QUADRANT (2024)

Pour aider certains patients à vaincre leurs phobies, deux scientifiques ont mis au point un casque de réalité virtuelle, mais l’expérience tourne mal…

QUADRANT

 

2024 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Shannon Barnes, Emma Reinagel, Christian Carrigan, Lexi Lore, Kaylene Snarsky, Rickard Claeson, Kaylee Banhidy

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE I TUEURS I MONDES VIRTUELS ET PARALLÈLES I SAGA CHARLES BAND

Quadrant fait partie de ces projets qui jouèrent longtemps l’arlésienne chez le producteur Charles Band. Le film est d’abord annoncé dans les années 80, alors que la compagnie Empire (Re-Animator, From Beyond) est encore debout. Suite à sa faillite, Quadrant disparaît des radars puis refait surface au milieu des années 90. Band déclare alors que le film sera produit par sa société Full Moon Entertainment. Linda Hassani, qui avait signé Dark Angel : The Ascent, est envisagée comme réalisatrice et une sortie est prévue en 1995. Mais c’est un nouveau faux départ. Ce n’est finalement qu’en 2024 que le projet se concrétise, dirigé par Band lui-même et annoncé comme le 400ème long-métrage de chez Full Moon. En réalité, seul le titre a été conservé, le concept s’appuyant désormais sur un scénario de C. Courtney Joyner (Puppet Master III, Doctor Mordrid, La Peur qui rode). Filmé en 5 jours à Cleveland, avec quatre acteurs principaux et deux décors, Quadrant permet à Band de poursuivre ses expériences avec les images générées par intelligence artificielle, expériences qu’il avait amorcées à l’occasion de AIMEE : the Visitor. « Beaucoup de gens sont effrayés par l’IA, mais pour moi c’est juste un outil », confesse-t-il sur le site de Full Moon Pictures. « Elle possède une sorte de réalité bizarre et effrayante que l’on ne retrouve pas dans les images de synthèse. »

Le « Quadrant » du titre est l’invention de deux scientifiques, Harry (Rickard Claeson) et Meg (Emma Reinagel), qui prend la forme d’un casque de réalité virtuelle. Une fois qu’un patient s’y connecte, son esprit le transporte dans un monde reconstitué par une intelligence artificielle où toutes ses phobies prennent corps. Au fil des séances, ceux qui se soumettent à l’expérience du « Quadrant » apprennent à vaincre et à contrôler leurs peurs les plus intimes. Robert (Christian Carrigan) essaie ainsi de lutter contre les horribles cauchemars récurrents qui le hantent, dans lesquels il est harcelé par des hordes de créatures démoniaques. Erin (Shannon Barnes), de son côté, est une jeune femme obsédée par Jack l’éventreur, au point que ses immersions dans le « Quadrant » la transportent systématiquement dans le Londres du 19ème siècle, altérant peu à peu son comportement. Elle finit en effet par se transformer elle-même en tueur de prostituées dans cet univers virtuel. Plus problématique : ses pulsions sanguinaires semblent la poursuivre une fois qu’elle retourne dans le monde réel…

Programmée pour tuer

Le concept de Quadrant est original et offre d’intéressantes possibilités scénaristiques. Mais les choix artistiques opérés par Band – et dictés on s’en doute par des contraintes économiques – gâchent ce beau potentiel. Les décors et les personnages 3D générés par AI sont en effet désarmants de maladresses – malgré quelques créatures monstrueuses intéressantes – et les incrustations des comédiens dans ces environnements artificiels sont absolument affreuses. Certes, ces images sont censées être factices puisque générées par un algorithme, mais un rendu visuel aussi médiocre est honnêtement inacceptable en 2024. Le design « futuriste » du casque lui-même laisse perplexe : au lieu de la miniaturisation qu’on pourrait imaginer, nous avons ici affaire à une sorte de haut d’un scaphandre qui semble échappé d’un roman de Jules Verne. Les scènes situées dans le monde réel sont clairement plus réussies, grâce à des acteurs qui jouent le jeu avec conviction et donnent de leur personne. Charles Band ne lésine ni avec la nudité ni avec les effusions de sang, conforme à la recette habituelle du cinéma d’exploitation dont il se réclame ouvertement. Dommage que le résultat final semble si bâclé, car le postulat de Quadrant aurait pu en faire une jolie petite surprise, au lieu de cette série B anecdotique sans doute vouée à l’oubli.

 

© Gilles Penso


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