ZARKORR ! THE INVADER (1996)

Un monstre géant venu d’une autre planète menace de détruire la Terre… Seul un modeste employé de la Poste semble capable de l’arrêter !

ZARKORR ! THE INVADER

 

1996 – USA

 

Réalisé par Aaron Osborne et Michael Deak

 

Avec Rhys Pugh, Torie Lynch, Deprise Grossman, Mark Hamilton, Franklin A. Vallette, Don Yanan, Peter Looney, Dyer McHenry, Stan Chambers

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND

Jusqu’alors spécialisé dans les petites créatures agressives et malicieuses (Ghoulies, Troll, Dolls, Puppet Masters, Subspecies, Demonic Toys), le producteur Charles Band décide d’inverser la tendance en s’intéressant aux grands monstres façon Godzilla. L’idée lui vient de Michael Deak, son superviseur d’effets spéciaux attitré depuis 1992, qui a réalisé pour son plaisir personnel un court-métrage rendant hommage aux kaijus japonais. « Charlie est venu me voir après avoir vu ces images et m’a dit : “Voici environ 40 000 dollars pour tourner des séquences avec un monstre géant, nous allons en faire un film” », raconte Deak. « Ces 40 000 dollars comprenaient le matériel, l’achat de la pellicule, son développement, son transfert sur des bandes Beta et le salaire de toute l’équipe. Heureusement, mon ami Lex Nakashima possédait son studio et avait fait construire des costumes de créatures au Japon pour ses propres projets. Le costume de Zarkorr était l’un d’entre eux. Je lui ai demandé si je pouvais le lui emprunter, construire une ville miniature sur son plateau et tout faire exploser.” Et il a accepté. » (1) En une journée, Deak tourne ainsi des séquences jubilatoires au cours desquelles le grand monstre déambule dans la cité et casse tout. Reste à élaborer un scénario pour y intégrer ces images.

C’est Neal Marshall Stevens, sous son pseudonyme habituel de Benjamin Carr, qui est chargé d’écrire un script autour de ces scènes d’effets spéciaux, sachant que le réalisateur sélectionné, Aaron Osborne (Caged Heat 3000), aura moins d’une semaine pour mettre en boîte ses séquences. Il est donc impératif de réduire au maximum le nombre de décors, de personnages et d’intrigues. Le personnage principal est Tommy Ward (Rhys Pugh), un modeste employé des services postaux qui reçoit un jour la visite d’une entité extra-terrestre. Celle-ci prend l’apparence d’une adolescente de quinze centimètres (Torie Lynch), ce qui n’est pas sans nous évoquer les sœurs jumelles miniatures de Mothra. La visiteuse lui annonce qu’un monstre gigantesque baptisé Zarkorr s’apprête à ravager la Terre et que Tommy est le seul espoir pour l’humanité. Charge à lui de trouver le point faible de cette espèce de dinosaure cornu aux yeux laser de soixante mètres de haut, faute de quoi la planète est perdue…

Monstrueusement ennuyeux

Le principe de la division des équipes de tournage (l’une pour les humains, l’autre pour les monstres) a longtemps été éprouvé par des studios nippons comme la Toho ou la Daei pour les films des franchises Godzilla et Gamera. Les choses auraient pu fonctionner de la même manière dans Zarkorr si le processus avait suivi une certaine logique. Mais puisque Michael Deak a tourné ses scènes de destruction à l’aveuglette et qu’Osborne a bricolé ce qu’il pouvait avec les moyens du bord, le film ne tient pas du tout la route. Il nous semble même regarder des scènes provenant de deux longs-métrages distincts et assemblées entre elles de manière aléatoire. Tout ce qui touche au monstre et aux maquettes est très réjouissant, Deak retrouvant la saveur des kaijus d’antan (même si ses décors fleurent bon le carton-pâte et que les actions finissent par se répéter). Tout le reste, hélas, est d’un ennui profond. La mise en scène et le jeu des acteurs frôlent l’amateurisme (avec une mention spéciale pour l’interprète horripilant du hacker hystérique), les décors sont laids, les péripéties terriblement statiques. Même Richard Band, d’ordinaire plus inspiré, compose une bande originale synthétique banale alors qu’il aurait pu s’amuser à rendre hommage aux travaux d’Akira Ifukube ou de Max Steiner. Bref, comme souvent chez Full Moon, le concept et le poster valent bien mieux que le film lui-même. Charles Band poursuivra pourtant dans la même voie avec Kraa ! The Sea Monster.


(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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