Suite à un dysfonctionnement de sa machine à remonter le temps, le policier du futur Jack Deth se retrouve dans un monde médiéval alternatif…
TRANCERS 4 : JACK OF SWORDS
1994 – USA
Réalisé par David Nutter
Avec Tim Thomerson, Stacie Randall, Ty Miller, Terri Ivens, Mark Arnold, Clabe Hartley, Alan Oppenheimer, Lochlyn Munro, Jeff Moldovan, Stephen Macht
THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I FUTUR I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND
La saga Future Cop recueillant des suffrages positifs, le producteur Charles Band décide d’accélérer la cadence en faisant tourner simultanément les épisodes 4 et 5 en en sollicitant deux talentueux nouveaux-venus : le réalisateur David Nutter, spécialiste des séries TV qui contribuera plus tard au succès de X-Files, Millenium, Roswell, Urgences, Entourage ou encore Game of Thrones, et le scénariste Peter David, auteur de nombreux comic books pour Marvel et DC. Les choses semblent donc bien engagées, mais le duo est contraint d’opérer des choix artistiques étranges dictés par les contraintes budgétaires. « On m’a présenté ces deux films comme des suites directes des trois premiers de la série, mais seul le personnage de Jack Deth assurait la continuité », raconte Peter David. « On m’a également fait savoir que l’intrigue devait se dérouler dans un univers médiéval, puisqu’ils allaient tourner dans un château en Roumanie. » (1) En effet, Band décide de transporter l’équipe de Future Cop 4 et Future Cop 5 dans les mêmes décors que la saga Subspecies, afin de profiter des infrastructures locales et surtout d’une main d’œuvre beaucoup moins onéreuse qu’aux Etats-Unis. Économiquement, ça se tient. Mais ce changement drastique de décor (après les environnements urbains des trois premiers films) peut surprendre les familiers de la franchise. D’autant que le budget reste très serré, au point que David Nutter se retrouve obligé de déchirer des pages entières du script pour pouvoir respecter l’enveloppe ridicule à sa disposition.
Le début de Future Cop 4 se raccorde directement avec la fin du film précédent. Jack Deth (l’indéboulonnable Tim Thomerson) revient d’une mission jusque dans son époque, le 23ème siècle. Après avoir divorcé de sa seconde femme Lena, il apprend que sa première épouse Alice l’a quitté pour un de ses collègues. Cette petite pirouette scénaristique permet d’éviter de faire revenir les actrices Helen Hunt et Megan Ward. Un peu dépité, notre flic dur à cuire est prêt à s’embarquer dans une autre aventure, mais il découvre trop tard qu’une créature bizarre, le Solonoïde, s’est cachée dans la machine à voyager dans le temps, provoquant son dysfonctionnement. Jack se retrouve donc propulsé dans une autre dimension : une Europe médiévale alternative dans laquelle toutes ses armes sont inopérantes. Là sévissent des Trancers d’un genre différent de ceux qu’il a affrontés jusqu’alors. Il s’agit de nobles qui se nourrissent de la force vitale des gens du peuple, sous le règne de l’infâme Lord Caliban (Clabe Hartley). Pour les affronter, il va devoir s’allier avec un groupe de rebelles qui se cachent dans les bois…
Evil Deth
La relocalisation du tournage en Roumanie et l’usage de décors médiévaux donnent fatalement à ce Future Cop un air de famille avec la saga Subspecies, dont il réutilise d’ailleurs – sous une forme détournée – le thème du vampirisme. On sent bien que le scénario essaie tant bien que mal de justifier le surgissement de nouveaux Trancers, alors qu’aucune logique ne préside à leur présence dans le film. C’est tout le problème d’une franchise qui s’appelle Trancers (pour le coup, le titre français Future Cop se révèle moins restrictif). Si un humour un peu absurde nimbe agréablement la première partie du film (Jack qui revient de sa mission précédente avec la tête de son coéquiper robotique Shark et la transforme en lampe de chevet, une scientifique lui donne ses nouveaux gadgets façon James Bond dont un pistolet d’un nouveau genre baptisé « RBG » pour « Real Big Gun »). Mais cette légèreté fait ensuite défaut au reste du film, qui conserve une approche beaucoup plus sérieuse, au fil d’une intrigue très modérément palpitante (à part ce moment délirant où la montre censée ralentir le temps se met à fonctionner à l’envers). Le motif de l’homme du futur qui se retrouve dans un moyen-âge où sévit la sorcellerie nous évoque naturellement L’Armée des ténèbres, ce qui n’est sans doute pas un hasard si l’on en juge la nature du climax, calqué de toute évidence sur celui d’Evil Dead 2. Ce cliffhanger nous laisse volontairement sur notre faim et invite donc les spectateurs à découvrir Future Cop 5.
(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)
© Gilles Penso
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