MURDERCYCLE (1999)

Un motard fusionne avec une entité extra-terrestre logée dans une météorite et se transforme en machine à tuer quasi-indestructible…

MURDERCYCLE

 

1998 – USA

 

Réalisé par Tom Kallaway

 

Avec Charles Wesley, Cassandra Ellis, Michael Vacchetti, William Vogt, David White, Roger Stoccado, Dane Northcutt, Steven O’Mahoney, Robert Donavan

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND

La genèse de Murdercyle remonte à 1983, époque à laquelle Michael Miner, jeune directeur de la photographie et apprenti-scénariste, collabore avec la réalisatrice Rosemarie Turko sur le tournage d’un drame sur la prostitution nommé Angoisses. Pendant le tournage, Miner fait la rencontre de la productrice Debra Dion, partenaire de Charles Band dont la compagnie de production Empire est toujours en quête de nouveaux concepts. Or Miner a développé une idée originale : Battle Bikes, un film d’action futuriste inspiré par Rollerball et Mad Max 2. Miner aimerait écrire et réaliser lui-même ce long-métrage, rebaptisé entre temps Murdercycle, mais le budget estimé est trop élevé et Charles Band finit par jeter l’éponge. Michael Miner est cependant destiné à de grandes choses, puisqu’il co-écrit quelques années plus tard avec Ed Neumeier le scénario d’un film promis à une carrière prodigieuse et à un culte durable : Robocop. À la fin des années 90, après la faillite de la compagnie Empire et la naissance de sa petite sœur Full Moon Entertainment, Charles Band retombe sur le concept de Murdercycle et sur le poster qu’il avait fait dessiner à l’époque. Roi du recyclage, il décide de laisser une seconde chance au produit tout en modifiant totalement son concept pour le ramener à de plus justes ambitions financières. Le nouveau script est l’œuvre conjointe de Daniel Elliott et Neal Marshall Stevens et la réalisation est confiée au directeur de la photographie Tom Callaway (Creepozoids, Critters 3, Metalbeast) qui fait là son baptême de metteur en scène.

Le générique de début, rythmé par une musique électro ultra-dynamique de David Arkenstone, permet au film de démarrer sur une note prometteuse chargée d’adrénaline. Malheureusement, Murdercycle ne décollera jamais vraiment et suscitera beaucoup plus de torpeur que d’excitation chez les spectateurs. Tout commence par le crash d’une météorite à proximité d’une base militaire ultra-secrète de la CIA, nichée dans les montagnes du Colorado. À l’intérieur du caillou venu de l’espace se trouve une entité extra-terrestre qui fusionne instantanément avec une moto et son pilote qui a eu la mauvaise idée de s’égarer dans les parages. Désormais transformé en soldat alien redoutable, doté d’un engin indestructible capable de tirer des rayons lasers, le motard s’apprête à plonger les lieux dans le chaos. Pour faire face à cette menace, le sergent Kirby (Charles Wesley), un marine disgracié après avoir été accusé à tort d’avoir mené une opération-suicide, est rappelé pour une mission de la dernière chance : infiltrer la base et découvrir la vérité. À la tête d’une équipe hétéroclite composée du docteur Lee (Cassandra Ellis), une médium dotée de pouvoirs psychiques, d’un médecin légiste (Buddy Stoccardo), et de l’agent Wood (Michael Vachetti), un membre de la CIA qui semble en savoir plus qu’il n’en dit, Kirby se lance dans cette mission à haut risque…

Motarminator

Le budget de Murdercycle étant réduit à sa plus simple expression, les mêmes péripéties se répètent inlassablement tout au long du métrage. Toutes les dix minutes, la moto customisée façon Robocop/Terminator surgit donc dans les bois, tire des rayons laser sur les soldats qui vident inutilement leurs chargeurs sur sa carapace puis disparaît dans le désert en fondu enchaîné. Le reste du temps, la petite poignée de protagonistes déambule au milieu de la rocaille et échange des dialogues sans intérêt. Absolument pas crédible en scientifique aux capacités parapsychologiques, Cassandra Ellis hérite de répliques d’autant plus absurdes qu’elles se prennent très au sérieux. « La télépathie n’est qu’une des choses que je pratique », dit-elle avec gravité. « Le terme plus exact serait psychométrie. Tous les objets ont une vie interne. Ils se souviennent des événements qu’ils ont vécu et des gens avec qui ils ont été en contact. » Pour se distraire un peu, les scénaristes dotent tous leurs personnages de noms liés au monde du comic book (Kirby, Lee, Kubert, Wood, Adams, Buscema, Frazetta, Ditko, Coletta, Sinnott) et glissent quelques allusions pataudes aux Quatre Fantastiques, à Spider-Man, à Superman et Supergirl. À vrai dire, ces militaires lâchés dans la nature et cet agresseur extra-terrestre biomécanique qui les traque dans la forêt nous évoquent surtout le fameux nanar Robowar qui, malgré sa légendaire médiocrité, avait au moins le mérite de nous distraire avec exubérance, tâche que Murdercycle peine hélas à accomplir.

 

© Gilles Penso


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