MORGANA (1995)

Un groupe de vampires sophistiqués cache ses activités sous la couverture d’une agence de mannequins et d’escort-girls de Los Angeles…

BLONDE HEAVEN / MORGANA

 

1995 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Julie Strain, Raelyn Saalman, Michelle Bauer, Joe Estevez, Alton Butler, Jason Clow, Mary Tudor, Janine Stillo, Danny Resko, Scott Anthony, Monique Parent

 

THEMA VAMPIRES I SAGA CHARLES BAND

Spécialisé dans l’horreur et la science-fiction à petit budget, le producteur Charles Band décide au milieu des années 90 d’ajouter un ingrédient à son cocktail habituel pour alimenter les bacs vidéo : l’érotisme. Ainsi sont initiés des titres sulfureux comme Les Créatures de l’au-delà, Fantasmes sous contrôle ou Huntress. Morgana s’inscrit dans le même esprit, autrement dit un argument vaguement fantastique qui sert de prétexte à un enchaînement de séquences olé olé. Le projet s’intitule à l’origine Dressed for Dark et Brigitte Nielsen est censée en tenir le rôle principal. Mais le scénario ne cesse de changer, le film est repoussé plusieurs fois et l’ex-madame Stallone finit par passer son tour. C’est une actrice tout autant athlétique, Julie Strain (Y’a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?, Le Flic de Beverly Hills 3), qui la remplace. Habitué à filmer de la gaudriole, David DeCoteau accepte de réaliser le film, qui sera finalement rebaptisé Blonde Heaven, à condition d’utiliser le pseudonyme d’Ellen Cabot (qu’il dégaine généralement lorsqu’il n’est pas très fier de ce qu’il fait). Le film est tourné en huit jours sur les mêmes plateaux que deux productions Charles Band destinées à un public familial (Jack et le haricot magique et Shrunken Heads), pour une sortie planifiée en 1995.

Dans le Los Angeles de 2001, un groupe de vampires très élégants (avec lunettes noires, grands manteaux sombres et brushings impeccables) cache ses activités sanglantes sous l’apparence d’une agence de mannequins et d’escortes connue sous le nom de Blonde Heaven (« Le paradis blond »). La chef de ces vampires new-look, Illyana (Julie Strain), se prend d’affection pour leur nouvelle recrue, Angie (Raelyn Saalman), une jeune femme venue d’Oklahoma qui gagne sa vie comme serveuse et qui rêve de percer à Hollywood. Mais le petit-ami d’Angie, Kyle (Alton Butler), qui ne se sépare presque jamais de son chapeau de cowboy, l’a suivie jusqu’à L.A. et regarde d’un très mauvais œil cette étrange agence enigmatique. Avec l’aide d’un chasseur de vampires recruté dans un cinéma de quartier, Pluto (Jason Clow), il va tenter de percer à jour les suceurs de sang et d’arracher Angie à leurs griffes…

Le paradis blond

Pendant ses dix premières minutes, le film enchaîne les longues scènes de parties de jambes en l’air, de strip-teases et de douches langoureuses sans que l’intrigue ne se décide à avancer d’un pouce. Nous comprenons donc assez rapidement l’ambition de ce film, bien moins motivé par l’envie de bâtir une intrigue palpitante que par celle de dévêtir toutes ses actrices devant la caméra. Les séquences de cet acabit se répètent donc inlassablement, notamment une interminable soirée mondaine où les escort girls se trémoussent devant des types en slip ! Du haut de son mètre 85, Julie Strain domine l’ensemble du casting de manière impressionnante, donnant l’impression que tous les autres acteurs sont des Lilliputiens. Son personnage se révèle capable de changer d’apparence, notamment de se faire passer pour un homme (entièrement « équipé » si l’on en juge les scènes d’accouplement qui s’ensuivent), ce qui nous change un peu des vampires habituels. Il y a certes une idée intéressante dans ce scénario, celle du vampirisme comme solution pour qu’une star reste jeune et belle pour l’éternité. Mais elle n’est jamais traitée frontalement, le script se résumant à trois lignes de dialogues et d’innombrables scènes de fesses. Suite à des problèmes avec son distributeur, Blonde Heaven ne sera vendu qu’à une poignée de chaînes de TV locales et disparaîtra de la circulation. Sept ans plus tard, Charles Band le ressortira sous un autre titre, Morgana, et l’exploitera en VHS et en DVD pour lui offrir une seconde vie. Et c’est sous ce titre qu’il est désormais connu… même si aucun personnage du film ne s’appelle Morgana !

 

© Gilles Penso


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