CREATION OF THE GODS I : KINGDOM OF THE STORMS (2023)

Ce film de tous les superlatifs raconte l’histoire d’un prince tyrannique causant la perte du royaume des Shang à l’époque des derniers empires chinois…

FENG SHEN 1 : ZHAOGE FENG YUN

 

2023 – CHINE

 

Réalisé par Wuershan

 

Avec Huang Bo, Kris Philips, Suejian Li, Yu Xia, Kun Chen, Quan Yuan, Le Yang, Yosh Yu, Chen Muchi, Bayaertu, Bayalag, CiSha, Yongdai Ding, Shaofeng Feng

 

THEMA HEROIC FANTASY I SORCELLERIE ET MAGIE

Creation of the Gods est une trilogie fantastique adaptée entre autres d’un roman classique du 16° siècle de Xu Zhonglin, Investiture of the Gods, qui mélange légendes, mythologie et faits historiques. Il raconte l’histoire d’un prince tyrannique qui va causer la perte du royaume des Shang à l’époque des vrais derniers empires chinois sous les dynasties Song, Yuan et Ming. Selon la sagesse confucéenne, la loyauté, la subordination à ses supérieurs et la piété filiale représentent des valeurs fondamentales sur lesquelles reposent l’harmonie sociétale et même cosmique. Si l’autorité divine autorisait un empereur à gouverner, elle pouvait tout aussi bien lui retirer ce droit si son comportement cessait d’être vertueux, provoquant la chute de l’Empire. C’est ainsi que, selon un pacte appelé le Mandat Céleste, les révoltes contre une dynastie se justifiaient dès lors qu’un souverain perdait la confiance et le respect de son peuple (dont le bonheur était le garant d’une bonne conduite de ses gouverneurs). Le parricide et la désobéissance à son supérieur étaient donc deux interdits absolus pour qu’une dynastie se perpétue sous de bons auspices. Mais lorsqu’un roi déroge lui-même à la règle, rompant le pacte avec les divinités du Ciel et provoquant le chaos dans le royaume, à qui se fier et à qui obéir ? C’est tout l’enjeu de ce mythique Kingdom of the Storms orchestré par Wuershan, diplômé de la prestigieuse et très sélective Beijing Film Academy dont les étudiants cumulent au fil des ans un nombre impressionnant de prix internationaux.

Wuershan a déjà réalisé des fresques historiques fantastiques basées sur les contes et légendes de la Chine ancienne, et il n’en est pas à sa première représentation du « démon renard » que l’on retrouve ici sous les traits d’une splendide femme, Su Daji (Naran). Serait-elle réellement responsable de la cruauté du tyrannique souverain ? Ou, comme elle le dit elle-même, n’a-t-elle fait que répondre à ses désirs enfouis de puissance ? Car la sagesse des anciens enseigne que les pensées, bonnes ou mauvaises, ne viennent pas par hasard. Lorsqu’elles attirent l’attention des dieux comme des démons, c’est aux hommes de se comporter de façon à rétablir l’équilibre du monde. Si l’atmosphère de Creation of the Gods, avec sa montagne sacrée et maudite où les dieux immortels orchestrent le bien et le mal à l’abri des regards humains, rappelle d’une certaine manière Zu, Warriors of the Magic Mountain, film de 1983 réalisé par Tsui Hark, c’est que les deux films répondent aux codes et à la philosophie du wu xia pan, tel que le cinéma martial hongkongais nous y a habitués.

L’Empire du milieu contre-attaque

On retrouve ici des personnages qui s’envolent lors de combats spectaculaires où la magie n’est jamais loin, une philosophie taoïste basée sur les concepts du yin et du yang où des prêtres et des sages vêtus de blanc y affrontent des êtres démoniaques toujours en noir, où les différents clans ont des costumes de couleurs bien tranchées pour les différencier, et où les conflits se règlent majoritairement à la pointe de l’épée ou du sabre avec des interventions surnaturelles… Toute ressemblance avec l’heroic-fantasy occidentale n’étant pas fortuite. A noter que les costumes sont dessinés par Timmy Yip, oscarisé pour Tigre et dragon d’Ang Lee avec les stars Chow Yun-fat et Michelle Yeoh. Malgré la sensualité des corps, on notera que l’amour y est inaccessible, la beauté féminine insaisissable, voire dangereuse, et que la musique symphonique s’efface, lors des scènes romantiques, derrière des chansons qui nous hantent généralement des années durant. Ici, elle est signée du compositeur Gordy Haab, souvent comparé à John Williams. Les nostalgiques noteront que les SFX et les décors artisanaux d’autrefois, sculptés par des éclairages multicolores qui n’avaient rien à envier à ceux de Mario Bava, ont laissé leur place à l’ère du numérique à un foisonnement de plans truqués avec des images de synthèse dont le rendu inégal reste cependant assez impressionnant pour que se succèdent les sensations fortes. Avant l’épisode II, Demonic Confrontation, et l’épisode III, Creation Under Heaven, Kingdom of Storms est déjà fort de son énorme succès en Chine (sacré Coq d’or 2023) comme à l’international.

 

© Quélou Parente


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