TERREUR VAUDOU (1988)

Un garde du corps équipé de gadgets improbables se heurte à des mercenaires armés jusqu’aux dents et à des praticiens de cérémonies vaudou…

THE OCCULTIST

 

1988 – USA

 

Réalisé par Tim Kincaid

 

Avec Rick Gianasi, Joe Derrig, Richard Mooney, Jennifer Kanter, Mizan Kirby, Matt Mitler, Anibal O. Lleras, Betty Vaughn, Kate Goldsborough, Doug Delauder

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA CHARLES BAND

Terreur Vaudou est un film tellement bizarre et invraisemblable que même son distributeur ne sut jamais comment correctement en faire la promotion. Au gré des différents posters et jaquettes qui lui furent consacrés, il nous semble avoir affaire à un film d’horreur sanglant, un thriller de science-fiction post-Terminator, une comédie polissonne agrémentée d’éléments surnaturels ou encore un film noir avec détective privé au feutre mou et femme fatale sexy. Or si ce film improbable cultive effectivement des éléments de science-fiction et d’épouvante avec une pincée d’humour, d’espionnage industriel et d’enquête policière, aucun de ces visuels hautement fantaisistes ne lui rend justice, et pour cause : Terreur Vaudou est une véritable foire d’empoigne qui part dans tous les sens et nous laisse en fin de visionnage dans un état hébété, incapables de comprendre ce que nous venons de voir. Habitué aux séries Z mal-fichues s’efforçant avec une maladresse désarmante de surfer sur les succès des années 80, l’auteur et réalisateur Tim Kincaid avait déjà signé quelques sympathiques nanars comme L’Hybride infernal, Robot Holocaust et Robot Killer. Nous savions donc qu’il nous fallait nous méfier. Mais rien ne nous préparait pour autant à cet indescriptible Terreur Vaudou.

Dès l’entame, une étrange cérémonie vaudou se déroule quelque part dans New York. La sorcière Mama Dora (Betty Vaughn) s’agite avec hystérie, les danseurs en transe bougent frénétiquement à ses côtés, un couple se dénude et fait l’amour, puis un homme est soudain écorché vif et se met à hurler. Il nous semble donc comprendre que nous avons affaire à un film d’horreur sur fond d’occultisme, ce que laisse entendre le titre original. Puis soudain, changement de décor et d’angle scénaristique : la société Sanford Security Systems, spécialisée dans la protection haut de gamme des entreprises, connaît de graves difficultés financières. Nouvellement nommé à sa tête, Barney Sanford (Joe Derrig) doit trouver le moyen d’élargir sa clientèle. Or l’île tropicale de San Caribe, au bord de la révolution, a besoin d’un garde du corps pour protéger son président. Sanford embauche donc Waldo Warren, un mercenaire d’un genre très particulier qui n’a pas froid aux yeux. Il faut dire que son interprète, le « gros bras » Rick Gianasi, se battait déjà contre des cyborgs tueurs dans Robot Killer, donc il en a vu d’autres. Une société concurrente étant aussi sur le coup, le film prend visiblement les allures d’une sorte de thriller sur fond d’espionnage industriel. Mais bientôt, Warren montre des capacités physiques inattendues, variante surréaliste de celles de L’Homme qui valait trois milliards. Nous nageons alors d’un seul coup en pleine science-fiction…

Un coup de braguette magique

Car tenez-vous bien, notre musclor stoïque et inexpressif est doté de pistolets greffés partout dans son corps. Il peut donc tirer sur ses ennemis avec ses doigts, avec ses pieds ou avec son pénis… Oui, vous avez bien lu ! D’où une séquence impensable où trois des personnages principaux discutent tranquillement dans une pissotière, visiblement peu troublés par un massacre sanglant auquel ils viennent d’assister, jusqu’à ce que Waldo abatte tous ses assaillants au cours d’une fusillade effrénée avant de remonter sa braguette. Il faut le voir pour le croire. Le reste du temps, Terreur Vaudou enchaîne des scènes bizarres qui semblent déconnectées les unes des autres : une terroriste qui place une bombe dans le dos d’une femme pour la faire exploser, un dialogue absurde au cours duquel une employée de Sanford Security accumule les bourdes avec un colonel (un passage qu’on imagine conçu pour être comique), un homme au visage déchiqueté qui se fait dépecer vivant par la prêtresse vaudou… Entre deux scènes de combat à peu près aussi risibles que celles de Robot Killer, de longs dialogues entre les personnages évoquent les enjeux politico-financiers de l’installation de systèmes de sécurité sur l’île de San Caribe… Bref, si quelqu’un a compris quelque chose à ce film, il est prié de se faire connaître pour en faire profiter les autres.

 

© Gilles Penso


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