THE LOVED ONES (2009)

Éconduite par un jeune homme dont elle est éprise, une lycéenne prend les choses très mal et décide de le séquestrer pour le faire changer d’avis…

THE LOVED ONES

 

2009 – AUSTRALIE

 

Réalisé par Sean Byrne

 

Avec Xavier Samuel, Robin McLeavy, John Brumpton, Richard Wilson, Victoria Thaine, Jessica McNamee, Andrew S. Gilbert, Suzi Dougherty, Victoria Eagger

 

THEMA TUEURS

Après une série de courts-métrages, le réalisateur australien Sean Byrne franchit le pas et se lance dans son premier long avec The Loved Ones, budgété à 4 millions de dollars. Ses influences principales, lorsqu’il écrit cette comédie d’horreur qui vire au cauchemar, sont Massacre à la tronçonneuse, Misery et Audition. Que des classiques, donc. Dans le rôle principal des deux lycéens amenés à se confronter dans ce huis-clos oppressant, Byrne choisit Xavier Samuel, 25 ans, et Robin McLeavy, 23 ans. Le premier incarnera l’année suivante Riley dans le troisième volet de la saga Twilight, la seconde jouera Nancy Lincoln dans Abraham Lincoln : chasseur de vampires. Pour qu’elle puisse entrer dans la peau de son personnage, McLeavy est invitée à visionner Misery et Tueurs nés et à se documenter sur le tueur en série Jeffrey Dahmer. Le réalisateur l’engoncera pendant le tournage dans une robe rose directement inspirée de celle que porte Sissy Spacek à la fin de Carrie. The Loved Ones est donc un film sous influence. Mais Sean Byrne tient à se distinguer de ses prestigieux aînés en construisant une atmosphère singulière qui dote son premier film d’une personnalité bien à lui. Restrictions budgétaires oblige, il n’a que quatre semaines pour boucler les prises de vues. D’où la réduction du nombre de décors et de personnages principaux. La tension n’en sera que plus grande.

Lola Stone alias « Princesse » (Robin McLeavy), la fille la plus timide du lycée, propose au beau Brent (Xavier Samuel) de l’accompagner au bal de fin d’année, point d’orgue incontournable de toute saison scolaire anglo-saxonne qui se respecte. Étant donné qu’il avait prévu de s’y rendre avec sa petite amie Holly (Victoria Thaine), Brent décline poliment l’invitation. Il est lui-même encore sous le choc de l’accident de voiture qui provoqua la mort de son père et dont il se sent pleinement responsable (il percuta un arbre pour éviter un homme ensanglanté au milieu de la route). En proie à des idées noires, enclin à la scarification, Brent n’a pas tellement la tête à la fête. Alors qu’il s’isole sur une falaise, quelqu’un l’assomme. Lorsqu’il revient à lui, c’est pour découvrir que Lola lui a préparé une petite soirée en tête à tête. La jeune fille n’aime pas qu’on lui dise non et se prépare à lui faire vivre la nuit la plus épouvantable de son existence…

Le bal de l’horreur

Un étrange parfum de nostalgie se dégage de The Loved Ones, qui s’amorce comme un film de lycée des années 70/80, rythmé par une bande originale rafraîchissante, ciselé par une photographie élégante et ponctué d’une poignée de saynètes cocasses. Mais lorsque la folie meurtrière pointe le bout de son nez, The Loved Ones bascule dans le cauchemar pur, sans jamais se départir de cette légèreté insolite qui le nimbe en permanence. La séquestration façon Misery prend une tournure de plus en plus affolante, à mesure que la démence de Lola et de son géniteur (John Brumpton) s’affirme et que la liste de leurs exactions s’allonge. Maître du suspense horrifique et du jeu avec les nerfs de ses spectateurs, Sean Byrne parvient clouer son public sur le fauteuil pour ne le relâcher qu’après son générique de fin, lequel sonne dès lors comme un véritable soulagement. Quelques scènes particulièrement gratinées provoquèrent même plusieurs malaises à l’occasion des nombreux festivals où le film fut présenté aux quatre coins du monde. Voilà donc une très bonne surprise en provenance du pays natal de Mad Max et Razorback. Byrne n’enchaînera ses films suivants qu’avec parcimonie : The Devil’s Candy en 2015 puis Dangerous Animals en 2024.

 

© Gilles Penso


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