DEATH STREAMER (2024)

Un vampire moderne enregistre la mise à mort de ses victimes et retransmet en direct ses méfaits sur Internet…

DEATH STREAMER

 

2024 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Sean Ohlman, Aaron McDaniel, Kaitlin Moore, Emma Massalone, Travis Stoner, Chili Jean, Maddy May, Piper Parks, Angel R. Reed, Ashley Lanese

 

THEMA VAMPIRES I SAGA CHARLES BAND

À l’âge vénérable de 72 ans, Charles Band continue inlassablement à produire – et parfois à réaliser – de minuscules séries B d’horreur et de science-fiction pour alimenter le catalogue de sa compagnie Full Moon. Dans la foulée de Quadrant, il signe donc ce Death Streamer qui s’appuie sur la même idée générale : détourner les motifs du cinéma d’épouvante classique en les couplant avec la technologie de pointe, tout en ajoutant un petit soupçon d’érotisme (en gros, Band choisit des actrices qui ne sont pas contre l’idée de finir le film topless). Ainsi, après Jack l’éventreur revisité à travers le prisme de la réalité virtuelle dans Quadrant, voici le vampirisme accommodé à la sauce internet et live streaming. Pilier incontournable de la maison Full Moon depuis le milieu des années 90, Neal Marshall Stevens est chargé d’écrire le scénario, qu’il signe sous l’un de ses pseudonymes habituels, en l’occurrence Roger Barron. Autant avouer qu’il ne se foule pas trop la rate, brodant comme il peut autour d’une idée bizarre développée par Band lui-même. Et comme le réalisateur/producteur aime travailler en famille, il demande à l’un de ses bras droits Ted Nicolaou (par ailleurs réalisateur d’une foule de films pour Full Moon, notamment la saga Subspecies) de s’occuper du montage. Death Streamer se concocte donc en petit comité dans une ambiance de confiance mutuelle.

Death Streamer commence dans un club privé, le « Hellfire House », où se tient une soirée libertine façon Eyes Wide Shut reconstituée avec un budget famélique. Charles Band filme donc une petite dizaine de figurants qui se trémoussent mollement. Le maître des lieux est un homme ténébreux répondant au nom d’Arturo Valenor. Il s’agit d’un vampire dont le mode opératoire varie peu. Avec l’assistance d’un serviteur massif au masque de cuir et d’une barmaid en tenue SM, il attire des jeunes femmes dans son antre, leur fait boire un cocktail qui contient un peu de son propre sang puis plante ses crocs dans leur cou. Petit élément insolite : Valenor enregistre tous ses méfaits et les diffuse sur Internet en temps réel, grâce à une paire de lunettes connectées, augmentant sans cesse son nombre de vues et d’abonnés. Aurions-nous là affaire à un nouveau type de vampire « influenceur », mi tiktokeur mi-instagrameur ? Toujours est-il que ce flux vidéo sanglant, cantonné jusqu’alors au dark web, tombe un jour sous les yeux de trois animateurs d’une émission consacrée aux phénomènes paranormaux, « Church of Chills ». Pour s’attirer un maximum de followers, ils décident de retransmettre ce programme vers le grand public. Or notre vampire moderne apprécie très peu cette réappropriation de son propre « show »…

Vampirodrome

Il y a bien un embryon d’idée intéressante dans ce script, celle d’un vampire qui profite d’Internet pour élargir son culte de manière exponentielle. Le principe de ce programme malsain et viral aurait pu positionner le film comme une satire des dérives des réseaux sociaux, tout en proposant une sorte de variante vampirique de Videodrome décrivant l’altération des spectateurs soumis à la diffusion des mises à mort saignantes. Mais les ambitions de Charles Band ne vont pas si loin. Lui-même semble d’ailleurs croire à peine à l’histoire qu’il raconte. Il suffit de voir le manque de crédibilité de ces trois youtubeurs du paranormal qui vivent et campent 24 heures sur 24 dans une église où ils se sont installés et se chamaillent sans cesse au fil de dialogues dénués d’intérêt. Pour faire office de remplissage, Band nous assène au passage de très larges extraits de leur émission fictive sans que l’intrigue y gagne quoi que ce soit. Le vampire lui-même, incarné par le fort peu charismatique Sean Ohlman, n’est ni effrayant ni séduisant, malgré ce que tente de nous faire croire le film. Et que dire de ces effets numériques bon marché montrant les yeux du monstre qui flottent dans le ciel ou des jets d’hémoglobine pixellisés ? Voilà donc un ajout extrêmement mineur au catalogue Full Moon, que seuls les spectateurs les plus curieux chercheront à se mettre sous la dent.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article