LE MANGEUR D’ÂMES (2024)

Une commandante de police et un capitaine de gendarmerie unissent leurs forces pour élucider les morts violentes qui frappent une petite ville…

LE MANGEUR D’ÂMES

 

2024 – FRANCE

 

Réalisé par Alexandre Bustillo et Julien Maury

 

Avec Virginie Ledoyen, Paul Hamy, Sandrine Bonnaire, Francis Renaud, Malik Zidi, Cameron Bain, Lua Oussadit-Lessert, Chloé Coulloud, Christophe Favre

 

THEMA TUEURS I SAGA BUSTILLO & MAURY

Dix ans après avoir produit leur troisième long-métrage Aux yeux des vivants, Fabrice Lambot retrouve Julien Maury et Alexandre Bustillo à qui il propose d’adapter le roman « Le Mangeur d’âmes » d’Alexis Laipsker, un thriller noir et sanglant qui pourrait parfaitement s’accorder à leur univers. Les duettistes se laissent tenter par la proposition mais sont alors accaparés par The Deep House, leur ambitieuse histoire de maison hantée sous-marine. Le scénario est donc confié à Annelyse Batrel et Ludovic Lefebvre. Lorsqu’ils ont enfin le temps de se pencher sur le projet, Maury et Bustillo retouchent le script pour l’adapter à leur sensibilité et partent en repérages dans les Vosges, une région très photogénique qu’ils connaissent notamment grâce à leurs visites régulières du Festival du Film Fantastique de Gérardmer. Pour incarner les deux personnages principaux du Mangeur d’âmes, ils jettent leur dévolu sur Virginie Ledoyen et Paul Hamy. La première, qui avait joué dans Saint Ange de Pascal Laugier, est désireuse de se frotter une nouvelle fois au cinéma de genre et d’ajouter un personnage de policier à sa filmographie. Le deuxième les a convaincus grâce à sa prestation dans Furie d’Olivier Abbou. Sandrine Bonnaire, Malik Zidi et Francis Renaud (déjà présent dans Aux yeux des vivants) viennent compléter ce casting hétéroclite.

Virginie Ledoyen incarne la commandante de police Élisabeth Guardiano, chargée d’élucider un double meurtre extrêmement brutal. Paul Hamy entre pour sa part dans la peau du capitaine de gendarmerie Franck de Rolan, qui enquête sur l’inquiétante disparition de six enfants. Tous deux se retrouvent à Roquenoir, une petite ville des Vosges, et unissent leurs forces, un peu à contrecœur, pour comprendre quelle horreur se tapit dans l’ombre. « Tous ces meurtres sont d’une violence inouïe et quasi-illogique », commente la légiste chargée de l’affaire. Y’aurait-il une folie criminelle contagieuse dans cette commune rurale ? À moins que le fameux croquemitaine démoniaque des légendes locales, le « mangeur d’âmes », ait une quelconque influence sur cette sinistre affaire ? Alors que nos deux enquêteurs se perdent en conjectures et assemblent les pièces du puzzle, de nouvelles morts sanglantes s’enchaînent…

La montagne a des yeux

Le récit s’articulant avant tout autour d’une enquête policière, nous sommes a priori en dehors du scope habituel des films de Maury et Bustillo. Mais l’intrigue se teinte dès les premières minutes d’une atmosphère fantastique fortement teintée d’épouvante et d’horreur. Les scènes de crime sont d’ailleurs particulièrement gratinées, œuvre du maquilleur spécial Olivier Afonso et de son équipe. Lorsqu’interviennent les apparitions furtives d’une créature humanoïde au visage monstrueux coiffé de grands bois de cerf, le fameux « mangeur d’âmes » du titre, le film bascule définitivement ailleurs, sans pour autant se détacher des investigations très terre-à-terre des deux protagonistes. Une grande partie de la force du Mangeur d’âmes s’appuie sur le double visage de ces co-équipiers aux motivations et aux méthodes divergentes. La commandante campée par Virginie Ledoyen est froide et antipathique, mais l’on se doute que des fêlures et un traumatisme récent se cachent derrière cette carapace austère. Le capitaine de gendarmerie que joue Paul Hamy semble au contraire fragile, même s’il laisse deviner une rage enfouie et contenue qui ne demande qu’à éclater. Le mélange de ces deux personnalités semble explosif, mais eux seuls semblent capables de faire surgir la vérité, si impensable soit-elle, au sein d’une petite communauté montagnarde qui n’est pas sans évoquer Les Rivières pourpres ou la série Twin Peaks. Grâce à l’imagination du romancier Alexis Laipsker et au savoir-faire de Bustillo et Maury, Le Mangeur d’âmes se révèle redoutablement efficace, menant ses spectateurs par le bout du nez jusqu’à un climax d’une terrible noirceur.

 

© Gilles Penso


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