NECROPOLIS (1986)

Une sorcière du 17ème siècle se réincarne sous la forme d’une punk des années 80 et poursuit ses méfaits dans les bas-fonds de New York…

NECROPOLIS

 

1986 – USA

 

Réalisé par Bruce Hickey

 

Avec LeeAnne Baker, Jacquie Fitz, Michael Conte, William K. Reed, Paul Ruben, Andrew Bausili, Letnam Yekim, Gy Milano, George Anthony-Bayza

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA CHARLES BAND

Après avoir réalisé une quinzaine de films X sous les pseudonymes de Joe Gage ou Marc Larson, Tim Kincaid change de registre en s’essayant à l’horreur et la science-fiction avec L’Hybride infernal, Robot Holocaust et Robot Killer, tous trois produits par Charles Band sous l’égide de sa compagnie Empire. Lorsqu’il se voit confier Necropolis, Kincaid cède la place du réalisateur à Bruce Hickey et s’occupe de la production avec son épouse Cynthia DePaula. Une fois de plus, le budget est extrêmement étriqué, ce qui saute immédiatement aux yeux. Les décors sont d’une banalité effarante, la photographie médiocre, la prise de son approximative, bref nous frôlons dangereusement l’amateurisme. La musique elle-même est principalement constituée d’extraits des bandes originales de L’Alchimiste, Decapitron et Future Cop. Dès les premières minutes, nous comprenons que ce film sera au choix très drôle au second degré ou extrêmement affligeant, voire les deux en même temps. Voir cette sorcière du 17ème siècle se déhancher en nuisette sur une musique disco pour nous faire croire qu’elle se lance dans un rituel magique ancestral en l’an de grâce 1865 est un spectacle particulièrement invraisemblable. D’autant que la comédienne a visiblement séché toutes ses leçons de danse et remue donc avec autant de grâce qu’un opossum sous Tranxène. Et nous ne sommes alors qu’à 5 minutes du début du métrage !

Chassée par une foule de villageois en colère (cinq figurants dans des costumes plissés s’agitant devant un mur) pour avoir kidnappé une jeune femme pendant son mariage avec l’intention de la sacrifier lors d’une cérémonie satanique, la vile sorcière Eva (LeeAnne Baker) est projetée en Enfer. Mais elle promet de revenir se venger. Nous la retrouvons donc à New York dans les années 80, à cheval sur une moto, le même maquillage outrancier autour des yeux, les cheveux toujours peroxydés mais cette fois-ci coupés courts façon punk androgyne. Alors qu’elle tue tous ceux qui se trouvent sur son chemin pour mettre la main sur l’Anneau du Diable que possède un pasteur, Eva se met à réclamer des âmes perdues. Une journaliste et un inspecteur de police mènent l’enquête pour comprendre ce qui relie cette série de morts inexpliquées. Ils découvrent bientôt que le prêtre et eux-mêmes sont les réincarnations de ceux qui chassèrent la sorcière en 1865 et que celle-ci est revenue pour achever son sacrifice.

Par tous les seins !

Lorsque la molle intrigue se met en place et que les dialogues commencent à s’échanger entre les protagonistes du drame, le spectateur mesure à quel point le jeu des acteurs est catastrophique, notamment celui de LeeAnne Baker qui a sans doute séché aussi ses cours de comédie (quoique le Al Pacino du pauvre incarné par Michael Conte vaut lui aussi le détour !). Entre deux scènes ennuyeuses, la punkette satanique se remet à danser sur des mauvaises chansons des eighties, avec toujours la même gaucherie et la même rigidité. Les intentions de cette sorcière mal-aimée sont par ailleurs très floues. Capable de lire dans les pensées des gens, elle les manipule, les tue, les pousse au suicide, fait couler sur certaines de ses victimes une substance visqueuse dont elle se repaît, puis pénètre dans un sous-sol enfumé pour invoquer des démons/zombies encapuchonnés et baveux. Alors que nous sommes sur le point de lâcher l’affaire survient soudain la séquence la plus hallucinante du film. Car soudain, LeeAnne Baker se retrouve affublée de trois paires de seins que la horde de démons s’empresse de venir téter en gémissant ! Voici sans doute l’un des pires longs-métrages jamais produits par Charles Band, ce qui n’est pas peu dire ! Sur le papier, l’idée d’une sorcière punk télépathe à six seins avait pourtant quelque chose d’intriguant. Mais parfois, mieux vaut se contenter de s’arrêter au stade du concept plutôt que de livrer un film aussi catastrophique.

 

© Gilles Penso


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