CARVED (2024)

Pendant les préparatifs d’Halloween dans une petite ville américaine, une citrouille mutante se met à massacrer la population…

CARVED

 

2024 – USA

 

Réalisé par Justin Harding

 

Avec Peyton Elizabeth Lee, Corey Fogelmanis, Carla Jimenez, Elvis Nolasco, Jonah Less, Wyatt Lindner, Sasha Mason, Marc Sully Saint-Fleur, Jackson Kelly

 

THEMA VÉGÉTAUX

Et si les citrouilles en avaient assez d’être défigurées pour les festivités d’Halloween et décidaient de se venger des humains ? Tel est le point de départ absurde duquel est parti Justin Harding pour mettre sur pied Carved, version longue d’un court-métrage qu’il avait réalisé en 2018. Après La Petite boutique des horreurs et L’Attaque des tomates tueuses, autant dire que les spectateurs ne s’étonnent plus de rien, question végétaux agressifs. Nous étions tout de même curieux de savoir si le réalisateur, dont il s’agit du second long-métrage après Making Monsters, allait pouvoir tenir les 90 minutes règlementaires sur un pitch aussi délirant. Après tout, le Carved original ne durait que 5 minutes, ce qui semblait amplement suffisant pour pousser jusqu’au bout son concept. Pour revisiter son propre travail, Harding imagine toute une galerie de nouveaux personnages qu’il réunit dans la petite ville de Cedar Creeks, dans le Maine, en pleins préparatifs des festivités d’Halloween, à la fin du mois d’octobre de 1993. Alors que l’ambiance est à la reconstitution historique, avec au programme une pièce de théâtre en costumes, des décorations dans toutes les rues et un concours de sculptures de citrouilles, un vieux drame que tout le monde voudrait oublier refait surface.

Quelques années plus tôt, en effet, un train a déraillé dans la ville, provoquant plusieurs morts et le déversement de déchets toxiques dans les terres voisines. Un reporter d’investigation envoyé par la chaîne UP24 tient absolument à rappeler la catastrophe et à susciter le scandale, s’entêtant à aborder les sujets sensibles et déplaisants alors que les habitants préfèreraient se concentrer sur la fête à la citrouille. Un marchand ambulant de maïs grillé, déguisé en épi géant et accroc aux space cakes, découvre justement dans un champ une bien étrange citrouille, surdimensionnée, boursouflée et presque grimaçante. C’est selon lui une candidate idéale au concours de sculpture dont le vainqueur remportera un prix de cinquante dollars. Mais cette citrouille n’est pas comme les autres. Ayant muté à la suite de la catastrophe ferroviaire, elle a développé des sentiments et une rancœur tenace contre tous ceux qui tailladent ses congénères. Le soir venu, elle décide de se venger des humains de la manière la plus sanglante possible…

Où cours-je ?

Cette citrouille vengeresse est sans conteste le personnage le plus intéressant du film. Conçue principalement à l’aide d’effets spéciaux physique, même si l’image de synthèse vient en renfort dès que ses mutations prennent des proportions trop complexes, elle se déplace sur ses racines comme une araignée et les balance vers ses victimes à la manière de tentacules. Malheureusement, les situations finissent par se répéter et le scénario se met rapidement à piétiner. D’autant que les protagonistes que Justin Harding met en scène se contentent d’obéir à des archétypes caricaturaux. Un soupçon de caractérisation supplémentaire aurait grandement aidé les spectateurs à entrer en empathie avec cette poignée de survivants. Leurs petites intrigues amicales ou sentimentales nous semblent trop superficielles pour fonctionner, preuve que Carved ne sait pas trop sur quel pied danser. Trop conformiste pour être le nanar éléphantesque que son concept laisse imaginer, trop exubérant pour être pris au sérieux, il navigue entre deux eaux et reste désespérément « tiède ». Pourtant, en quelques moments inspirés, Harding fait des étincelles, notamment lorsqu’il se laisse aller à des écarts gore réjouissants ou lorsqu’il place dans la bouche de ses acteurs des répliques joyeusement ridicules (le couple qui se parle avec des phrases empruntées aux chansons de Bryan Adams). Dommage que le potentiel fou du film n’ait pas été exploité de manière plus concluante.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article