Cette histoire de voyage dans le temps conçue pour un jeune public est bricolée avec un budget minuscule par le neveu de Francis Ford Coppola…
CLOCKMAKER / TIMEKEEPER
1998 – USA
Réalisé par Christopher Coppola
Avec Anthony Medwetz, Katie Johnston, Zachary McLemore, Pierrino Mascarino, Daisy Nystul, Tom Gulager, Eugen Cristea, Florin Chiriac, Petre Moraru
THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA CHARLES BAND
Si un certain Christopher Rémy est officiellement crédité comme réalisateur de Clockmaker, ce pseudonyme cache en réalité Christopher Coppola. Neveu de Francis Ford, cousin de Sofia, frère de Nicolas Cage, ce Coppola peu connu du grand public avait jusqu’alors signé quelques séries B anecdotiques comme le film d’horreur Dracula’s Widow, le polar Dead Fall : Les Pros de l’arnaque ou le western Gunfight at Red Dog Corral. Le grand Francis ayant lui-même fait ses premières armes chez Roger Corman, le parcours de Christopher Coppola n’est pas plus honteux qu’un autre. Si ce n’est que notre homme n’aura jamais réussi à sortir du ghetto des petits budgets sans éclat. Et ce n’est pas Clockmaker, film pour enfants conçu pour le label « Pulsepounders » du producteur Charles Band et destiné directement au marché vidéo, qui changera la donne. Tourné en Roumanie, comme une très grande partie des productions de Charles Band depuis 1991, Clockmaker s’intéresse à trois gamins qui vivent dans le même immeuble : Henry (Anthony Medwetz), Mary Beth (Katie Johnston) et Devon (Zachary McLemore). En traînant nonchalamment sur le palier, le trio s’interroge sur le comportement bizarre et les activités obscures de Monsieur Markham (Pierrino Mascarino), leur voisin qui vit au troisième étage.
Profitant du fait que Markham a laissé tomber par mégarde sa clé dans la rue, tous trois décident d’aller se faufiler chez lui pour vérifier leurs théories volontiers conspirationnistes. Après avoir déjoué les pièges improbables disséminés dans son appartement (un immense pendule qui se balance, des engrenages géants qui bloquent les issues en tournant sur eux-mêmes, des trappes, des lances en forme d’aiguilles de montres), ils découvrent un lieu austère empli d’horloges qui tictaquent inlassablement ainsi qu’une étrange machine lambrissée qui s’avère être un portail temporel. Ils y pénètrent, et dès lors ils bouleversent complètement le fameux continuum de l’espace-temps cher à ce bon vieux Emmet Brown. Pour réparer leur erreur et remettre le monde dans l’ordre, il va leur falloir se propulser jusqu’en 1880, un voyage qui ne sera pas sans dangers…
Temps perdu
On ne peut pas reprocher à Clockmaker son manque d’idées. Le scénario de Benjamin Carr regorge de rebondissements, de paradoxes temporels savoureux et de dialogues amusants, notamment lors de cette séquence où l’un des enfants essaie désespérément de faire comprendre à un savant du dix-neuvième siècle le principe des ordinateurs. Mais la mise en scène de Coppola n’arrive pas du tout à suivre. Le réalisateur tente pourtant la carte de l’originalité, truffant son film de cadrages bizarres, d’angles de vue en plongée et en contre-plongée, de plans obliques, de scènes en caméra portée au grand angle… Mais cette tentative de stylisation extrême tombe totalement à plat, donnant le sentiment d’une mise en scène confuse et maladroite aux lisières de l’amateurisme. Il faut dire que le manque cruel de moyens saute aux yeux dès les premières minutes. Les décors sont banals, la lumière hideuse, les costumes bricolés à la va-vite, les accessoires risibles, la musique atroce… Bref rien ne va, surtout dans la partie du film qui se situe dans un monde présent alternatif devenu totalitaire. Le concept est intéressant – l’intrusion d’un manuel technique informatique dans les années 1880 a changé le cours de l’histoire – mais la mise en image fait peine à voir. Bref, voilà une occasion ratée à côté de laquelle n’importe quel film du catalogue Moonbeam de Charles Band – Prehysteria, Le Château du petit dragon, La Boutique fantastique – passerait pour un chef d’œuvre.
© Gilles Penso
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