WE ARE ZOMBIES (2023)

Dans un monde où les zombies cohabitent paisiblement avec la population, un trio de losers tente de tirer parti de la situation…

WE ARE ZOMBIES / NOUS LES ZOMBIES

 

2023 – CANADA

 

Réalisé par Yoann-Karl Whissell, François Simard et Anouk Whissell

 

Avec Alexandre Nachi, Derek Johns, Megan Peta Hill, Vincent Leclerc, Stéphane Demmers, Carlo Mestroni, Guy Nadon, Patrick Abellard, Marc-André Boulanger

 

THEMA ZOMBIES

Depuis 2003, il n’y a plus moyen de réaliser une comédie autour du thème des zombies sans que les équipes marketing en charge de la promotion des films ne se sentent obligés de citer Shaun of the Dead dans leurs slogans. Ainsi avons-nous droit ici à un poster clamant : « Une comédie d’horreur jubilatoire entre La Nuit des morts-vivants et Shaun of the Dead», rien que ça ! Or pour être honnête, We are Zombies n’a pas grand-chose à voir avec la parodie mythique d’Edgar Wright, même s’il est ici aussi question de détourner le thème du mort-vivant sous un angle burlesque en mettant en vedette un petit groupe d’anti-héros maladroits et patauds. Le trio canadien à l’origine du film, connu sous l’acronyme RKSS (abréviation de Roadkill Superstar), est constitué de Yoann-Karl Whissell, François Simard et Anouk Whissell. Les amateurs de cinéma de genre les connaissent grâce à deux longs-métrages hautement référentiels qui rendaient hommage de manière originale aux séries B des années 80 : le post-apo Turbo Kid et le slasher Summer of 84. Cette fois-ci, ils s’attaquent à l’adaptation d’une bande dessinée de Jerry Frissen et Guy Davis, « The Zombies That Ate the World ». S’il est difficile d’échapper à l’influence de George Romero, nous sommes loin de La Nuit des morts-vivants ou Zombie. Le script aurait même plutôt tendance à évoquer des digressions singulières comme Les Revenants ou Fido.

Dans le futur proche de We are Zombies, les morts se sont mis subitement à ressusciter et errent désormais partout sous forme de cadavres ambulants. Mais ces zombies-là ne sont pas anthropophages, pas plus qu’ils ne contaminent les vivants. Leurs dents décharnées restent sagement dans leurs mâchoires décomposées et aucune faim de cerveau ou de chair humaine n’agite leur vie mécanique. Certains sont même capables d’aligner quelques mots et d’occuper des petits boulots. Le terme politiquement correct pour les mentionner est « handicapés de la vie ».  Il nous faut donc oublier les habitudes que nous ont données Zombie, Le Retour des morts-vivants ou The Walking Dead. Ici, la donne a changé. Pour gagner leur vie, Freddy (Derek Johns), le fan de catch à l’esprit étroit, Karl (Alexandre Nachi), l’intello obsédé sexuel, et Maggie (Megan Peta Hill), sa sœur à la langue bien pendue, débarrassent illégalement les foyers des zombies dont ils ne veulent plus en se faisant passer pour des employés de la compagnie Coleman. Mais leurs petites combines vont rapidement les plonger dans une situation incontrôlable…

Morts de rire

Dès l’entame, Yoann-Karl Whissell, François Simard et Anouk Whissell montrent la nature de l’humour qu’ils vont développer tout au long du métrage : impertinent, grivois, bête et méchant. Il ne s’agit pas là de faire dans la dentelle mais de trancher dans le vif. Les personnages sont donc caricaturaux et pas du genre finaud, ce qui n’empêche pourtant pas d’éprouver pour eux un certain attachement (en grande partie grâce à la sympathie que dégagent leurs interprètes). La tonalité générale reste absurde, constellée de gags visuels qui font généralement mouche et qui rendent les spectateurs complices consentants de l’esprit potache des trois cinéastes. A mi-parcours d’une intrigue relativement simple reprenant le motif connu de l’arnaque qui tourne mal, le scope du scénario s’élargit en convoquant une machination militaro-politico-industrielle qui semble vouloir retrouver l’esprit séminal de Romero. Dès lors, les séquences d’horreur se font beaucoup plus graphiques, sollicitant un grand nombre d’effets spéciaux de maquillage à l’ancienne qui ne sont pas loin d’évoquer certaines folies visuelles de Braindead. We are Zombie ne marquera sans doute pas aussi durablement les mémoires que Shaun of the Dead ou même Zombieland, mais c’est une tentative rafraîchissante de variante culottée autour d’un sujet mille fois rebattu.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article