lettre au Père Noël mais se trompe dans l’orthographe, écrivant « Satan » au lieu de « Santa ». Les créateurs de Mary à tout prix et Dumb & Dumber sont immédiatement conquis. Il leur faudra pourtant plus de dix ans pour monter le film, trouver la juste tonalité et les interprètes idéaux. « Nous ne voulions pas faire de film d’horreur, nous voulions faire un vrai conte de Noël qui puisse s’adresser à toute la famille », explique Bobby Farrelly. « Voilà pourquoi nous avons choisi Jack Black dans le rôle principal. Il a un côté diabolique, et en même temps vous ne pouvez pas vous empêcher de l’aimer, parce qu’il est très drôle. » (1) La star du King Kong de Peter Jackson retrouve ainsi les Farrelly deux décennies après L’Amour extra large. Bizarrement, un autre film produit en même temps repose exactement sur le même principe et possède d’ailleurs un titre très similaire : Dear Satan, réalisé par le Philippin RC Delos Reyes et prévu pour une sortie en septembre 2024, mais jamais distribué à cause de sérieuses démêlées avec la censure (visiblement, on ne s’amuse pas à mélanger le diable et les fêtes de fin d’années dans cette partie de l’Asie). Il est donc difficile de savoir s’il y a plagiat ou s’il s’agit d’un étrange hasard.

Dear Santa tourne autour de la vie de Liam Turner (Robert Timothy Smith), un gamin de onze ans sympathique mais un peu à l’écart, qui souffre de dyslexie et surtout de la tension permanente qui règne entre ses parents. Un drame passé semble avoir frappé la petite famille, mais à ce stade nous n’en savons pas plus. Amoureux d’une fille qui lui semble inaccessible, ami avec un garçon aussi peu populaire que lui, Liam est un peu trop grand pour croire encore au Père Noël. Mais s’il y a ne serait-ce qu’une infime chance qu’il existe, pourquoi ne pas lui écrire et formuler un vœu ? Qu’y a-t-il à perdre ? Malgré la réaction embarrassée de son père (Hayes MacArthur), qui voudrait le voir grandir, et avec l’approbation de sa mère (Brianne Howey), qui a tendance à le surprotéger, Liam rédige donc une lettre à l’attention de ce bon vieux Santa Claus. Mais la dyslexie lui joue des tours : au lieu de « Cher Santa », il écrit « Cher Satan ». Aussitôt, la missive arrive à bon port, c’est-à-dire en Enfer. Le soir-même, Satan (Jack Black) débarque dans la chambre de Liam et lui propose d’exaucer trois de ses vœux en échange de son âme…

Un Noël d’enfer

Au-delà de la force de son concept, Dear Santa s’appuie sur la justesse de son casting. Jack Black dévore bien sûr l’écran dans le rôle de ce diable sympathique mais machiavélique. Les Farrelly le laissent en totale roue libre, permettant à son enthousiasme exubérant de se propager chez les spectateurs. Robert Timothy Smith lui donne la réplique avec beaucoup de conviction, dans le rôle d’un garçon complexé mais particulièrement vif qui désarçonne Satan par sa logique imparable et son empathie incompréhensible. Du côté des adultes, Brianne Howey et Hayes MacArthur nous livrent une prestation à fleur de peau en perpétuel équilibre entre le rire et l’émotion, offrant au film son supplément d’âme. On note aussi la présence toujours délectable de Keegan-Michael Key, qui campe ici un psychiatre hilarant. Pris séparément, tous ces ingrédients fonctionnent à merveille. Le mélange a pourtant du mal à prendre. Dear Santa nous donne sans cesse le sentiment de ne pas aller assez loin, comme si Bobby Farrelly se bridait, partagé entre l’envie de faire rire en gardant son impertinence naturelle et celle de ne pas trop heurter le grand public. Nous nous retrouvons de fait avec un film hybride qu’on aurait aimé plus percutant dans ses rebondissements et plus incisif dans ses traits d’humour. Un peu tiède, le résultat ne convainquit sans doute qu’à moitié les dirigeants de Paramount, qui le sortirent directement sur leur plateforme de streaming en toute discrétion.

 

(1) Extrait d’une interview publiée sur ComingSoon.net en novembre 2024.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article