ALIEN ABDUCTION : FANTASMES D’UN AUTRE MONDE (1996)

Cinq jeunes femmes se retrouvent dans un sauna pour évoquer leurs souvenirs intimes dont certains semblent liés à une visite extra-terrestre…

ALIEN ABDUCTION : INTIMATE SECRETS / FORBIDDEN ZONE : ALIEN ABDUCTION

 

1996 – USA

 

Réalisé par Lucian S. Diamonde

 

Avec Meredyth Holmes, Darcy DeMoss, Pia Reyes, Dimitrii Bogomaz, Carmen Lacatus, Alina Chivulescu, Floriela Grappini, Florin Chiriac, Valentin Lucia

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND

Alien Abduction : Fantasmes d’un autre monde ressemble étrangement à une version érotique de Steaming, le dernier long-métrage de Joseph Losey qui mettait en scène un groupe de femmes échangeant leurs confidences et leurs états d’âme dans la chaleur moite d’un bain turc londonien (d’après la pièce de théâtre de Nell Dunn). Réalisée par Lucian S. Diamonde (pseudonyme de Mark Manos, qui signa dans une veine légèrement similaire Huntress : l’esprit de la nuit), cette série B tournée en Roumanie et produite par Charles Band sous le label Twilight semble donc se réapproprier le même argument que Losey en dénudant chaque fois que possible ses actrices et en intégrant dans le récit un élément de pure science-fiction. Le sauna mis en scène dans Alien Abduction accueille d’abord la blonde Veronica (Meredyth Holmes) qui semble d’emblée frappée par une hallucination sensuelle qui la laisse dans un état semi-fiévreux. Quatre de ses amis la rejoignent et commencent à évoquer quelques-unes de leurs expériences sexuelles. L’une (Alina Chivulescu) raconte ainsi le souvenir d’un massage émoustillant (flashback à l’appui), l’autre (Carmen Lacatus) une rencontre torride (et manifestement fantasmée) avec un motard de la police. À ce stade, il nous semble donc entrer dans la mécanique du film à sketches gentiment polisson.

Mais lorsque les trois autres amies livrent à leur tour leurs petits secrets – dont il est difficile de savoir s’ils sont réels ou imaginaires -, les choses se compliquent. En effet, Tedra (Pia Reyes) se remémore une rencontre bizarre avec un séduisant médecin taciturne qui la conduisit dans un décor de saloon de western puis dans une grange, tandis que Sheri (Darcy DeMoss) se rappelle d’un étranger croisé dans la forêt puis d’une sorte de combat de catch situé dans un univers SM indéfinissable. En creusant un peu, les deux jeunes femmes se rendent compte que ces anecdotes un peu floues se sont déroulées la même nuit, au moment où elles étaient en voiture avec Veronica et qu’elles aperçurent des lueurs étranges dans le ciel. Selon Veronica, il n’y a qu’une explication possible : elles ont été enlevées ensemble par une entité extra-terrestre qui les a soumises à une expérience sexuelle et a projeté dans leur esprit des images mentales. Cette interprétation des faits semble absurde, mais plusieurs détails troublants semblent finalement la corroborer…

Sex-Files

Ainsi, le scénario alambiqué d’Alien Abduction prend une tournure tout à fait inattendue. Si le film peut être appréhendé comme un simple prétexte pour valoriser l’anatomie de ses actrices et les montrer simuler l’acte d’amour dans toutes sortes de décors, de tenues et de situations, cette seconde couche science-fictionnelle offre une lecture intéressante qui pousse les spectateurs à tenter d’assembler les pièces du puzzle jusqu’à une chute savoureusement ironique qui entérine définitivement la théorie extra-terrestre. Alien Abduction : Fantasmes d’un autre monde nous offre donc plus que ce que nous attendions, d’autant que les cinq comédiennes jouent leur rôle avec suffisamment de conviction pour que nous nous intéressions à elles (et pas seulement à leurs galipettes) et que le film sait distiller des images insolites perturbantes comme cette femme enfermée dans une écurie comme une bête et harnachée avec une selle. En prime, l’acteur choisi pour incarner le visiteur d’un autre monde, Dimitrii Bogomaz (qui apparaissait dans le second volet de la saga Josh Kirby : Time Warrior !), possède un regard hypnotisant, des traits émaciés et une allure bizarrement chétive qui nous feraient presque croire à son origine extra-terrestre. Après sa première exploitation en vidéo, le film fut redistribué sous le titre Forbidden Zone : Alien Abduction, ce qui entraîna parfois une confusion (volontaire ?) avec le Forbidden Zone de Richard Elfman.

 

© Gilles Penso


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