LES MORTS HAÏSSENT LES VIVANTS (2000)

La petite équipe de tournage d’un film d’horreur s’installe dans un hôpital abandonné et tombe sur de véritables zombies…

THE DEAD HATE THE LIVING

 

2000 – USA

 

Réalisé par Dave Parker

 

Avec Eric Clawson, Jamie Donahue, Brett Beardslee, Wendy Speake, Benjamin P. Morris, Rick Irwin, David Douglas, Matt Stephens, Kimberly Pullis

 

THEMA ZOMBIES I SAGA CHARLES BAND

Homme à tout faire pour la compagnie Full Moon depuis 1992, Dave Parker avait participé à l’écriture de projets divers (dont la plupart n’aboutirent pas, notamment la trilogie Puppet Wars) et fait office de réalisateur de deuxième équipe sur des films comme Kraa ! The Sea Monster. Mais son désir le plus ardent était de réaliser son propre long-métrage au sein de la compagnie. Ce rêve se concrétisa avec Les Morts haïssent les vivants. Au départ, ce film n’existe que sous la forme d’un titre et d’un poster (un zombie en décomposition qui attaque une jeune femme court-vêtue, comme sur une couverture de EC Comics). Le scénariste Benjamin Carr et le réalisateur David DeCoteau sont chargés de concrétiser ce projet à la demande du producteur Charles Band. « Dans un geste que je n’ai jamais vu se reproduire nulle part, David est allé voir Charles Band et lui a dit qu’il devait me laisser réaliser ce film », raconte Parker. « Heureusement pour moi, Charlie s’est mis d’accord avec David et a accepté que j’en sois le metteur en scène. » (1) Ce baptême du feu est une bénédiction pour le réalisateur novice, même si se retrouver seul aux commandes d’un film aussi ambitieux avec un budget ridicule et seulement dix jours de tournage pourrait ressembler à un cadeau empoisonné.

Les morts haïssent les vivants s’intéresse à une petite équipe de tournage venue réaliser un film d’horreur indépendant dans une sorte d’hôpital/laboratoire visiblement abandonné depuis de nombreuses années. Le décor est idéal mais le réalisateur David (Eric Clawson) doit composer avec les états d’âmes de ses deux sœurs, Shelly (Wendy Speake) et Nina (Kimberly Pullis), qui veulent toutes deux être la star du film. Les jeunes artistes en charge des effets spéciaux, Paul (Brett Beardslee) et Marcus (Rick Irwin), sont pleinement acquis à la cause du film, tout comme l’apprenti acteur Eric (Benjamin P. Morris), qui espère s’en servir de tremplin pour une carrière plus sérieuse, le chef opérateur excentrique Chas (David Douglas) et la régisseuse Topaz (Jamie Donahue) qui ne laisse pas indifférent le metteur en scène. Malgré certaines tensions, le tournage se déroule bien, jusqu’à la découverte sur place d’une sorte de grand cercueil orné d’une étrange sculpture. David décide d’en tirer parti pour son film, mais ce qui se trouve à l’intérieur va sérieusement faire dégénérer la situation…

Ça tourne à Zombieland

Chaque séquence du film laisse transpirer l’amour que Dave Parker a pour le cinéma d’horreur, quitte à multiplier les clins d’œil au fil des dialogues de ses protagonistes (à George Romero, Tom Savini, Sam Raimi, David Warbeck, Dick Miller, Gianetto de Rossi) ou à les saupoudrer au fil de l’action (un autocollant « Lucio Fulci Lives ! », une reprise du trucage de la machette de Zombie). Cette surcharge de références n’entrave pas le cours du récit, bien au contraire, puisque les personnages sont eux-mêmes des amateurs du genre désireux de percer dans le milieu. D’où un intéressant effet de mise en abyme qui n’est pas sans annoncer certains éléments du futur Ne coupez pas ! et de son remake Coupez ! Parker a d’ailleurs l’intelligence de tirer parti de ses faibles moyens pour circonscrire son intrigue, ses personnages et ses situations à une échelle modeste, en s’appuyant sur une petite troupe de comédiens très sympathiques. Avec cette actrice capricieuse, ce chef opérateur qui fume de l’herbe pour aiguiser ses sens, ce créateur d’effets spéciaux amoureux d’une des sœurs du réalisateur, puis soudain ce surgissement de zombies bien réels, il nous semble presque assister au croisement improbable entre Ça tourne à Manhattan et Le Retour des morts-vivants. Les zombies sortent d’ailleurs du cadre habituel, tant dans leur look que dans leur design, et nous acheminent vers un épilogue surprenant qui semble vouloir payer son tribut à L’Au-delà. Parker signera plus tard The Hills Run Red, Puppet Master : Doktor Death et You Shouldn’t Have Let Me In.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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