Une adaptation du célèbre jeu de société avec Franck Dubosc, Jean Reno, une fille invisible, des super-pouvoirs… et des loups-garous
LOUPS-GAROUS
2024 – FRANCE
Réalisé par François Uzan
Avec Franck Dubosc, Suzanne Clément, Jean Reno, Jonathan Lambert, Grégory Fitoussi, Bruno Gouery, Lisa Do Couto Texeira, Raphael Romand, Alizée Caugnies
THEMA LOUPS-GAROUS I VOYAGES DANS LE TEMPS I POUVOIRS PARANORMAUX I HOMMES INVISIBLES
Depuis 2001, le jeu de société « Les Loups-garous de Thiercelieux » anime les soirées des petits et des grands avec un succès jamais démenti. Créé par Philippe des Pallières et Hervé Marly, cet affrontement ludique entre l’équipe des villageois et celle des lycanthropes s’inspire d’un autre jeu, « Mafia », imaginé en 1986 par le Russe Dimitry Davidoff et décliné depuis sous de nombreuses formes. Fallait-il pour autant essayer d’en tirer un film ? En 2021, déjà, Loups-garous de Josh Ruben adaptait le jeu vidéo inspiré par « Mafia », s’efforçant d’en recréer la mécanique « Cluedo » sur un ton léger. Lorsque François Uzan, réalisateur de la comédie On sourit pour la photo et scénariste de la série Lupin pour Netflix, décide à son tour de s’emparer du sujet, on ne sait honnêtement trop quoi penser d’une telle initiative. L’annonce du casting laisse perplexe : Franck Dubosc et Jean Reno occupent le haut de l’affiche. Tenterait-on de renouer avec l’esprit des Visiteurs tout en cherchant à caresser dans le sens du poil le public friand d’humour simple et franchouillard ? Bizarrement, ce film estampillé Netflix est diffusé conjointement à un programme voisin proposé par Canal + : un jeu de téléréalité tiré lui aussi des « Loups-garous de Thiercelieux ». Cette profusion soudaine de lycanthropes sera-t-elle source de réjouissances pour de public amateur de monstres ? Pas vraiment, hélas.
Le film commence par le portrait d’une famille recomposée et gentiment dysfonctionnelle : Jérôme (Franck Dubosc), professeur de musique, est marié avec Marie (Suzanne Clément), avocate. Chacun a un enfant d’une précédente union ainsi qu’une fille qu’ils ont eue ensemble. C’est moderne, dans l’air du temps, ça parle à tout le monde. Cette petite troupe part à la campagne pour rendre visite à Gilbert (Jean Reno), le père de Jérôme, un bon gars bourru qui souffre de la maladie d’Alzheimer. Jérôme tente d’agrémenter la journée en proposant à tout le monde une bonne vieille partie de « Loup-garou », mais personne ne semble vraiment intéressé. Il range alors la vieille boîte en bois, qui se met soudain à luire bizarrement et à trembler. L’influence de Jumanji n’aura échappé à personne. François Uzan semble d’ailleurs pleinement l’assumer. Après ce qui ressemble à un tremblement de terre, la petite famille se retrouve en plein moyen-âge, dans un village frappé par des attaques nocturnes de loups-garous…
Daniel Baladin et les Baladettes
Nous avions des réserves légitimes sur l’intérêt d’adapter le jeu en film. Et malheureusement, nous avions raison. L’entrée en matière laisse imaginer une petite comédie fantastique légère pas bien finaude, certes, mais au moins distrayante. Même pas. Le scénario sans queue ni tête de ces Loups-garous – qui ne cherche bizarrement pas à capitaliser sur l’essence même du jeu, autrement dit la quête de l’identité des bêtes – nous laisse parfaitement indifférents. Les traits d’humour de Franck Dubosc tentent bien d’égayer cette histoire qui prend l’eau de toutes parts, en vain, même si quelques clins d’œil qui se complaisent dans leur bêtise assumée (« Je suis le baladin Daniel Baladin, et voici les Baladettes ») savent épisodiquement nous dérider. Il ne suffit pas d’accumuler les références aux chanteurs diffusés sur Nostalgie et Chante France (Johnny Hallyday, Céline Dion, Jean-Jacques Goldman, Michel Sardou) pour réussir une comédie. Même les bêtes conçues par les talentueux artistes de l’atelier 69 peinent à nous convaincre. Ni drôles ni effrayantes, affublées d’effets numériques grossiers, ces créatures sont à l’image du film tout entier : incongrues et à côté de la plaque. Loups-garous n’était donc même pas une fausse bonne idée. C’était tout simplement une mauvaise idée. Vivement « Uno : le film », « L’Attaque du Scrabble » et « Les Mille bornes contre-attaquent ».
© Gilles Penso
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