DARK ANGEL – THE ASCENT (1994)

Une jolie démone décide de s’échapper de l’Enfer pour venir juger les péchés des humains sur Terre et punir ceux qui le méritent…

DARK ANGEL – THE ASCENT

 

1994 – USA

 

Réalisé par Linda Hassani

 

Avec Angela Featherstone, Daniel Markel, Mike Genovese, Michael C. Mahon, Milton James, Nicholas Worth, Charlotte Stewart, Cristina Stoica

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND

Alors qu’il est en train de tourner simultanément Puppet Master 4 et Puppet Master 5, Jeff Burr se prépare déjà à attaquer son prochain film pour le producteur Charles Band, un western de science-fiction baptisé Oblivion. Mais c’est finalement à Sam Irvin qu’est confié ce long-métrage. Comme lot de consolation, Burr se voit proposer Dark Angel – The Ascent, un projet singulier écrit par Matthew Bright, le scénariste de Forbidden Zone et Shrunken Heads. Malheureusement, le film met du temps à se concrétiser et le réalisateur préfère partir diriger Pumpkinhead II. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Dark Angel finit pourtant par redémarrer avec à sa tête la réalisatrice Linda Hassani, que son amie l’actrice Barbara Crampton présente à Charles Band. Trois petits mois de préparation, un budget anémique de 350 000 dollars, un tournage économique en Roumanie, une réalisatrice peu expérimentée : Dark Angel partait avec de sérieux handicaps. Il s’agit pourtant d’un des films les plus originaux, les plus audacieux et les plus intéressants produits par Full Moon. Certes, son manque de moyens saute aux yeux et une seconde couche aurait sans doute été souhaitable pour affiner le scénario de Bright, mais cette relecture singulière de Taxi Driver (avec une jeune démone qui remplacerait Robert de Niro) vaut vraiment le détour.

L’entrée en matière est un tableau dantesque vertigineux. Dans un ample décor volcanique incandescent qui semble issu d’une peinture primitive se pressent des foules gémissantes promises à toutes sortes de supplices par des démons zélés. « Jérôme Bosch et L’Échelle de Jacob ont été des sources d’inspiration majeures pour cette scène », raconte la réalisatrice. « J’ai également été influencée par les expressionnistes allemands Max Beckmann et Otto Dix, ainsi que par Sebastiao Salgado, le merveilleux photographe brésilien, et ses étonnantes photographies des mineurs de Serra Pelada. Nous avons filmé en pleine nuit à Buzau, en Roumanie, sur les volcans de boue de Berca. Tout a été tourné par notre merveilleux directeur de la photographie, Vivi Dragan, et la plupart du temps en lumière naturelle » (1). Mi horrifique mi humoristique, ce prologue étonnant nous fait découvrir Veronica Iscariot, une jeune démone qui souhaite s’échapper de l’Enfer pour aller rendre visite aux humains à la surface de la Terre. Son père, qui arrache méthodiquement les langues des âmes damnées, et sa mère, qui concocte des soupes avec des restes humains, s’opposent fermement à cette décision. Mais Veronica n’en fait qu’à sa tête et débarque dans notre monde où elle fait la rencontre d’un médecin dont elle s’éprend…

Hors normes

Bien sûr, le lien avec Taxi Driver reste assez distendu, même si les clins d’œil abondent, notamment ce moment surréaliste où l’héroïne emmène son futur petit ami voir un film pornographique en s’imaginant que c’est l’ingrédient idéal d’une soirée romantique. La démone calque surtout son comportement sur celui du chauffeur de taxi de Scorsese lorsqu’elle décide de débarrasser les rues des malfaiteurs et des racailles, jusqu’à s’en prendre au maire corrompu de la ville. Le film surprend agréablement par plusieurs de ses partis-pris artistique (notamment une splendide photographie), par l’interprétation tout en finesse d’Angela Featherstone (qui aurait clairement mérité une carrière plus éclatante) et par son équilibrage habile entre la comédie, l’horreur (le sang coule, les cœurs et les colonnes vertébrales s’arrachent, les cadavres se découpent) et une certaine approche philosophique généralement étrangère des productions Full Moon. Linda Hassani poursuivra une timide carrière de réalisatrice sans jamais retrouver cette alchimie presque miraculeuse. Dark Angel – The Ascent n’a rien d’un chef d’œuvre, certes, mais c’est un film hors-normes tombé dans l’oubli qui mérite amplement d’être exhumé et redécouvert.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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