PHANTOM TOWN (1999)

Trois gamins partent à la recherche de leurs parents disparus et se retrouvent coincés dans une ville de western peuplée de créatures étranges…

PHANTOM TOWN / SPOOKY TOWN

 

1999 – USA

 

Réalisé par Jeff Burr

 

Avec Taylor Locke, John Patrick White, Lauren Summers, Jim Metzler, Belinda Montgomery, Gabriel Spahiu, Jimmy Herman, Jeff Burr, Iuliana Ciugulea

 

THEMA MUTATIONS I SAGA CHARLES BAND

Les studios roumains Castel Film possédant un décor complet de western depuis le tournage de Oblivion, le producteur Charles Band fut prompt à le faire fructifier à l’occasion de films aussi variés que Oblivion 2, Petticoat Planet ou Virtual Encounters 2. Dommage de ne pas profiter d’un site aussi photogénique, quitte à tirer un peu les scripts par les cheveux pour justifier la présence de la grande rue, du saloon et de tout le reste. Ainsi nait Phantom Town (connu également sous le titre de Spooky Town), un opus de plus à ajouter à la collection Moonbeam destinée au jeune public. Deux familiers des productions Band sont derrière le film : le scénariste Neal Marshall Stevens sous son pseudonyme habituel de Benjamin Carr (Le Cerveau de la famille, Hideous, The Creeps, Le Retour des Puppet Master, Frankenstein Reborn !) et le réalisateur Jeff Burr (Nuits sanglantes, Leatherface, Puppet Master 4 et 5). Tous deux auraient pu traiter ce petit film par-dessus la jambe, s’acquittant sans enthousiasme de cette mission routinière entre deux autres séries B. Mais il semblerait que ce Phantom Town les amuse beaucoup. Stevens livre donc un script joyeusement délirant ouvert à tous les excès et Burr se prend au jeu en interprétant même un petit rôle dans le film, celui d’un oncle colérique.

Tout commence dans une ambiance survoltée. Alors que Mike (John Patrick White), seize ans, et ses deux jeunes frères et sœurs Arnie et Cindy (Taylor Locke et Lauren Summers) donnent une fête chez eux, à grand renfort de musique rock (ils jouent et chantent eux-mêmes en se prenant pour des superstars) et de feux d’artifice, leurs parents (Jim Metzler et Belinda Montgomery) rentrent tranquillement d’une convention. Mais, au cours de la nuit, ils s’égarent à bord de leur voiture et finissent dans une petite ville désertique absente des cartes routières qui s’appelle Long Hand. Le lendemain, ils ne sont toujours pas rentrés. Mike, Arnie et Cindy décident alors de partir à leur recherche. En suivant leurs traces, ils se retrouvent à leur tour dans Long Hand, où tout le monde semble vivre comme au temps du Far West. Se seraient-ils retrouvés au beau milieu d’une attraction pour touristes dans laquelle les gens se prendraient un peu trop au sérieux ? Ont-ils remonté le temps ? La vérité est-elle pire encore ?

Shérif, fais-moi peur !

Plus encore que The Werewolf Reborn ! et Frankenstein Reborn !, qui cherchaient ouvertement à capitaliser sur le succès de la série Chair de poule, Phantom Town assume pleinement son caractère de « film train fantôme » en reprenant littéralement le motif de la ghost story racontée au coin d’un feu de camp. D’où cet enfant qui, dès l’entame, s’adresse à la caméra, une lanterne à la main. La photographie soignée de Viorel Sergovici et la musique teintée de blues composée par Dennis Smith contribuent à l’atmosphère réussie de ce petit film sympathique emballé avec un budget de 800 000 dollars. Pour compenser la faiblesse de ses moyens, Burr met l’accent sur les effets spéciaux exubérants bricolés par une petite équipe de touche-à-tout inventifs : des cowboys zombies, un réceptionniste mutant qui semble échappé de chez Lovecraft, des tentacules visqueux, un grimoire qui marche sur six pattes, un œil géant qui n’est pas sans nous rappeler celui de The Killer Eye. Le récit s’achemine vers une espèce de relecture du thème des body snatchers mélangée avec le motif des morts-vivants et de la possession diabolique. L’influence du Stephen King de « Ça » affleure aussi au moment où les gamins pénètrent dans les entrailles souterraines de la ville, autrement dit l’antre caverneuse et gluante d’une bête tentaculaire. Rien d’inoubliable, bien sûr, mais de quoi passer un moment sympathique devant son écran.

 

 

© Gilles Penso


Partagez cet article