CONTES MACABRES : LA REINE DU CHÂTEAU (1998)

Un étudiant teste un jeu vidéo d’un nouveau genre et se retrouve propulsé en plein moyen-âge, face à trois châtelaines peu insensibles à ses charmes…

LURID TALES : THE CASTLE QUEEN

 

1998 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Shannon Dow Smith, Kim Sill, Cristi Harris, Betsy Lynn George, Mihaela Mihut, Grenguta Hariton, Andreea Macelaru, Maria Zamfirescu, Cristina Stoica

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I MONDES VIRTUELS ET PARALLÈLES I SAGA CHARLES BAND

Contes macabres : la reine du château est le dernier film produit par Full Moon pour le label Torchlight Entertainment. Cette petite collection de films érotico-fantastiques commença à alimenter timidement les bacs vidéo à partir de 1993 sans toutefois parvenir à installer durablement la marque. Paramount Pictures, qui assurait jusqu’alors la distribution en vidéo des films Full Moon, cessa quelques années plus tard sa collaboration avec le producteur Charles Band et entraîna donc la fin du label Torchlight. Tournée en Roumanie dans la foulée de Petticoat Planet, cette histoire de voyage dans le temps polissonne fut un temps envisagée comme une comédie dans l’esprit de L’Excellente aventure de Bill et Ted, avant que le scénario n’opte finalement pour une approche au premier degré. L’une des idées de Charles Band était de lancer une nouvelle anthologie, La Reine du château étant le premier opus de ces Contes macabres. Finalement, la tentative restera isolée. L’adjectif « macabre » (« lurid » en anglais) semble d’ailleurs un peu hors-sujet. Car si ce titre évoque Les Contes de la crypte ou Creepshow, nous avons plutôt affaire ici à une aventure digne d’un roman à l’eau de rose façon collection Harlequin, dans laquelle aurait été saupoudré un érotisme bon chic bon genre, le tout sur un postulat qui n’est pas sans évoquer « Un Yankee à la cour du roi Arthur » de Mark Twain. Drôle de cocktail, en vérité.

Shannon Dow Smith entre dans la peau de Thomas Dunsmore, un étudiant qui sèche sur son devoir d’économie, perdu au milieu de ses livres dans un café. Pour lever un peu le nez de ses cours et se changer les idées, il s’offre une escapade dans une salle d’arcades, de l’autre côté de la rue. Bizarrement, tous ces décors contemporains semblent déjà anciens. Le café donne l’impression d’avoir été installé dans une auberge médiévale et la salle de jeux vidéo ne ressemble à rien de ce qu’on imagine. Au lieu d’un espace high-tech coloré, nous voilà dans une pièce étrange éclairée à la bougie, tenue par une jeune femme aux allures d’escort girl. Le réalisateur David DeCoteau installe d’emblée une atmosphère décalée, comme pour mieux nous faire comprendre que le réalisme n’a aucun droit de cité dans son film. Thomas s’assoit bientôt sur un trône, enfile un casque de réalité virtuelle qui semble bricolé avec un serre-tête et quelques fils électriques… et se retrouve soudain propulsé en plein moyen-âge.

La chair et le gland

S’agit-il d’un voyage dans le temps, d’une immersion dans un monde virtuel ou du fruit de l’imagination surchauffée du jeune homme ? Nous n’en savons rien, et le scénario ne cherche pas spécialement à nous éclairer sur le sujet, plutôt enclin à nous présenter les trois femmes qui seront bientôt les partenaires de galipettes de Thomas. Car ce dernier a atterri sur les terres de Lady Dorset (Kim Sill), veuve depuis que son époux est tombé au combat. Mais il faut croire que le deuil ne pèse pas trop lourd sur sa vertu, si l’on en croit les œillades langoureuses qu’elle lance au nouveau venu. Ses deux sœurs cadettes (Christi Harris et Betsy Lynn George) n’en pensent pas moins. Le film s’apprête alors à enchaîner une petite série de vignettes libertines au cours desquelles le brave Thomas a la lourde charge de donner des leçons d’amour aux trois sœurs. DeCoteau expose comme il peut la « production value » à sa disposition (un beau décor de château médiéval, de la figuration en costume, des cavalcades à cheval filmées à la grue) mais l’on sent bien que ce décorum n’a pas une grande importance. Nimbés dans une mise en forme datée de téléfilm érotique des années 90 (flou artistique, bougies aux lueurs diffuses, musiquette au piano synthétique), plombés par de longues scènes de dialogue cherchant inutilement à nous intéresser aux états d’âme des personnages, ces Contes Macabres fixent clairement les limites de la formule Torchlight. Achevé en 1994, le film ne sortira d’ailleurs qu’en 1998 dans une indifférence polie.

 

© Gilles Penso


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