Un extra-terrestres aux allures de brocoli se déguise en être humain pour visiter la Terre et goûter aux plaisirs de la chair…
GALACTIC GIGOLO
1987 – USA
Réalisé par Gorman Bechard
Avec Carmine Capobianco, Debi Thibeault, Frank Stewart, Ruth Collins, Donna Davidge, Michael Citriniti, Tony Kruk, David Coughlin, Angela Nicholas
THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND
Réalisée en 1987 avec des moyens précaires, la comédie d’horreur Psychos in Love avait fait très bonne impression à la plupart de ceux qui la découvrirent, y compris le producteur Charles Band qui en assura la distribution via le label Wizard Video. Aussitôt, Band proposa au réalisateur et scénariste Gorman Bechard (signataire par ailleurs du slasher Disconnected) un contrat pour plusieurs films produits par la compagnie Empire Pictures. Le premier de la série est une comédie de science-fiction légèrement érotique baptisée Club Earth puis retitrée Galactic Gigolo au moment de sa sortie. À cette occasion, Bechard réunit deux des acteurs de son film précédent, Debi Thibeault et Carmine Capobianco, et demande à ce dernier de co-écrire le script avec lui. Le concept absurde du film – que son appellation définitive résume assez bien – incite le cinéaste à l’aborder sous un angle excessif. Son idée ? Réaliser une sorte de dessin animé pour adultes en prises de vues réelles. D’où un certain nombre de partis pris tranchés, comme l’emploi de couleurs extrêmement saturées. Mais Charles Band n’aime pas ce qu’il voit et demande à modifier drastiquement le long-métrage en post-production. Le montage est donc revu de fond en comble et le traitement des couleurs ramené à quelque chose de plus traditionnel. Furieux, le réalisateur reniera ce film. Au vu du résultat, on le comprend aisément.
Le prologue de Galactic Gigolo nous donne très vite le ton. Sur une planète baptisée Crowak où tous les habitants ressemblent à des légumes, une carotte qui a le look de Groucho Marx anime un jeu télévisé à succès, « Pariez votre engrais ». L’un des candidats, Eoj (Carmine Capobianco), aux allures de brocoli boursouflé, remporte la mise et gagne donc le grand prix : un voyage de deux semaines tous frais payés sur la planète Terre, plus précisément au fin fond du Connecticut. Lorsqu’il atterrit chez nous, Eoj prend une apparence humaine (avec une combinaison et une cape argentées qui semblent échappées d’un show de Las Vegas) et prend rapidement goût aux relations charnelles avec les Terriennes. Une journaliste (Debi Thibeault) et un photographe (Frank Stewart) décident alors de le suivre dans son odyssée sexuelle afin d’en tirer un livre. Mais un groupe de mafieux italiens et une famille de rednecks juifs décident de capturer l’extra-terrestre…
Galactic fiasco
On ne sait pas à quoi Galactic Gigolo aurait ressemblé s’il avait été conforme aux envies initiales de Gorman Bechard, mais il est difficile d’imaginer que quoi que ce soit ait pu le sauver du naufrage. En l’état, il s’agit probablement de la comédie la moins drôle et la plus affligeante de l’histoire du cinéma – peut-être ex-aequo avec Lui et l’autre, l’épouvantable parodie italienne de E.T. Même les plus indécrottables amateurs de séries Z cherchent encore quoi sauver de ce film. Avec son image affreuse, son montage à la serpe, ses décors hideux, son humour raté et ses acteurs catastrophiques, Galactic Gigolo devient un véritable cas d’école. Pour montrer leur étonnement, les personnages écarquillent les yeux, serrent les dents, froncent les sourcils, ouvrent grand la bouche et tirent la langue, tandis que la musique éléphantesque fait pouet pouet. Chaque « gag » traîne interminablement en longueur, des bruitages de dessin animé ponctuent régulièrement les gestes des acteurs, les répliques référentielles essaient en vain de nous faire rire (« My name is Bond, James Bond », « I have to phone home ») et Carmine Capobianco s’adresse de temps en temps à la caméra pour tenter désespérément de capter l’attention des spectateurs. Visiblement à cours d’idée, les scénaristes convoquent les peaux de banane et les tartes à la crème pour le combat final, avant le retour salutaire d’Eoj sur sa planète natale.
© Gilles Penso
Partagez cet article