X-FILES – LE FILM (1998)

Mulder et Scully passent du petit au grand écran pour poursuivre leurs investigations liées aux rencontres du troisième type…

THE X-FILES : FIGHT THE FUTURE

 

1998 – USA

 

Réalisé par Rob Bowman

 

Avec David Duchovny, Gillian Anderson, John Neville, Martin Landau, William B. Davis, Blythe Danner, Mitch Pileggi, Jeffrey DeMunn, Terry O’Quinn, Armin Mueller-Stahl

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Pour ne pas émousser le succès des X-Files, Chris Carter envisage de mettre fin à la série à la fin de la cinquième saison et de poursuivre les aventures de ses agents du FBI à travers plusieurs longs-métrages destinés au cinéma. Mais le réseau Fox n’entend pas interrompre un show aussi rentable et préfère jouer les prolongations, même si le créateur de Mulder et Scully sent bien qu’il est arrivé au bout d’un cycle. Voilà sans doute ce qui explique le net infléchissement qualitatif de la série à partir de la fin des années 90. Fox propose donc à Carter d’écrire un film conçu pour établir un lien entre la quatrième et la cinquième saison, sachant que le débarquement de David Duchovny et Gillian Anderson sur les grands écrans sera forcément vécu comme un événement… et devrait donc logiquement remplir les tiroir-caisse des salles de cinéma. Carter s’attèle à la tache non sans mal, le passage du format télé à celui d’un long n’étant pas si simple. La mise en scène de X-Files – le film est confiée à Rob Bowman, un habitué de la série qui a réalisé quelques-uns de ses épisodes les plus marquants. Bowman s’était déjà frotté au cinéma avec la comédie sportive Airborne mais passe ici à la vitesse supérieure, ce qui lui permettra de diriger par la suite les blockbusters Le Règne du feu et Elektra. Le planning de la série étant très serré, le réalisateur n’a que dix semaines pour boucler son tournage, une véritable gageure si l’on tient compte des ambitions du film.

Dans une atmosphère insolite à mi-chemin entre La Guerre du feu et The Thing, le film s’ouvre 35 000 ans avant JC dans le Texas du Nord. Deux hommes préhistoriques découvrent sous la glace une grotte qui abrite une entité extra-terrestre agressive. Mortellement blessée, la créature occis l’un des Néandertaliens et contamine l’autre avec un liquide noir et poisseux qui s’écoule de son corps. Un bond en avant nous transporte de nos jours. Quatre gamins se retrouvent sur le même site et libèrent accidentellement la redoutable substance extra-terrestre. Fox Mulder et Dana Scully, eux, se cantonnent à des missions très terre à terre depuis la fermeture du bureau des affaires non classées. Les voilà ainsi à la recherche d’une bombe qui aurait été camouflée dans un bâtiment fédéral de Dallas. L’adrénaline que suscite une telle situation permet à la dynamique habituelle du duo de se remettre en place (le raisonnement cartésien et rationnel de l’une s’opposant au caractère fantasque et désinvolte de l’autre). Or cette alerte à la bombe est directement liée à la découverte de la grotte souterraine. Malgré la cessation officielle de leurs activités liées aux phénomènes inexpliqués, Mulder et Scully se lancent donc dans une enquête clandestine et mettent à jour un projet gouvernemental de guerre bactériologique visant à la propagation d’un virus venu d’une autre planète…

Un épisode bonus

L’exercice n’était pas simple. Si Chris Carter et Rob Bowman avaient trop élargi le scope du film et leurs ambitions filmiques, ils n’auraient pas été à l’abri de levers de boucliers de la part de cohortes de fans fâchés de voir leur show favori trahi et dénaturé. Si au contraire ils avaient conservé la mécanique habituelle de la série sans trop changer les ingrédients qui firent son succès, ils n’auraient rien proposé d’autre qu’un épisode rallongé. Pour trouver le juste équilibre, ils se plient donc à de nombreux compromis et livrent – c’était à craindre – un résultat un peu lisse. Retrouver le couple vedette et un certain nombre de personnages récurrents (Skinner, l’homme à la cigarette, les Lone Gunmen) est certes toujours agréable, mais l’intérêt est surtout attisé par les nouveaux visages qu’ils côtoient, comme ce bon vieux Martin Landau (dans le rôle d’un complotiste tellement paranoïaque qu’il ferait presque passer Mulder pour un modèle de scepticisme) ou Terry O’Quinn dans une apparition brève mais marquante. On pourra regretter les facilités scénaristiques qui permettent à nos héros d’accéder un peu trop facilement à des sites qui devraient logiquement être ultra-sécurisés et à trouver sans trop de difficultés l’équivalent d’une aiguille dans une botte de foin. C’est le problème majeur du climax qui déploie certes un décor de vaisseau spatial très photogénique mais cède aux rebondissements capillotractés. On apprécie malgré tout le clin d’œil à La Mort aux trousses (la poursuite par des hélicoptères dans un grand champ de maïs) et à Independence Day (Mulder soulageant sa vessie sur le poster du film, ce que Roland Emmerich n’aurait que très moyennement apprécié !). Cet « épisode bonus » n’apporte donc rien de fondamental aux X-Files mais remplit sa mission première : une transition efficace entre la quatrième et la cinquième saison.

 

© Gilles Penso


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