SUBSPECIES 2 : BLOODSTONE (1993)

Radu, le redoutable vampire roumain, revient d’entre les morts pour capturer une touriste américaine dont il veut faire sa compagne…

SUBSPECIES II : BLOODSTONE

 

1993 – USA

 

Réalisé par Ted Nicolaou

 

Avec Anders Hove, Denice Duff, Kevin Spirtas, Melanie Shatner, Michael Denish, Pamela Gordon, Ion Haiduc, Tudorel Filimon, Viorel Comanici, Viorel Sergovici

 

THEMA VAMPIRES I SAGA SUBSPECIES I CHARLES BAND

Galop d’essai pour une éventuelle nouvelle franchise et pour tester la viabilité d’une série de productions réalisées en Roumanie, le film de vampires Subspecies reçoit un accueil très favorable au moment de sa sortie en vidéo, poussant le producteur Charles Band à lui donner plusieurs suites. Subspecies 2 et Subspecies 3 sont donc tournés en même temps, principalement à Bucarest. Pour assurer une continuité artistique et qualitative à la série (qui fait clairement défaut à la saga Puppet Master par exemple), le réalisateur Ted Nicolaou reste maître à bord et embarque avec lui une grande partie de son équipe artistique, notamment le très talentueux directeur de la photographie Vlad Paunescu, le chef décorateur Radu Corciova, le compositeur Richard Kosinski et le monteur Bert Glatstein. Si Anders Hove rempile logiquement dans le rôle du redoutable suceur de sang, sa charmante victime Michelle n’est plus incarnée par Laura Tate mais par Denice Duff, l’actrice précédente ayant mal supporté les conditions de tournage précaires et inconfortables du premier film. Honnêtement, nous n’y perdons pas au change, Duff apportant au personnage un charme atemporel, à mi-chemin entre la modernité des années 90 et une aura gothique héritée des productions Hammer.

Joyeusement délirante, la scène d’introduction met en scène les minions au service du vampire Radu. Les petits monstres animés en stop-motion récupèrent la tête décapitée de leur maître et la raccordent à son buste. Aussitôt, les veines, les artères et les os se reconstituent à la vitesse grand V. Dès qu’il est sur pied, Radu enfonce un pieu dans le cœur de son frère, dont le visage se fripe en accéléré, et s’abreuve de son sang qui gicle abondamment. Les effets spéciaux à l’ancienne et le gore excessif sont donc à l’honneur et nimbent d’emblée cette séquelle d’une patine propre à ravir tous les amateurs d’horreur old school. Si les minions disparaissent ensuite du film, une nouvelle créature mémorable fait son apparition : Mumia, la mère décrépie et presque zombifiée de Radu, qui vit dans une sorte de laboratoire alchimique sinistre et souterrain. La mégère difforme somme son fils de récupérer la précieuse « pierre de sang ». Or celle-ci a été subtilisée par Michelle, la jeune femme qu’il avait vampirisée et qui s’est enfuie à Bucarest…

L’ombre du vampire

Non content de retrouver toutes les qualités propres au premier film (une somptueuse photographie, des décors très graphiques, une musique envoûtante), Subspecies 2 parvient à évacuer la majorité des défauts de son prédécesseur et s’impose comme l’un des sommets de la carrière de Ted Nicolaou et de l’abondante production de la compagnie Full Moon. Sous l’influence manifeste de Nosferatu, le réalisateur joue sans cesse avec l’ombre gigantesque du vampire qui se projette sur les façades de la ville, évoquant la menace omniprésente de la bête même lorsqu’elle n’apparaît pas à l’écran. L’un des éléments les plus intéressants du scénario est lié aux tourments de Michelle qui est en train de se muer lentement en vampire. Son reflet dans les miroirs devient translucide, la lumière du soleil commence à la blesser, la teinte de sa peau se fait livide. Réfugiée dans les coulisses d’un opéra où elle dort dans un cercueil en verre, elle doit désormais lutter contre la soif de sang qui la taraude. L’idylle naissante et artificielle qui se crée entre Becky (Melanie Shatner, la fille de William), la sœur de Michelle partie à sa recherche, et Mel (Kevin Blair, vu dans La Colline a des yeux 2 et Vendredi 13 chapitre 7), le bel attaché d’ambassade qui propose de l’aider, n’a pas beaucoup d’intérêt, mais elle n’entache guère ce film résolument distrayant qui nous offre au passage une allusion au Bal des vampires (lorsqu’une des répliques évoque « the fearless vampire hunters »). Nous quittons Radu en bien piteux état à la fin du film. Mais puisqu’il a déjà survécu à une décapitation, nul doute qu’il reviendra faire des siennes. Le générique de fin annonce d’ailleurs la sortie imminente de Subspecies 3.

 

© Gilles Penso


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