Un robot radiocommandé et un homme invisible unissent leurs efforts contre un super-vilain qui se terre dans un institut psychiatrique abandonné…
INVISIBLE : THE CHRONICLES OF BENJAMIN KNIGHT
1993 – USA
Réalisé par Jack Ersgard
Avec Brian Cousins, Michael Della Femina, Jennifer Nash, Curt Lowens, David Kaufman, Alan Oppenheimer, Aharon Ipalé, Jake McKinnon, Dana Magdici
THEMA HOMMES INVISIBLES I ROBOTS I SAGA CHARLES BAND
Second volet d’un diptyque de science-fiction entamé avec Mandroid, Invisible a été tourné en Roumanie dans la foulée de son prédécesseur, avec le même réalisateur et la même équipe. Contrairement à la volonté première du producteur Charles Band, Jack Ersgard décide de rentrer en Californie entre les deux tournages pour gérer la post-production de Mandroid avant de s’attaquer aux prises de vues d’Invisible. Band aurait préféré éviter cet aller-retour pour faire des économies, mais à l’impossible nul n’est tenu. Car malgré ses grandes ambitions, ce second épisode est réalisé avec un budget ridicule et dans des conditions particulièrement précaires. « Je leur ai demandé qui était le superviseur des effets spéciaux qui allait m’accompagner sur le tournage et ils se sont contentés de rire ! » se souvient le réalisateur en évoquant ses conversations préliminaires avec les producteurs. « Personne ne savait comment réaliser les effets visuels. C’était l’époque des trucages optiques, rien n’était numérique, il fallait tout détourer à la main. J’ai donc tourné les séquences de l’homme invisible avec les moyens du bord en espérant que tout fonctionnerait lors de notre retour à Los Angeles. Dans le cas contraire, nous étions foutus ! » (1) Force est de constater qu’Ersgard s’en tire avec les honneurs et que son film tient à peu près la route malgré ces folles contraintes.
Nous retrouvons donc les personnages de Mandroid quelques mois après les événements du premier film. Cloué dans un fauteuil roulant, le jeune scientifique Wade (Brian Cousins, au jeu toujours aussi approximatif), pilote à distance un robot indestructible pour s’en aller sauver des gens dans les bois ou pour pratiquer des expériences diverses. Sa petite amie Zanna n’est plus interprétée par Jane Caldwell mais par une plus athlétique Jennifer Nash. Quant à leur ami Benjamin (Michael Della Femina), il est désormais complètement invisible suite à une exposition à des radiations et adopte donc la panoplie complète popularisée par le studio Universal dans les années 30 : le chapeau, les bandelettes, les lunettes noires et le grand manteau. Tout ce beau monde unit ses forces contre le vil Ivan Drago (Curt Lowens) qui, caché derrière son masque de fer comme un émule du docteur Fatalis, se terre dans un vieil institut psychiatrique au beau milieu d’une cohorte de malades mentaux qui lui servent d’hommes de main, kidnappe régulièrement des jeunes femmes, expérimente d’étranges mixtures chimiques et fomente de nouveaux plans machiavéliques en ricanant…
La fin de l’aventure
Comme Mandroid, ce second opus dresse un portrait parfaitement caricatural de l’Europe de l’Est, refuge d’abrutis congénitaux incapables d’aligner deux syllabes, de médecins louches et de policiers véreux. On ne peut pas reprocher au film son manque d’audace. Non content de mettre en scène un justicier transparent et un robuste androïde, Invisible : les aventures de Benjamin Knight multiplie les poursuites de voiture, les cascades explosives, les fusillades, les combats à l’épée, bref se révèle très généreux, même si le manque de moyens se fait toujours cruellement sentir. Bizarrement, de telles séquences, assorties à un argument de SF très récréatif, auraient dû logiquement s’adresser à un public large et familial, comme le laisse d’ailleurs entendre le titre du film axé sur l’aventure. Mais de nombreuses scènes montrent que le public visé est beaucoup plus adulte : de l’érotisme langoureux, le viol collectif d’une jeune femme kidnappée par Drago, des cadavres découpés dans une morgue et même un meurtre à la machette digne de Zombie ! Faute de parvenir à cibler correctement ses spectateurs, Invisible n’aura pas le succès escompté et sombrera dans l’oubli. Mandroid et Benjamin Knight arrêteront donc là leurs exploits, même si Charles Band espérait certainement tirer de ces super-justiciers d’autres suites, spin-offs et crossovers.
(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)
© Gilles Penso
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