THE CREEPS (1997)

Un savant fou ramène à la vie des versions miniatures de Dracula, le monstre de Frankenstein, le loup-garou et la momie !

THE CREEPS

 

1997 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Rhonda Griffin, Justin Lauer, Bill Moynihan, Kristin Norton, Jon Simanton, Joe Smith, Thomas Wellington, Phil Fondacaro, J.W. Perra, Andrea Harper

 

THEMA DRACULA I FRANKENSTEIN I LOUPS-GAROUS I MOMIES I SAGA CHARLES BAND

Très amateur des films en relief, discipline à laquelle il s’adonna lui-même à l’occasion des sympathiques Metalstorm et Parasite, le producteur Charles Band sent que l’arrivée des télévisions haute définition à la fin des années 90 pourrait bien relancer cette vogue. Il lance donc coup sur coup trois projets conçus pour la 3D : le film d’horreur Horrorvision.com, le conte fantastique Secret of the Micromen et le pastiche d’épouvante The Creeps. Finalement, seul ce dernier long-métrage verra le jour, et c’est Band lui-même qui décide de le réaliser en revenant aux bonnes vieilles techniques qu’il expérimenta dans les années 80, autrement dit un tournage sur pellicule 35 mm au format Cinémascope et en stéréoscopie. Roi de l’économie et du système D, il limite au maximum le budget du film en écourtant son temps de développement et de préparation (huit semaines à peine), en réduisant la durée du tournage à quelques jours, en n’utilisant que deux ou trois décors simples et en ne recrutant qu’une petite poignée d’acteurs. La qualité du résultat final s’en ressent fatalement. Ainsi, malgré son concept fou et des comédiens qui semblent passer du bon temps avec un enthousiasme communicatif, The Creeps est décidément trop mal fichu et trop « cheap » pour convaincre.

Écrit par Benjamin Carr, le scénario s’intéresse au docteur Winston Berber (Bill Moynihan), un savant fou qui se fait passer pour un universitaire pour pouvoir dérober un précieux manuscrit : l’original du « Frankenstein » de Mary Shelley. Anna Quarrels (Rhonda Griffin), la jeune bibliothécaire qui vient de se faire abuser par l’usurpateur, doit absolument remettre la main sur le manuscrit si elle veut conserver son job. Elle s’en remet donc au détective privé le moins cher du marché, David Raleigh (Justin Lauer), qui parvient à identifier le sinistre individu. Ce dernier vient de mettre au point une machine conçue pour transformer les personnages légendaires en entités réelles, dans le but de les mettre à son service et de dominer le monde. Les quatre créatures auxquelles il souhaite donner vie sont Dracula, le monstre de Frankenstein, le loup-garou et la momie. Mais notre homme n’a pas pu récupérer tous les manuscrits qu’il souhaitait et son expérience ne réussit qu’à moitié. Si les monstres se matérialisent bel et bien dans son laboratoire, ce sont des versions « demi-portions » bien moins impressionnantes que ce dont il rêvait…

Nain porte quoi !

Voir des acteurs de petite taille sous le maquillage des célèbres créatures popularisés par le studio Universal est un spectacle à la fois drôle et surréaliste, mais le film n’en profite pas beaucoup. D’ailleurs, à part Dracula incarné avec une emphase volontairement exagérée par Phil Fondacaro, les trois autres n’ont pas grand-chose à faire. « Combien d’occasion un acteur de ma taille a-t-il de pouvoir incarner Dracula ? », se souvient le comédien. « Je sais bien que c’est un film à tout petit budget un peu idiot, mais je ne pouvais pas refuser ce rôle. Maintenant, ma bande demo ne ressemble à aucune autre ! » (1). Nous aimerions partager son enthousiasme. Hélas, The Creeps est un film laborieux qui multiplie les longs plans-séquences pour laisser ses acteurs improviser d’interminables dialogues, histoire de gagner du temps pendant le tournage. Au-delà des petits monstres, les personnages « humains » eux-mêmes sont tous plus improbables les uns que les autres (l’héroïne qui clame à tout va qu’elle est plus intelligente que tout le monde, le détective médiocre qui tient un vidéo club, le scientifique frustré et bégayant, la patronne de la bibliothèque qui frotte sur son corps le manuscrit de « Jane Eyre » en exultant) sans que cette exubérance ne rende le film particulièrement palpitant. L’actrice Rhonda Griffin ayant refusé de tourner des scènes nues, c’est son aînée Kristin Norton qui se dévoue pour la scène du sacrifice humain où, via d’hideuses images de synthèse, elle se transforme en Valkyrie avant de disparaître, sans que le scénario n’avance d’un pouce. Bref, The Creeps n’a qu’un intérêt très limité et ne sera d’ailleurs quasiment jamais été exploité en relief.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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