EXTERMINATOR 2 (1984)

Quatre ans après Le Droit de tuer, le vigilante incarné par Robert Ginty revient faire flamber les gangsters de New York…

EXTERMINATOR 2

 

1984 – USA

 

Réalisé par Mark Buntzman et William Sachs

 

Avec Robert Ginty, Mario Van Peebles, Deborah Geffner, Frankie Faison, Scott Randolph, Reggie Rock Blythewood, Bruce Smolanoff, David Buntzman

 

THEMA TUEURS

Exterminator 2 est la suite de The Exterminator. Jusqu’ici, c’est plutôt logique. Pour le public français, les choses ne sont pourtant pas aussi claires dans la mesure où le premier film s’appelle Le Droit de tuer chez nous. Or étrangement, les distributeurs choisissent de ne pas traduire le titre original pour la suite. Cette suite, James Glickenhaus, scénariste et réalisateur du long-métrage original, n’en voulait pas. Pour lui, le parcours tourmenté du héros incarné par Robert Ginty s’arrêtait en 1980 et ne nécessitait aucun prolongement. Mais le succès du Droit de tuer sur le marché international pousse Menahem Golan et Yoram Globus, désormais détenteurs des droits, à produire un second volet. Pour remplacer Glickenhaus, on sollicite Mark Buntzman, qui a participé à la production du Droit de tuer mais n’a encore réalisé aucun film – et n’en réalisera d’ailleurs pas d’autre, étant donnée la douleur dans laquelle fut enfanté Exterminator 2. En effet, rien ne se passe comme prévu pendant la production du film, qui souffre déjà de préparatifs extrêmement courts, une semaine et demie à peine. À mi-parcours du tournage, localisé à New York comme son prédécesseur, les comptables de Cannon Group constatent que le budget, initialement estimé à 1,5 million de dollars, est en train de doubler. Or seulement quarante minutes utiles ont été filmées. Pour sauver les meubles, l’équipe est relocalisée à Los Angeles et Buntzman doit se débrouiller pour que les choses se raccordent au mieux…

L’intrigue s’intéresse une nouvelle fois à John Estland, qui erre toujours dans les rues de New York avec son éternelle veste militaire et sort régulièrement son arsenal (un lance-flammes et un casque de soudeur, conformément à ce que promet le poster du film) pour transformer les petites frappes et les gangsters en torches humaines. Le reste du temps, il flirte avec la danseuse d’un club, Caroline (Deborah Geffner), et traîne un peu avec Be Gee (Frankie Faison), son ancien camarade de régiment pendant la guerre du Vietnam qui travaille désormais comme chauffeur de camion-poubelle. Curieusement, ce personnage semble être le même que celui incarné par Steve James dans le premier film, qui aurait connu un destin différent et aurait changé de visage. Ce n’est pas la moindre bizarrerie de cette séquelle aux gros sabots qui se concentre parallèlement sur les méfaits de X (Mario Van Peebles), un chef de gang caricatural au regard illuminé et aux costumes invraisemblables. « Je suis le messie et vous êtes mes guerriers » déclare-t-il à ses sbires, comme s’il se croyait dans Les Guerriers de la nuit, avant de faire alliance avec un vieux mafieux italien à l’ancienne incarné par David Buntzman, le père du réalisateur. En découvrant le premier montage, Golan et Globus déchantent, absolument pas satisfaits par le résultat. William Sachs, co-scénariste et co-producteur du film, est donc chargé de rafistoler tout ça, quitte à tourner de nouvelles séquences pour obtenir un résultat un peu plus impactant.

Le ramassage des poubelles

Réalisateur habitué au système D (Le Monstre qui vient de l’espace, Galaxina), Sachs décide de multiplier les séquences spectaculaires au cours desquelles John, affublé de son casque et de son lance-flammes, brûle tout ce qui bouge. Robert Ginty étant pris sur un autre tournage, c’est sa doublure qui endosse la panoplie, le montage s’efforçant de donner un peu de cohérence à l’ensemble. On l’aura compris, Exterminator 2 évacue tout le caractère social ou psychologique de son prédécesseur au profit d’un enchaînement de scènes d’action excessives. La quête de réalisme n’est plus d’actualité et le caractère bis est pleinement assumé. D’où cette musique éléphantesque au synthétiseur qui fait pouet-pouet, ce camion transformé en bulldozer/char d’assaut blindé façon Mad Max, ces cadavres calcinés en gros plan, ces costumes qui semblent échappés d’un film italien post-apocalyptique, ces fusillades et ces explosions à gogo, cette scène d’amour filmée comme dans un clip ou encore ce climax absurde bourré de faux raccords. Pas certain que le spectateur comprenne ce qu’on est en train de lui raconter, les dialogues jugent bon d’appuyer le symbole du camion-poubelle qui nettoie les rues de la racaille en faisant dire à Be Gee « On dirait qu’il y a des ordures à ramasser. » Malgré tout, il faut bien avouer que cette série B mal fichue est diablement distrayante et se regarde sans ennui. C’est sans doute ce qu’on appelle un plaisir coupable.

 

© Gilles Penso


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